20 ans du viaduc de Millau : quels ont été les impacts de l’ouvrage sur l’économie et le tourisme du Sud Aveyron ?

20 ans du viaduc de Millau : quels ont été les impacts de l'ouvrage sur l'économie et le tourisme du Sud Aveyron ?

Le viaduc a mis Millau sur la carte et continue d’être un élément fort du tourisme du Sud Aveyron. Midi Libre – B.C

D’abord décrié, le viaduc de Millau a permis au Sud-Aveyron d’attirer les touristes européens dans le sud du département. Mais cela s’est-il fait au détriment du centre-ville de la cité du gant ?

"Le viaduc, ça va tuer Millau", scandait une poignée d’hommes, de femmes et de politiques il y a plus de vingt ans, avant que le géant de la vallée ne prenne place dans le quotidien des Millavois. La crainte, notamment pour les commerces, était que plus personne ne passe par le centre, ne s’y arrête, et consomme.

Il faut dire que le "Bouchon de Millau" a profité à un certain nombre d’entre eux, notamment la Brasserie du Mandarous, située sur la place éponyme. Antoine Boubal, ancien patron des lieux, se souvient de l’affluence sur sa terrasse. "Avant le viaduc, on avait beaucoup de monde avec le bouchon. Les gens s’arrêtaient et consommaient, précise celui qui a pris sa retraite le 1er janvier dernier. On faisait un bon chiffre d’affaires."

Et pendant la construction ? "Les répercussions économiques étaient là, notamment avec les départs de bus touristiques de visite du chantier qui se faisaient juste devant. Ils étaient toujours complets !", rembobine Antoine Boubal, installé café en mains à une table de son ancien commerce.

Tourisme de chantier

Avant même son existence, le Viaduc a en effet attiré bon nombre de touristes. Près de 500 000 visiteurs pendant trois ans avaient suivi le chantier, débuté en décembre 2001 et achevé en décembre 2004. Et 130 000 s’étaient ajoutés à la liste sur les cinq derniers mois seulement.

Laetitia Raison-Robert, aujourd’hui directrice adjointe de l’office de tourisme de Millau grands causses, était à cette époque guide pour l’agence de voyages de Christian Combemale. Depuis le Mandarous, il envoyait des bus touristiques en direction du chantier pour découvrir au plus près l’ouvrage.

"Ces visites se sont mises en place dès les premières semaines de la construction. Je me souviens qu’au fur et à mesure, quand je montrais les piles, ma tête se levait de plus en plus, sourit l’ancienne guide. C’était vraiment un marqueur."

"Il ne dénature pas le paysage"

Certes le viaduc a su tirer profit de sa notoriété en proposant des visites atypiques, mais après son inauguration que s’est-il passé ? Le centre-ville de Millau a-t-il vraiment souffert de ce nouveau voisin ?

Pour Antoine Boubal, c’est clair : oui. "Au bout de quelques mois seulement on a vu la différence. Je le voyais au nombre de croissants que l'on vendait et à la terrasse qui n’était plus aussi remplie", raconte cet enfant du pays. Pour autant, il nuance son propos. "Il le fallait ce Viaduc. Il a totalement désenclavé la région. D’autant qu’il ne dénature pas le paysage."

Un paysage qui n’a pas perdu de sa splendeur, justement, dans un territoire où les gorges, les vallées et les randonnées sont nombreuses. Un attrait régional, suscitant, lui aussi, l’intérêt des touristes européens.

"Il a permis de positionner Millau sur une carte"

Du côté de la directrice adjointe de l’office de tourisme millavois, Laetitia Raisin-Robert, c'est certain : les grands causses attirent l’intérêt, n'ayant pas que le géant de béton à proposer. "Le viaduc a permis de faire connaître la ville, de la positionner sur une carte, et de dire que Millau ce n’est pas que le bouchon", plaide-t-elle.

Aujourd’hui, l’édifice continue d’attirer et les touristes viennent également dans le sud du département pour "son côté paysager et les activités de pleine nature que les gorges et les alentours ont à offrir", explique la spécialiste du tourisme.

Profiterait davantage aux alentours

Un constat que partage Anne Delagnes, gérante de la maroquinerie Jolain, place du Mandarous. "Je vois dans ma clientèle que ce n’est pas la même qu’avant, explique-t-elle. Les 4-5 premières années après l'inauguration on venait à Millau pour le viaduc. Aujourd’hui, on vient aussi pour les alentours de Millau."

Apportant une nuance quant à l'intérêt des touristes pour l'un des emblèmes millavois – à savoir le cuir – la commerçante précise qu'aujourd'hui, la clientèle qu'attirent Millau et ses alentours n'y prête pas grand intérêt.

"Avant, les gens venaient pour la ganterie et la pleine nature. Aujourd’hui, ils viennent surtout pour la pleine nature. Je le vois dans ma clientèle, ce n’est pas le même type d’achat parce que la mentalité est différente. Elle est moins intéressée, pour une question d’état d’esprit, par les objets de luxe et du cuir."

Le viaduc profite-t-il, alors, davantage à l'ensemble des causses plutôt qu'à l'unique ville de Millau ? En témoigne, sûrement, le nombre croissant de commerces dans les communes voisines. L’engouement que suscite ce qui est devenu le nouvel emblème millavois, reliant alors le plateau du Larzac au causse rouge grâce à l’A75, se répercute sur les sites sud-aveyronnais, comme les caves de Roquefort qui ont vu, ces dernières années, leur fréquentation bondir.

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