Abdelkrim Grini, procureur de la République d’Alès : “Je suis pour la fermeté et je le revendique”
|ABDELKRIM GRINI PROCUREUR DE LA REPUBLIQUE DU TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE D ALES Midi Libre – ALEXIS BETHUNE
Le magistrat, originaire de La Paillade à Montpellier connaît déjà la juridiction.
"Je connais bien la juridiction, j’y suis venu plaider comme avocat, se remémore le nouveau procureur d’Alès, Abdelkrim Grini. Lorsque j’étais substitut placé auprès du procureur général, J’ai travaillé avec trois de mes prédécesseurs. J’ai plaisir à revenir dans les Cévennes. C’est un poste que j’ai souhaité, demandé et obtenu."
En 2014, le procureur Grini a notamment requis lors de l’affaire des arrachages de distributeurs automatiques de billets.
Ce retour aux affaires à Alès permet aussi à ce natif du quartier de la Paillade, à Montpellier de se rapprocher de sa famille, toujours dans le quartier. "Je suis réactif et ferme, c’est ma marque de fabrique, appuie Abdelkrim Grini. J’ai le sens des réalités. J’ai vu, côtoyé, puisque je suis originaire d’un quartier difficile, une forme de délinquance qui impose la fermeté. Je pense notamment à la délinquance violente, réitérante."
Le parquet d’Alès va être renforcé prochainement
Le procureur martèle son leitmotiv : "Je suis dans la fermeté, je le revendique. On ne peut pas céder un pouce de terrain. Je m’y refuse. Pour autant, je conserve le sens de la prévention et du discernement, avec réactivité. J’ai une conception de l’action publique traditionnelle, mais qui reste en phase avec l’actualité."
Sitôt arrivé dans son nouveau poste, après cinq années à la tête du parquet de Roanne (Loire), Abdelkrim Grini s’est mis au travail et a reçu une bonne nouvelle : "Avec la création de 1 500 postes de nouveaux magistrats d’ici 2027, le parquet d’Alès va être renforcé. C’est la bonne nouvelle. Ça fait partie des moyens mis en œuvre par le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti."
En effet, le parquet d’Alès, avec seulement trois magistrats doit traiter plus de 13 000 plaintes, pour plus de 1 500 affaires poursuivies, un nombre croissant de comparutions immédiates, les défèrements, les audiences… est à flux plus que tendu. L’arrivée d’un nouveau parquetier ne sera donc pas un luxe dans une juridiction où la délinquance est soutenue.
Les délais de jugement sont au cœur de la réflexion du magistrat. "Au sujet de l’audiencement, je suis en train d’effectuer un état des lieux. J’ai déjà quelques pistes de travail. Il faut qu’on parvienne à réduire les délais pour que les justiciables soient jugés. C’est une priorité à laquelle je me suis attaché depuis mon arrivée."
Le procureur définit sa politique pénale : "Les priorités sont nombreuses et sont classiques. On va poursuivre l’effort sur les violences intrafamiliales et les violences faites aux femmes, le trafic de stupéfiants, la lutte contre les cambriolages, les violences contre les corps constitués, que ce soit les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers, les enseignants, les accidents routiers, les atteintes à l’environnement… Il y a du pain sur la planche !"
Avocat de l’un des terroristes du 11 septembre 2001
Jeune avocat issu du quartier de la Paillade, Abdelkrim Grini a participé à des opérations de “testing” à l’entrée d’établissements de nuit.
À l’issue d’une procédure aussi longue que fastidieuse, la loi a connu des changements significatifs quant à la lutte contre la discrimination à l’entrée des boîtes de nuit de Montpellier. "C’est une réelle fierté d’avoir, avec mes amis, fait évoluer la jurisprudence. C’est plus efficace que d’aller casser des vitrines ou brûler des véhicules."
Autre moment fort dans les 13 ans de barre de l’ancien avocat, la défense, dans le volet français, du Montpelliérain Zacarias Moussaoui, accusé d’être le 20e terroriste qui aurait dû se trouver à bord des avions qui se sont écrasés à New York le 11 septembre.
En 2011, Abdelkrim Grini débarque au parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) après avoir abandonné sa robe d’avocat. "Avocat, c’est s’ériger contre l’injustice. Défendre des intérêts privés. J’ai préféré défendre l’intérêt général. C’est une fierté car je n’oublie pas d’où je viens. Je suis fils d’immigré marocain. Je rends à mon pays ce qu’il m’a donné. Et on m’a beaucoup donné."
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