Depuis 38 ans, l’association Asphodèle fait revivre le prieuré médiéval Saint-Martin de Cèzas

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Depuis 38 ans, l’association Asphodèle fait revivre le prieuré médiéval Saint-Martin de Cèzas

La chapelle dans son écrin de verdure. Midi Libre – C.M.

Niché dans la verdure des montagnes cévenoles, le prieuré a été restauré, pierre après pierre depuis des décennies. Il est devenu un site culturel mais cherche à présent des fonds pour restaurer le dernier bâtiment pour en faire une résidence d’artiste.

Le prieuré médiéval Saint-Martin-de-Cézas est un petit paradis. Qui se mérite évidemment… On y accède par des petites routes étroites et sinueuses, depuis La Cadière-et-Cambo (D296) ou par Sumène (D317) via le joli col du Lac.

Ce mardi matin du mois d’août, comme tous les mardis matins de l’année "qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige", un joli noyau dur de bénévoles de l’association L’Asphodèle-Le prieuré se retrouve ici pour travailler à la restauration de ce site qui était à l’abandon depuis 1910. Avant de partager un repas en commun. Une tradition quasi immuable.

Ici, le temps se compte en mardi… 

"C’est un site magique ! Si on ne peut pas venir un mardi, on est malheureux" expliquent Thierry Dermilly et Roland Causse, qui travaillent à terminer un joli cheminement en pierre.

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Thierry et Roland, deux bénévoles passionnés qui travaillent à terminer un cheminement en pierre plus accessible pour les visiteurs. Midi Libre – C.M.

Ici, le temps se compte en mardi. "On en a encore pour une dizaine de mardis" estiment les deux retraités particulièrement engagés depuis une huitaine d’années. Comme eux avant, d’autres sont venus réhabiliter le prieuré. Plusieurs générations même puisque l’aventure de L’Asphodèle a débuté en 1986. 

Chaque bénévole apporte ses compétences

Chaque bénévole apporte ses compétences dans un domaine qui lui est propre : construction des murets, entretien de la végétation. Certains s’occupent plus particulièrement de la programmation culturelle. Un ancien boulanger a refait fonctionner le four à pain. Alain Chevillard, ancien avocat et professeur de droit à la faculté de Montpellier s’occupe lui de la partie juridique depuis plus de 20 ans. Thierry Trabut, Cévenol passionné d’histoire est le préposé aux visites guidées du site.

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Des bénévoles passionnés autour du président Vincent Gracy (deuxième en partant de la gauche). Midi Libre – C.M.

L’association a donc été créée dans les années 80 par Michel Proust et des habitants de Cézas, un village rattaché à la commune de Sumène dans les années 60. "Le village ne comptait alors plus que trois habitants" souligne Vincent Gracy, président actuel de l’association, "mais dans les années 60-70, des maisons ont été rachetées et rénovées. Ce sont ces habitants qui, les premiers, ont souhaité restaurer le prieuré. Aujourd’hui Cézas, est habité à l’année par une soixantaine d’habitants et autour de 200 l’été".

Vincent Gracy est le fils de Jacques Graçy, un des fondateurs de l’Asphodèle. "Mon père était architecte, il a refait tous les plans du site" explique le président.

Le sol de l'église éventré par des "chercheurs" de trésor… 

En 1986, le chantier s’avérait titanesque. Et il l’a été. Le site était totalement abandonné depuis le départ du dernier fermier en 1910. L’église avait, elle, été abandonnée bien avant, en 1869 car les habitants de Cézas, lassés de faire des kilomètres chaque dimanche, avaient obtenu la construction d’une église dans le village.

Le site avait quasiment disparu sous la végétation. Le presbytère, logement des prieurs et le bâtiment servant d’habitation au fermier et sa famille (un fonctionnement qui a perduré plusieurs siècles) étaient en ruine. La chapelle prenait l’eau par le toit. Les menuiseries des portes et fenêtres avaient été pillées, le sol avait été éventré. " Peut-être les gens cherchaient-ils un éventuel trésor" sourit Vincent Graçy.

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Vincent Andrieu expose ses croquis et carnets de voyage au sein de la vieille chapelle dans le cadre d’une exposition collective visible jusqu’au 28 août. Midi Libre – C.M.

Il fallait sans doute une bonne dose de folie pour s’attaquer à ce défi. Mais ils l’ont fait. Les mois de travail sont devenus des années puis des décennies. Les fils et les filles ont succédé aux parents. D’autres passionnés les ont rejoints au fil des ans. "Dans un premier temps, les bénévoles ont recherché des documents historiques, contacté les administrations qui avaient été propriétaires du lieu (ONF, commune…).

Histoire

Une adhérente, Jeannine Kirmann a retracé l’historique du site dans un petit ouvrage vendu sur place. Avec la difficulté liée au fait que l’église a été incendiée ainsi que de nombreux documents lors des guerres de religion. Le prieuré semble avoir été fondé au XIIe siècle par des moines cisterciens de l’abbaye de Sauve. Protégé par un détachement de Dragons de Louis XIV lors des guerres de religion, le prieuré n’a pu échapper au saccage des camisards lorsque les Dragons ont quitté le site.
Les habitants avaient ensuite enduit les murs pour effacer le noir des fumées. La chapelle a continué d’accueillir les paroissiens de Cézas jusqu’en 1867. Elle a ensuite été désacralisée.

