“Une folie meurtrière” : 198 personnes ont été exécutées en 2024 par l’Arabie saoudite, un record depuis plus de 30 ans

L'Arabie saoudite a exécuté 198 personnes en 2024 selon un décompte de l'AFP basé sur des médias officiels, après la mort de trois prisonniers annoncée ce samedi 27 septembre 2024 par l'agence de presse officielle saoudienne, un record en plus de trente ans.

L'Arabie saoudite est le pays qui a exécuté le plus de prisonniers au monde en 2023 après la Chine et l'Iran, selon l'ONG Amnesty International, qui comptabilise depuis 1990 les exécutions dans cette riche monarchie du Golfe suivant une application rigoriste de la loi islamique.

D'après la même source, le précédent record était de 196 exécutions en 2022.

"Un mépris effrayant pour la vie humaine"

Amnesty International a accusé samedi les autorités saoudiennes de "se livrer à une folie meurtrière", confirmant 198 exécutions dans la monarchie du Golfe depuis le début de l'année, selon son propre bilan.

L'application de la peine de mort par Ryad a été critiquée à de nombreuses reprises, des groupes de défense des droits humains la considérant excessive et en décalage avec les efforts affichés par l'Arabie saoudite pour présenter à l'international une image moderne et réformiste.

Agnes Callamard, secrétaire générale de l'organisation, a estimé que Ryad affichait "un mépris effrayant pour la vie humaine tout en menant une campagne vide de sens pour redorer son image".

Elle a exhorté l'Arabie saoudite à "instaurer immédiatement un moratoire sur les exécutions et à ordonner que les condamnés à mort soient rejugés conformément aux normes internationales, sans recourir à la peine de mort".

Jeed Basyouni, directeur Moyen-Orient de Reprieve, une ONG qui fait campagne contre la peine de mort, estime que ce nouveau record montre que "l'Arabie saoudite a renoncé à faire semblant de réformer son utilisation de la peine de mort".

"Les promesses récentes ne se sont pas matérialisées, soit ont été inversées", a-t-il poursuivi. Selon M. Basyouni, la pression occidentale sur l'Arabie saoudite a "baissé de façon significative ces dernières années", Ryad se sentant "libre de se comporter comme il le souhaite".

Les exécutions en "forte augmentation" 

En 2024, l'Arabie saoudite a exécuté 52 personnes condamnées pour des affaires de stupéfiants et 32 pour terrorisme, selon le décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Si les chiffres précédant 1990 ne sont pas clairs, la plus grande exécution de masse date de mars 2022, quand 81 personnes avaient été mises à mort en un jour.

Selon Ryad, l'utilisation de la peine de mort est nécessaire pour "maintenir l'ordre public" et les peines ne sont appliquées seulement si "les accusés avaient épuisé tous les recours".

Ce nombre toujours aussi élevé d'exécutions contredit les déclarations du prince héritier et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assurant à la revue américaine The Atlantic en 2022 que son royaume avait éliminé la peine de mort, sauf pour les criminels ou les individus mettant des vies en danger.

Ce nouveau record d'exécutions intervient sur fond d'une hausse de condamnations à mort dans des affaires de drogue.

En septembre, 31 organisations arabes et internationales de défense des droits humains ont dénoncé ensemble une "forte augmentation" des exécutions de condamnés dans des affaires de drogue, tandis qu'en 2022, les Nations unies avaient appelé les autorités saoudiennes à "mettre un terme à l'application de la peine de mort dans ces cas".

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