“Ça a déjà trop duré ! C’est irresponsable”, estime Lucie Castets à Montpellier avant la nomination du nouveau Premier ministre

Lucie Castets et Michaël Delafosse, ce samedi matin, place de la Comédie, juste avant qu’elle n’aille prendre son train. Th. J. – Midi Libre

Lucie Castets a passé 24 heures à Montpellier, invitée par le Parti communiste qui est, ce week-end, réuni au Corum en université d’été. Alors c’est elle, la future cheffe du gouvernement ?

Doit-on dire Madame le Premier ministre ou Madame la Première ministre ?

Madame la Première ministre. Comme je suis pour dire Madame la maire.

Selon vous, à quoi joue le président de la République ?

Il fait un casting. Il a reconnu hier (vendredi, NDLR), le fait que les Français ont envoyé un signal clair : une attente de rupture dans les politiques mises en œuvre. C’est bien mais c’est insuffisant, il a toujours la tentation de construire lui-même son propre gouvernement. Ça ne fonctionne pas comme ça. Les institutions ne fonctionnent pas comme ça, ne lui en déplaise. Aujourd’hui, il n’y a pas de majorité absolue mais le Nouveau Front populaire est la première force politique, Le Nouveau Front populaire a gagné les élections.

Comment alors avez-vous vécu la rumeur et le nom insistant de Xavier Bertrand ?

Je ne commente pas sur les noms individuels…

Dans l’opinion publique, c’était en tout cas incompréhensible…

Oui, bien sûr. C’était totalement contradictoire avec le fait que les Français attendent un changement politique. C’est l’enseignement que l’on doit tirer des élections. Et le Président manifestement partage aujourd’hui ce constat. Je choisis de le croire. Ce message est réel.

Pourtant votre nom circule depuis plusieurs mois, depuis avant les Jeux Olympiques, mais vous n’êtes toujours pas nommée.

Le président de la République semble avoir la tentation de composer son gouvernement comme il le souhaite. Il ne se conforme pas à la logique institutionnelle qui est de désigner un Premier ministre ou une Première ministre issu de la force en tête et ensuite laisser ce Premier ministre ou cette Première ministre former un gouvernement avec des discussions et le respect des institutions.

Avec qui allez-vous composer votre gouvernement ?

Pour l’instant, on fait le gouvernement avec l’ensemble des forces politiques du Nouveau front populaire. Quand je dis pour l’instant c’est parce que, bien évidemment, nous sommes en train de réfléchir à l’élargissement à la société civile. Je suis moi-même issue de la société civile, c’est très important pour moi. Elle a contribué à faire gagner le NFP et à faire barrage au RN. Ça me tient énormément à cœur et ça fait partie de mes engagements depuis de nombreuses années. Ensuite, on engage le gouvernement sur une ligne politique claire et si des personnes au-delà du Nouveau Front populaire sont prêtes à mettre en œuvre cette ligne politique, on travaillera avec toutes les bonnes volontés.

Et un gouvernement technique plutôt que politique ?

En fait tout est politique. La technique, c’est politique. Le Président a essayé de nous faire croire que la solution est seulement technique. Dans la vie politique, il y a des gagnants et des perdants. Aujourd’hui, les perdants sont les Français qui n’arrivent pas à vivre de leur travail par exemple. Le budget est un acte extrêmement technique mais, au fond, c’est avant tout un acte politique : le budget, le financement des services publics, des aides sociales, le soutien de filières plus vertes, d’une politique industrielle ambitieuse… Tout ça, c’est de la politique, ce n’est pas de la technique. La technique, c’est le moyen.

Quand pensez-vous être nommée ? Lundi, mardi, mercredi ? En fin de semaine ?

Je vous laisse poser la question au Président.

Il n’y a plus d’autre nom que le votre qui circule aujourd’hui. Vous attendez-vous à être nommée ?

Ah oui, en tout cas, on s’y prépare. C’est la logique institutionnelle. Ça a déjà trop duré ! Et c’est très important de le dire. C’est irresponsable de laisser les Français sans gouvernement. Aujourd’hui, on a un gouvernement qui est démissionnaire et gère uniquement les affaires courantes. Il faut notamment préparer un budget pour la France. C’est éminemment politique et il n’y a personne pour dessiner les contours de ce budget-là. C’est inadmissible démocratiquement.

Tutoiement et bise de rigueur entre Michaël Delafosse et Lucie Castets. Th. J. – Midi Libre

Michaël Delafosse : “Jupiter, c’est loin et ça fait beaucoup de mal”

Installés sur la terrasse du café de l’Esplanade, Lucie Castets et Michaël Delafosse échangent. Le maire de Montpellier affiche clairement son soutien à celle qui est pressentie pour être la prochaine Première ministre. Tutoiement et bise de rigueur.

Michaël Delafosse : "Au-delà du fait que Lucie Castets a le plus grand nombre de députés derrière elle, je la soutiens parce qu’elle est légitime à fonder un gouvernement. Elle a une ambition écologique, incarne un changement de méthode avec une affirmation de la démocratie sociale. Jupiter, c’est loin et ça fait beaucoup de mal. Notre démocratie doit être revivifiée, c’est aussi un engagement, il faut abroger cette réforme des retraites qui est dure. C’est deux ans de travail de plus. En plus le Président a oublié de dire pourquoi il a dissous. Lucie Castets est quelqu’un de très sérieux. Son parcours, son engagement, c’est solide."

Lucie Castets apprécie. Vous connaissiez Montpellier ? "Non, c’est la première fois que je viens, c’est magnifique. Et on est très bien reçu ! (franc sourire partagé avec Michaël Delafosse à ses côtés). Je reviendrai avec plaisir si le maire m’y invite."

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