“À chaque représentation, je voyais l’ourson qui avait peur”, le cirque Phénix sans animaux à Montpellier
|Alain Pacherie à la tête du cirque Phénix qui propose les Jeux du cirque, un clin d’œil au monde du sport – Laurent Bugnet
Les étoiles du cirque de Pékin accomplissent des prouesses dans “Les jeux du cirque”
pit-stop réussi pour circassiennes des étoiles du cirque de Pékin
Alain Pacherie dirige le cirque Phénix. Avec "Les jeux du cirque", vendredi 9 février au Zénith, les étoiles du cirque de Pékin rendent hommage à l'univers du sport et des sportifs.
Avec les "Jeux du cirque", nouveau spectacle du cirque Phenix, vous avez voulu rendre un hommage aux sportifs. C’est le clin d’œil au JO de Paris ?
C'est un clin d'œil aux sportifs en général mais on ne peut pas, ne pas évoquer les JO de Paris 2024 dans le spectacle. Le fond de scène, ce sont les pieds de la tour Eiffel. Le premier tableau, ce sont les artistes et sportifs qui arrivent en tenues de ville avec leurs valises. Des artistes jonglent avec les pieds mais avec des ombrelles qui sont les drapeaux des Jeux olympiques. On fait des hommages à d'autres disciplines sportives. Le numéro de diabolo est inspiré des pom-pom girls. On n'est plus dans les JO. Il y a un numéro qui évoque l'alpinisme, un autre la gymnastique ou le cyclisme. Il y a même un numéro qui évoque la Formule 1.
Quel lien peut-on faire entre circassien et sportif de haut niveau ? C'est la performance ?
Oui. Mais c'est aussi la perfection. On peut aussi dire que beaucoup d'artistes de haut niveau qui prennent leur retraite se reconvertissent dans le cirque.
Le circassien est moins limité par son âge pour réaliser des performances ?
Le circassien peut aller plus loin. Il peut garder un très bon numéro en supprimant la figure la plus difficile. J'ai des acrobates dans un autre spectacle qui ont 42 ans et qui sont formidables. Ils font leur numéro de porté acrobatique à la perfection. Mais cela dépend de chaque individu.
Vous avez composé ce nouveau spectacle avec les étoiles du cirque de Pekin. Pour vous ce sont les meilleurs ?
Ce sont les Chinois qui ont inventé l'acrobatie il y a 5 000 ans. En Chine, il y a 120 écoles de cirque professionnelles et plus de 2 000 artistes. Et là-bas, dans leur formation, ils apprennent toutes les disciplines, la jonglerie, l'acrobatie, la voltige, l'aérien, et ensuite, en fonction des capacités de chacun, ils se dirigent plus ou moins vers une discipline. Cela permet, quand on a un numéro de jonglerie comme celui de notre spectacle, d'avoir 18 artistes en scène.
Quels sont les critères pour sélectionner un circassien ?
Il faut qu'il me touche. Parfois, une seule figure suffit. Je sais ensuite comment on va pouvoir retravailler son numéro pour qu'il soit exceptionnel. C'est parfois contre l'avis de mes équipes. Dans mes spectacles, je cherche à toucher le public de toutes les générations.
Il y a douze tableaux, pour autant de disciplines sportives. Comment s’est fait le choix de celles-ci ?
Ça a été un travail assez difficile, parce qu'il fallait trouver à la fois des disciplines que les artistes de cirque pouvaient proposer et puis aussi avoir différents tableaux.
Pour figurer la natation, les interprètes sont en l’air, sur des mâts pendulaires ?
On a fait un mix de deux choses.
Il n’y a pas de lancer du poids ou du javelot mais du jonglage ?
Il n'y a pas de lancer du poids mais des météores qu'on lance en l'air et qu'on rattrape, etc. C'est vraiment très varié. Mais après avoir dépassé les 300 000 spectateurs à Paris, c'est un spectacle qui plaît beaucoup au public. Un vrai divertissement, tout en étant performant, avec de l'émotion.
Vous annoncez un numéro de vélo acrobatique, jamais vu auparavant ?
On a six jeunes filles qui ont chacune leur vélo. Mais après, elles font des pyramides sur les vélos, des acrobaties, et elles gardent toujours le sourire. On a l'impression que c'est très facile, alors que c'est très difficile, surtout quand vous êtes trois sur le vélo.
Le numéro de vélo acrobatique réalisé par Les étoiles du cirque de Pékin
Il n’y a pas d’animaux dans les jeux du cirque, mais nous en verrons quand même, vous avez une astuce.
Il y a le dragon, les lions chinois et des petits surprises à découvrir. On a pris Tonton ballon de " La France à un incroyable talent". On lui a demandé de nous fabriquer des animaux en ballons de baudruche recyclables.
Que pensez-vous de la décision de la ville de Montpellier d’interdire l’installation de cirques avec des animaux sur les emplacements publics ?
Jusqu'en 2002, j'ai eu des animaux dans mon cirque. Ensuite, j'ai arrêté, car je trouvais que ce n'était pas leur place. J'avais envie de faire un choix artistique différent. Dans ce dernier spectacle avec animaux, j'avais un ourson cosaque. C'était spectaculaire. Il avait beaucoup de succès mais à chaque représentation, je voyais l'ourson qui avait peur. Donc à la suite de ce spectacle, il n'y a plus eu d'animaux dans mes spectacles. Mais il y a une loi qui a été votée et qui permet aux cirques d'avoir des animaux sauvages jusqu'en 2028, pour que les gens aient le temps de trouver des hébergements pour leurs animaux. Après, la décision appartient à la ville de Montpellier, et je ne m'y oppose pas évidemment, je suis d'accord avec cette politique mais ceux qui ont encore des animaux doivent bien les faire manger et continuer à travailler.
Vous ne portez pas un nom de famille de cirque comme Bouglione, Gruss ou encore Zavatta. Comment vous êtes-vous imposé dans l’univers du cirque ?
J'ai eu la chance de rencontrer Annie Fratellini dans les années 80. Je travaillais déjà avec des artistes de cirque mais en faisant des galas dans les salles. Elle m'a fait découvrir un cirque différent de ce qui existait. Elle avait des violoncelles qui accompagnaient des acrobates. Il y avait un seul animal dans son spectacle, c'était un âne. J'ai été très touché par cette forme de spectacle et j'ai eu envie de la développer mes propres spectacles.
Les Jeux du Cirque par Les étoiles du cirque de Pékin. Vendredi 9 février à 20 h. Zénith Sud, 2 733 avenue Albert Einstein, Montpellier. Tarif : 33 à 60 €. Je m’abonne pour lire la suite