Au Pont de Gau, paradis des oiseaux, de la saison des amours à la nidification
|Le héron cendré et ses petits. Les aller-retours sont nombreux. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Vol de flamants roses au-dessus des étangs. Ils peuvent parcourir 80 km par jour. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
L’ibis falcinelle sonde le marais à la recherche de vers, larves, petits crustacés… Midi Libre – MiKAEL ANISSET
La meilleure défense, c’est l’attaque. Pour empêcher le goéland de s’approcher de son nid, l’échasse pratique la technique du harcèlement : on le poursuit pour l’empêcher de se poser. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Voici la version printemps de la mouette rieuse, avec sa tête chocolatée. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Les flamants roses. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, le parc ornithologique du Pont de Gau accueille, sur 60 ha, des milliers d’oiseaux. En période de nidification, l’activité est intense.
Nourrir ses progénitures. En ce milieu de printemps, c’est une obsession. Dans le parc ornithologique du Pont-de-Gau, aux Saintes-Maries-de-la Mer, l’ibis falcinelle sonde frénétiquement le fond de l’étang. « Il n’est pas vraiment en vacances Il doit nourrir les petits », explique Frédéric Lamouroux, directeur du parc.
En ce milieu de printemps, après le temps des migrations et la période d’accouplement, les oiseaux se posent. Faire son nid, pondre… trouver de quoi remplir l’estomac des nouveaux nés. Le travail est intense.
"Ici, en Camargue, c’est un peu l’auberge espagnole, une station service où tout le monde peut trouver sa ressource alimentaire prioritaire et se constituer un habitat. En France, c’est la zone la plus riche en nombre d’espèces. On en compte 400 à l’année, dont 170 environ qui s’y établissent."
Nourrissage
Le Pont de Gau, site aménagé depuis trois générations, entre marais et îlots, est un paradis pour les ibis, échasses, spatules, hérons, guêpiers mais aussi tadornes de belon (gros canards côtiers) ou des espèces plus menacées comme la sterne naine.
En cette fin de journée, où seuls les photographes en quête de clichés animaliers traînent encore en bordure d’étangs, chacun s’affaire à sa tâche. Certains fignolent leur nid. "Chez le héron, c’est le mâle qui ramène les brindilles, les offre à la femelle… qui les place." Mais une fois les œufs éclos, le boulot se transforme en nourrissage intensif. Un héron cendré vient nourrir ses petits. Ils ont un côté punk ceux-là, avec leur sorte de crête hérissée sur la tête, et les cris de crécelle qu’ils poussent pour réclamer leur dû.
"Les poussins doivent avoir entre 15 et 20 jours, estime Frédéric Lamouroux. Le héron régurgite ce qu’il a trouvé – poisson, rongeurs, grenouilles ou serpents –… Il ouvre son bec et les petits se servent. Pour certains oiseaux, c’est beaucoup de travail. Les aigrettes, par exemple, peuvent faire dix voyages par jour pour nourrir leurs petits. Les hérons doivent être à peu près sur la même fréquence."
Les échasses, elles non plus, n’ont pas le temps de buller. Il faut sauver la couvée du goéland qui rode. S’il la découvre, ce sera un carnage ! "Regardez celle-là. Elle poursuit le goéland pour qu’il renonce. Il ne faut pas qu’il puisse se poser."
Dans le ciel, deux flamants volent ensemble. Une femelle, un mâle.
"La prospection n’est pas tout à fait terminée", remarque Frédéric. Les flamants iront ensuite pondre et couver du côté des îlots des Salins d’Aigues-Mortes, où ils se sentent davantage en sécurité, dans des zones peu végétalisées où l’on peut voir au loin.
Ici, au Pont de Gau, certaines espèces qui avaient quasiment disparu du paysage ont pu, depuis, largement se développer. Le tout sans exclure pour autant l’homme du paysage, bien au contraire ! "Si les gens voient des scènes comme celles-là, ils seront plus attentifs à ce qui les entoure", parie Frédéric Lamouroux.
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