80 ANS DE MIDI LIBRE. “Nous voilà parmi les vainqueurs”, le 27 août 1944, le premier Midi Libre est publié

80 ANS DE MIDI LIBRE. "Nous voilà parmi les vainqueurs", le 27 août 1944, le premier Midi Libre est publié

À la fin du printemps 1945, une photo prise dans la cour du journal, rue d’Alger, à l’occasion du retour des camps nazis de Georges Campredon, ancien linotypiste à L’éclair et résistant (au premier plan avec une canne). À sa gauche, se trouve, Albert Marsal et au second rang, on reconnaît Jacques Bellon et Maurice Bujon. Archives Midi Libre – SYLVIE CAMBON

Créé par un groupe de résistants à la Libération, le quotidien régional est né dans les locaux de L’Eclair, au 12 de la rue d’Ager à Montpellier. Le 27 août 1944, le premier journal est publié à plus de 50 000 exemplaires.

L’histoire de Midi Libre commence au début de l’été 1944 à Limoux, dans l’Aude, dans la salle du café Négrail. Cinq clients discrets discutent à voix basse. Quelques jours après le Débarquement en Normandie, alors que les Allemands s’agitent, que le maquis se montre plus pressant, Jean Graille, Madeleine Rochette, son frère Georges Morguleff, François Vals et Jacques Bellon, tous résistants, imaginent déjà les contours d’un nouveau journal à Montpellier.

80 ANS DE MIDI LIBRE. "Nous voilà parmi les vainqueurs", le 27 août 1944, le premier Midi Libre est publié

La première Une d’une longue série…
La France sera bientôt libérée de l’Occupant et les cinq clients discrets ont déjà un nom en tête qu’ils chuchotent : Midi Libre. Une petite équipe rédactionnelle est créée, qui a été nommée par le comité régional de Libération, autour de Jacques Bellon. C’est un journaliste parisien, philosophe de formation que les hasards de la résistance ont amené dans le Languedoc.

Avant la guerre, il a été correspondant à Berlin et a assisté à la montée du nazisme. C’est un ancien de L’éclair, Albert Marsal, qui accueille Jacques Bellon à son arrivée rue d’Alger, dans les locaux du journal. Marsal a subi les épreuves de la guerre. Prisonnier, puis évadé, il s’est engagé à Montpellier dans la lutte contre l’Occupant et a été responsable du bureau de liaison et de transmission de la Résistance.

Sur les cendres de l’Éclair naît Midi Libre

Durant l’Occupation, deux journaux régionaux paraissent : L’Éclair, de la droite traditionaliste, et Le Petit Méridional, de la gauche républicaine. Ces publications sont étroitement surveillées par l’Occupant et les autorités de Vichy.

Le lundi 21 août, les deux titres éditent leurs derniers numéros, sanctionnés par l’application de la décision prise le 6 mai 1944, à Alger, par le comité de Libération nationale, devenu gouvernement provisoire de la République, pour punir "la presse de la trahison" et lui substituer une nouvelle presse issue de la Résistance.

En guise de transition, est lancée L’information du Languedoc qui disparaît au bout de quatre numéros. Ce 21 août, vers 8 h du matin, trois jeunes hommes pénètrent au 12 de la rue d’Alger, dans les locaux de L’Éclair. Les Allemands évacuent la ville…

Albert Marsal, chef d’un petit groupe de résistants, avec Francisque Bordonnat et Ernest de Varenne, déclare : "Je prends possession du journal au nom de la Résistance. Je vous demande de quitter le journal, de fermer vos bureaux et les coffres à clef et de vous tenir à disposition des nouvelles autorités."  Toute l’équipe s’exécute. Une nouvelle rédaction arrive aussitôt. Celle d’un nouveau journal, qui paraîtra le 27 août, Midi Libre.
 

C’est lui qui, le 21 août, se présente dans les bureaux de L’Éclair où il est reçu par Monsieur Azaïs, président du conseil d’administration. Il lui explique sans détour sa mission : prendre possession du journal et des locaux. Ce jour-là, aucun journal ne paraît dans la région. L’Éclair et Le Petit méridional ont tiré la veille leur dernier exemplaire.

Quelques jours plus tard, un petit comité prend sans violences mais armes au poing, possession des locaux et de l’imprimerie de L’éclair. Jacques Bellon, Lucien Roubaud et Madeleine Rochette, qui ont officialisé la veille leur mission en préfecture, investissent les lieux. L’Éclair n’a de toute façon pas le choix que de céder ses locaux et son imprimerie.

"Se consacrer à la recherche de la vérité"

Le comité français de Libération nationale, devenu entre-temps le gouvernement provisoire de la République, a voté une loi le 6 mai 1944 à Alger punissant "la presse de la trahison" et permettant de lui substituer une nouvelle presse issue de la Résistance. C’est Maurice Bujon, ancien journaliste au Petit Méridional, chef départemental adjoint des mouvements unis de la Résistance, qui avait été contraint de se cacher dans la Loire, avant d’être arrêté par la Gestapo, qui devient rédacteur en chef.

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Maurice Bujon.

Dans cette équipe rédactionnelle, Madeleine Rochette, qui a une formation scientifique, et qui créera le bureau de Paris. Ernest de Varenne ancien de L’Éclair qui a eu des démêlés avec la Gestapo, Jean Connillière ancien du Petit Méridional. S’ajoutent de jeunes rédacteurs : Jules Veran, Francis Vals, Pierre Pansanel, Jacques André, Émile Bessières, Marcel Cassagne.

Le 25 août, De Gaulle entre triomphalement à Paris. Le dimanche 27 août, le premier numéro de Midi Libre est publié avec pour titre de Une la phrase du général De Gaulle prononcée à Paris sous les acclamations : "Nous voilà parmi les vainqueurs " Ainsi né, imprimé sur un papier recto verso – pénurie oblige – le premier quotidien régional de la région Languedoc. Plus de 35 000 exemplaires sont tirés avec pour mention sous le titre Midi Libre, "Organe du comité régional du mouvement de libération nationale".

80 ANS DE MIDI LIBRE. "Nous voilà parmi les vainqueurs", le 27 août 1944, le premier Midi Libre est publié

Jacques Bellon. Midi Libre – ML

Jacques Bellon signe un premier éditorial dans lequel il promet des "de se consacrer à la recherche de la vérité : la liberté de la presse est rétablie et nous en userons dans l’intérêt général".

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