Assises de la proximité : en ruralité, la santé ne se porte pas très bien !
|Olivier Biscaye, directeur de la rédaction, a animé l’ensemble des tables rondes de la matinée. Midi Libre – Alexis Béthune
Déserts médicaux, projets qui n'aboutissent pas, les territoires ruraux sont confrontés à des difficultés, sujets d'échanges aux Assises de la proximité organisées par Midi Libre ce jeudi matin à La Grand-Combe, dans le Gard.
Qui n'est pas en situation de désert médical de nos jours ? Les élus et intervenants présents aux Assises de la proximité et de la ruralité organisées ce jeudi matin, à La Grand-Combe, sont tous confrontés au déficit de médecins et de soignants sur leur territoire. Y compris une grosse structure comme l'hôpital public d'Alès. Selon Jean-François Lauze, président de la commission médicale d'établissement : "Sur le bassin alésien, on estime que 10 000 personnes sont sans médecin traitant".
L'hôpital public connaît la pénurie également, son service d'urgence compte 18 médecins en équivalent temps plein quand l'effectif cible est de 22-23. "La gestion des flux est l'un de nos grands défis. L'établissement a été prévu pour 25 000 passages, on en sera à 50 000 d'ici la fin de l'année." L'indispensable complémentarité avec le CHU de Nîmes prend corps peu à peu : "Notre groupement hospitalier de territoire se met en place, notre objectif est bien la continuité et la qualité des soins, des Cévennes à la Camargue". Si le déficit en pneumologie n'est pas réglé, la crise dans les services de gynécologie a pu l'être grâce à ces liens Nîmes-Alès.
Attirer des soignants
Comment attirer des soignants vers la capitale des Cévennes gardoises, c'est le travail du directeur des affaires générales Pascal Westrelin. "Nous mettons en avant ce travail en équipe, et bien sûr la qualité de vie du territoire, le prix du mètre carré moins cher que dans les grandes villes, l'accès à la nature à deux pas, les facilités d'une ville comme Alès. Pour paraphraser Michel Rocard, j'ai envie de dire que l'hôpital n'a pas à aménager le territoire, mais il doit faire sa part."
Jean-François Lauze préside la commission médicale d'établissement de l'Hôpital d'Alès. Midi Libre – ALEXIS BETHUNE
La direction de l'hôpital aimerait bien faire sa part dans la renaissance de l'hôpital de Ponteils, en Haute-Cévennes, mais le dossier avance peu. "Un site fabuleux" selon Jean-François Lauze, "il serait temps de le réhabiliter tout en gardant son cachet ancien, pour en faire un site de soins de suite et de réadaptation, une sorte de filière aval de nos activités".
Claire Le Guennou, d'origine alésienne et de retour après plusieurs années à Marseille, porte un projet innovant de création d'un pôle pédiatrique. Trop nouveau sans doute, ou pas assez médico-centré, le projet patine. "L'agence régionale de santé nous a refusé le statut de maison de santé pluridisciplinaire pédiatrique, donc on n'avance pas car une certaine rigidité administrative empêche d'aboutir".
Claire Le Guennou, pédiatre, est revenue à Alès sa ville de naissance. Midi Libre – ALEXIS BETHUNE
Du sur-mesure pour la ruralité
Dans la communauté de communes De Cèze Cévennes, autour de Saint-Ambroix, Olivier Martin a eu, lui, l'idée d'une maison de santé multisites. "On est dans la séduction, nous les maires. Je suis maire de Gagnières, eh bien pour convaincre un nouveau docteur de s'installer, j'ai sorti tous les arguments du cadre de vie ! Et c'est finalement le conjoint que j'ai convaincu. Mais nous ne sommes pas des kamikazes et nous devons veiller à l'équilibre financier des projets, quand on nous promet de la simplification administrative, je ne vois pas où elle est. Or je pense qu'il nous faudrait des outils spécifiques pour la ruralité, du sur-mesure."
Olivier Martin est président de la communauté de communes De Cèze Cévennes et maire de Gagnières. Midi Libre – ALEXIS BETHUNE
Pas exactement du sur-mesure, mais un vrai coup de pouce proposé par Thomas Janik, de la Banque Populaire du Sud avec un Prêt zéro désert médical, lancé le 29 février : "Nous octroyons 20 000 € à taux zéro, pour des professionnels de santé qui s'installeraient ou se développeraient dans un désert médical". Même discours très constructif de Jonathan Pejout, d'Audition conseil. "Les acteurs du paramédical sont très présents en zone rurale, avec une forte activité de prévention. Nous sommes rarement sollicités par les collectivités alors que nous pouvons être une force d'appui."
La question de la prévention fait réagir le docteur Le Guennou. "C'est le parent pauvre de nos politiques de santé, or pour cela il faut des lieux en proximité, de l'aller-vers… Mais si je dépiste un trouble du langage chez un enfant et qu'avoir un suivi par un orthophoniste prend deux ans, c'est un problème. On en revient à la question des moyens."
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