“C’est le dossier le plus important et le plus périlleux des mois à venir” : opération déminage pour le gouvernement en Nouvelle-Calédonie

"C’est le dossier le plus important et le plus périlleux des mois à venir" : opération déminage pour le gouvernement en Nouvelle-Calédonie

L’incendie du stade de la Vallée du tir, par des indépendantistes, à Nouméa, dimanche. DR

"C’est le dossier le plus important et le plus périlleux des mois à venir" : opération déminage pour le gouvernement en Nouvelle-Calédonie

Cliquer pour agrandir. S.W.

Le nouveau ministre chargé de l’Outre-mer, François-Noël Buffet, passe quatre jours dans l’archipel, à la recherche d’une sortie de crise.

Il se sait attendu de pied ferme. Collier de fleurs autour du cou, sourire aux lèvres, François-Noël Buffet, a entamé, mercredi, son déplacement de quatre jours en Nouvelle-Calédonie, le premier en tant que ministre chargé des Outre-mer, pour tenter de tourner la page des violences qui ont fait treize morts depuis cinq mois.

Le Caillou en porte encore tous les stigmates, avec une population déchirée et une économie sinistrée : 2,2 milliards d’euros de dégâts, plus de 6 000 emplois perdus et 700 entreprises détruites. Une carte postale consumée.

"La Nouvelle-Calédonie n’est pas sortie de la crise", reconnaît-on dans l’entourage du ministre. L’objectif est d’abord de "reprendre le chemin confiant, transparent et franc avec l’ensemble des acteurs calédoniens", avec "une nouvelle méthode".

Ce ne sera pas le moindre des défis sur ce territoire qui reste dans une impasse institutionnelle. Michel Barnier a déjà annoncé le 1er octobre, lors de son discours de politique générale, la suspension du projet de loi constitutionnel qui avait mis le feu aux poudres.

Ce texte visant à élargir le corps électoral aux personnes résidant depuis dix ans dans l’archipel – un casus belli pour les indépendantistes, qui craignent d’être marginalisés – ne sera finalement pas soumis au Congrès, a annoncé le nouveau chef du gouvernement. Qui appelle à l’ouverture d’une "nouvelle période de reconstruction" et à "lutter rapidement contre la vie chère dans l’Outre-mer", alors que la Martinique s’embrase à son tour et est placée, elle aussi, désormais sous couvre-feu.

"On fait toujours attention"

Pour les 180 000 habitants de Nouvelle-Calédonie, dont le quotidien a été rythmé, ces derniers mois, par le sifflement des balles et les explosions, "la situation est devenue un peu plus calme, témoigne un agent de l’État. On a tous repris une vie presque normale. Je ne crains plus rien pour ma vie, mais on fait toujours attention", confie-t-il, signalant la présence, encore, "de petits barrages" dressés sur les routes par les Kanaks et de "caillassages", mais aussi de "tirs en direction des gendarmes".

La tribu Saint-Louis, explique notre source sous couvert de l’anonymat, pose particulièrement problème aux autorités. Deux de ses membres, âgés de 29 et 30 ans, recherchés pour leur implication présumée dans les tirs sur les forces de l’ordre, ont été tués par le GIGN le 19 septembre. Et l’archipel reste sous tension, signe que la situation peut à tout moment redevenir hors de contrôle.

"Le dossier le plus périlleux"

Pour le gouvernement, "le défi est immense", analyse Dominqiue Andolfatto, professeur en sciences politiques. " D’abord, le retour de la sécurité. C’est loin d’être gagné, tant le territoire est fracturé. Ensuite, reconstruire l’économie. Il importe pour cela d’inventer une société plus cohésive et de retrouver une certaine confiance. Cependant, avec le renouvellement des générations et l’emprise d’une idéologie décolonialiste, cela semble toujours plus difficile, presque un Everest sur le Caillou. Mais le report du dégel du corps électoral et des élections provinciales donnera sans doute du temps pour une reprise solide de dialogue entre des communautés et parties prenantes qui croient à un avenir de ce territoire du Pacifique et sont prêtes aux réformes structurelles et concessions mutuelles nécessaires."

Un enjeu géopolitique

François-Noël Buffet devrait, d’ailleurs, conditionner toute nouvelle aide à des engagements. "Je suis là pour essayer d’être efficace et très concret", a-t-il souligné en arrivant à Nouméa.

"Si la situation n’est pas rétablie, le coût économique sera impossible à rattraper, la paix civile ne pourra revenir et la France sera affaiblie géopolitiquement. Car de la Chine à l’Azerbaïdjan, de nombreuses puissances veulent mettre la main sur le Caillou, décrypte Christophe Barbier, éditorialiste à BFMTV. La situation est plus grave qu’en 1988, car le dialogue entre les parties est plus dégradé encore qu’à l’époque, où chaque camp avait un leader écouté."

Et de prévenir : "C’est le dossier le plus important et le plus périlleux des mois à venir."

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