Puis ils se sont attaqués aux premiers travaux, déblaiement, débroussaillage, consolidation des murets. Dans les années 90, grâce à la compréhension de la mairie de Sumène et un échange de parcelles avec l’ONF, un bail emphytéotique de 99 ans pour 1 franc symbolique a été signée entre la commune et l’association Asphodèle-Le Prieuré, devenue locataire du site.

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La chapelle avait été brûlée, pillée et le sol éventré. Elle accueille aujourd’hui des expositions. Midi Libre – C.M.

Sur les conseils de l’architecte des bâtiments de France, un escalier et une tribune ont été détruits en 1999 car ils menaçaient la structure des murs. Ils avaient été construits à la fin des guerres de religion pour les protestants forcés à redevenir catholiques, mais dont les catholiques continuant de se méfier. Le toit de lauze de l’église a ensuite été restauré grâce à des fonds publics.

Le site accueille des expositions, des concerts…  

"La plupart des travaux ont tous été effectués par nos bénévoles, sauf de gros travaux qui ont du être réalisés par des artisans ou des entreprises" souligne le président. Mais la question de trouver des fonds est une préoccupation permanente.

En 1997, EDF a raccordé gratuitement le site au réseau. La réhabilitation de l’ancien bâtiment de ferme s’est faite à son tour. Les bénévoles découvrent un réseau ingénieux de récupération d’eau des toits et de quatre citernes d’eau. 

Autour de l’église, les espaces sont aménagés dont de belles terrasses pour les apéritifs après les spectacles. Un petit cimetière paisible, couvert de jonquilles au printemps, accueille encore les habitants de Cézas pour leur repos éternel.

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Derrière la chapelle, un petit cimetière. Midi Libre – C.M.

Les améliorations se poursuivent au fil des ans : des vitraux réalisés par Agnès Moreau, vitrailliste à Valleraugue, ont été posés récemment. Ils ont été inaugurés en même temps que la calade, un chemin ancien de pierre reliant Cézas à Saint-Hippolyte, retrouvée par les bénévoles sous une épaisse couche de terre et de végétation. Cela a pris trois ans (150 mardis donc…).

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Les bénévoles ont retrouvé et remis au jour un très ancien chemin. Une belle calade enfouie sous la terre et la végétation qui revit grâce à eux. Midi Libre – C.M.

"Un travail de titan" souffle un bénévole. Le résultat est bluffant. Comme tout le reste…

Un projet de résidence d’artiste

La dernière réalisation en date de l’association est la création d’une salle de spectacle en plein air, avec des bancs découpés dans des rondins de bois. Un cadre enchanteur qui enchante d’ailleurs autant les artistes que le public.

Il reste actuellement un bâtiment en ruine à réhabiliter : le presbytère, totalement effondré. L’association a fait faire une étude et un devis par un architecte du Vigan pour un projet qui lui tient à cœur : une résidence d’artiste.

"On souhaiterait des petites chambres rappelant des cellules monastiques et en rez-de-chaussée un petit musée avec tout ce qu’on a trouvé sur le site notamment des vieux outils" explique Vincent Gracy. Mais le coût est conséquent : 300 000 €. Si l’association peut compter sur la mobilisation de sa centaine de bénévoles ou l’achat de livres par les visiteurs, il est bien évident qu’une telle somme ne pourra pas être réunie de cette façon. Alors l’association va s’atteler à monter des dossiers pour mieux se faire connaître, montrer l’ampleur des travaux déjà réalisés et voir si elle peut bénéficier d’aides de la part de fondations, structures ou pouvoirs publics.

Depuis les années 2000 le Prieuré est devenu un site culturel. Il accueille actuellement une exposition d’une dizaine d’artistes (photos, dessins, peintures…) d’une même famille : "l’école de Cézas".

"Mes parents ont acheté une maison à Cézas au début des années 60. C’était la seule qui avait encore un toit et c’était l’école. J’avais la coqueluche et les médecins avaient dit qu’il fallait du bon air… " se souvient Bertrand Le Boudec, un des exposants. Des œuvres réalisées par Janine et Lucien Le Boudec, ses parents aujourd’hui décédés, y sont également exposées mais aussi des œuvres de plusieurs membres de la famille enfants, cousins… Dont Vincent Andrieu, dessinateur qui expose au sein de la chapelle, dessins et carnets de voyage.

L’exposition est visible tous les séjours de 17 h à 19 h 30. L’entrée est libre.

À noter également un concert de musique du monde dimanche 25 août à 17 h avec le groupe Teriya Silo et une mise en lumière d’un instrument emblématique de la musique traditionnelle africaine : la kora. Accueil du public à partir de 16 h. 12 € (pas de carte bleue).

Le prieuré proposera ensuite un concert le dimanche 15 septembre à 17 h de Yanin Saavedra (12 €) lors du week-end des journées européennes du patrimoine (portes ouvertes de 11 h à 19 h samedi 14 et dimanche 15 septembre).

Site web : http://asphodeleleprieure.fr
Facebook : asphodeleprieure.

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Bertrand Le Boudec, un des exposants de “l’école de Cézas”. Midi Libre – C.M.

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