Agriculteurs en colère : Vincent Brunet, vigneron, “qu’est-ce que je vais laisser à mes enfants ?”

Agriculteurs en colère : Vincent Brunet, vigneron, "qu’est-ce que je vais laisser à mes enfants ?"

Vincent Brunet, vigneron à Causses-et-Veyran, est inquiet quant à la transmission de la terre à son fils Silvio. G. R.

Vincent Brunet et son fils Silvio, viticulteurs à Causses-et-Veyran, étaient parties prenantes de la manifestation des agriculteurs en colère, ce vendredi 26 janvier. Rencontre devant la préfecture de Montpellier où le père évoque ses doutes sur la transmission de son métier à son fils.

L’émotion perce dans la voix de Vincent Brunet, lorsqu’il parle de son fils Silvio. "Il a dix-sept ans, il part bosser à 4 h du matin, c’est un des derniers jeunes qui fait ça. Mais qu’est-ce que je vais laisser à mes enfants ?"

"Je me suis installé en 2000, explique le vigneron âgé de 44 ans. J’ai travaillé deux ans et il y a eu la crise. Mon père a arraché vingt hectares. Je suis parti travailler en tant que salarié pendant neuf ans, parce qu’on ne pouvait pas vivre à deux de la vigne".

Le problème de l'eau

"Aujourd’hui, on a une quarantaine d’hectares qu’on irrigue, mais les années où il ne pleut pas, c’est dur. Avec la baisse des rendements, je me demande jusqu’à quand les banques et les assurances vont nous suivre".

Silvio, lui, a déjà la vocation. "J’ai grandi parmi les tracteurs et la vigne, et je veux reprendre l’exploitation familiale. Mais quand on voit les récoltes diminuer et des années où il ne pleut quasiment pas, on se demande où va l’agriculture et ce qu’on va faire. Je comprends l’inquiétude de mon père. Il se tue au travail pour des rendements qui ne cessent de baisser…"

"Dix ans qu’on n’avait pas pris de vacances"

"Mon fils, je vais faire en sorte qu’il ait un BTS et un bagage pour être chef quelque part, reprend Vincent. Cette année, c’est le bac, puis le BTS et on verra comment ça roule. La transmission ? On va voir si notre cave coopérative et le Crédit Agricole nous suivent. Jusqu’à présent, ils ont toujours été derrière nous…"

Au fond, Vincent espère que son fils aura une autre vie que la sienne. "On a passé des années sans aller au restaurant avec ma femme. Cette année, on s’est payés quatre jours en vacances. Ça faisait dix ans qu’on n’était pas partis…"

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