Débat Midi Libre : les trois candidats à l’élection municipale de Pont-Saint-Esprit passés sur le gril
|Gérome Bouvier, Emmanuel Le Pargneux, Claire Lapeyronie : les trois têtes de listes ont détaillé leur programme. Midi Libre – Michael Esdourrubailh
Lundi 22 avril, plus de 370 personnes ont assisté au débat organisé par Midi Libre dans la salle des fêtes de la Cazerne à Pont-Saint-Esprit. Les trois candidats ont répondu aux questions posées par le directeur de la rédaction Olivier Biscaye et à celles du public.
Santé
Sujet crucial à Pont-Saint-Esprit, où il ne reste plus qu’un médecin généraliste pour une commune de plus 10 500 habitants. La question est simple : "Qu’est-ce que vous comptez faire pour les habitants ?" a demandé le directeur de la rédaction Olivier Biscaye aux candidats.
La maire candidate de Pont-Saint-Esprit, Claire Lapeyronie, sait que cette problématique "qui n’est pas que spiripontaine, est une angoisse pour les Spiripontains". La tête de liste de Pont d’abord, qui est également conseillère régionale, a précisé qu’elle "travaille depuis deux ans avec la Région Occitanie" dans le cadre du dispositif Ma Région Ma santé. "À la rentrée nous allons accueillir deux médecins salariés par la Région".
Et de rappeler que la ville qui travaille avec le CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé) "met déjà gratuitement à disposition des locaux pour les internes". Claire Lapeyronie a également souligné que, déjà, "grâce au dynamisme du centre hospitalier, les Spiripontains peuvent consulter huit spécialistes qui viennent chaque mois de Bagnols". En 2026, dans le cadre de l’extension du centre hospitalier, "le premier employeur de la ville, il va y avoir cinq salles de consultations, avec cinq médecins généralistes" a-t-elle annoncé.
Gérome Bouvier, tête de liste de Demain Pont-Saint-Esprit, fait un constat : "En 2012 il y avait 11 médecins ; en 2024, il y a un médecin. Deux médecins généralistes qui travaillent 35 h par semaine ça ne suffit pas. On fera tout pour que des maisons de santé viennent s’installer". Et de revenir sur des projets avortés. "Il y a eu deux projets portés par des professionnels de santé qui n’ont pas abouti. Tous les projets – publics et privés – sont complémentaires".
"Je m’étonne que l’un des candidats se satisfasse de deux médecins. Dans notre liste Renouveau spiripontain, nous avons six professionnels issus du secteur médico-social. On va les mobiliser pleinement" a, quant à lui, déclaré le candidat Rassemblement National, tête de liste de Renouveau spiripontain. Emmanuel Le Pargneux propose "la création d’un office municipal de la santé pour accompagner l’installation de médecins, et nous allons capitaliser sur les engagements faits par la Région".
Pour les seniors, le candidat RN souhaite la création d’une maison qui leur sera dédiée. Sur le manque de médecins à Pont, il s’étonne : "pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ? Cela fait dix ans qu’on est alerté sur le sujet ?", "on ne décide pas tout seul, on travaille avec des partenaires" lui répond Claire Lapeyronie.
Quand Gérome Bouvier l’interpelle sur le renoncement de médecins libéraux à créer une maison de santé, "découragés" par la complexité du dossier, Claire Lapeyronie explique qu’elle avait fait des réunions en 2020 avec "deux médecins généralistes qui m’avaient exposé leur projet de maison de santé privée, mais finalement ils n’ont pas déposé de permis de construire".
Autre thème lié à la santé, celui des transports qu’a évoqué Emmanuel Le Pargneux, "un problème pour les personnes âgées, la navette ne passe pas partout". Ce à quoi Claire Lapeyronie répond que "le transport des seniors est piloté par la ville" et, à propos des navettes urbaines, elle "travaille avec l’agglomération pour améliorer les tracés".
Économie et attractivité
Véritable sujet majeur de la vie quotidienne l’attractivité commerciale est l’autre thématique qui a dominé le débat entre les trois candidats mais également les échanges avec le public. Maire sortante et candidate à l’élection municipale, Claire Lapeyronie a vanté "les atouts" de la ville soulignant notamment, "les travaux effectués pour remettre le patrimoine au goût du jour".
Elle a également évoqué "l’attractivité générée par la filière nucléaire". Claire Lapeyronie a aussi mentionné "le traditionnel marché hebdomadaire du samedi matin, gros pôle d’attraction" et annoncé la création d’un marché de producteurs locaux. L’édile a également cité "l’arrivée du train pour voyageurs à Pont-Saint-Esprit". La maire sortante de Pont-Saint-Esprit juge le commerce de sa ville "dynamique".
La tête de liste de Demain Pont-Saint-Esprit, Gérome Bouvier, dit pour sa part se méfier "des effets d’annonces". "Avant d’attirer de nouvelles entreprises, il faut déjà s’occuper des commerces qui sont déjà présents sur le territoire". Il suggère "de dynamiser le commerce en rapatriant au maximum, les animations par la ville sur les allées Frédéric-Mistral et Jean-Jaurès".
Gérome Bouvier propose un "véritable partenariat" entre la collectivité et l’association des commerçants. Il s’agirait pour l’équipe de Demain Pont-Saint-Esprit "de soutenir les enseignes qui organisent des animations sur les terrasses de leurs établissements". Quid du troisième concurrent ? Pour Emmanuel Le Pargneux l’attractivité du territoire communal passe par "la revitalisation" du centre-ville.
Selon toujours le candidat du Rassemblement national, favoriser l’installation des commerces à Pont-Saint-Esprit "passe aussi par l’accompagnement des acteurs locaux et la création d’un office de commerce et la défense du localisme". Autrement dit, la promotion de tout ce qui est fait localement. Le chef de file du Renouveau spiripontain se dit favorable à un plan de sauvetage et de mise en valeur du patrimoine. "L’attractivité passe aussi par l’inscription de plusieurs monuments tels que les fontaines."
Le candidat RN souhaite "une politique de rénovation des façades" et aussi, "des mesures liées au développement du tourisme". Il affirme vouloir travailler avec l’Agglo du Gard rhodanien et l’Office de tourisme Provence Occitane. Il dénonce ce qu’il qualifie "d’absurdités normatives qui font que les commerçants quittent la ville de Pont-Saint-Esprit". Emmanuel Le Pargneux reprend à son compte les remarques de commerçants de la ville qui s’estimeraient pénalisés par la réglementation.
Sécurité
La discussion sur la thématique de la sécurité a essentiellement porté sur le nombre de policiers municipaux et de caméras de vidéosurveillance. "Aujourd’hui, sur le terrain, il y a onze agents, dont un sur le départ", a commencé Gérome Bouvier qui a l’intention d’embaucher six agents municipaux et de constituer une brigade de nuit entre 18 h et 3 h du matin, pour "une présence accrue dans le centre ancien". Tout comme Emmanuel Le Pargneux. Lui promet de porter l’effectif à 25 policiers municipaux, avec une présence policière 24 h/24.
Le candidat RN souhaite doubler le nombre de caméras de vidéoprotection, soit une cinquantaine de caméras supplémentaires pour un coût d’environ 300 000 € "avec un contrôle via le centre de surveillance urbaine (CSU) à toute heure sur toutes les rues du centre-ville, pour des interventions rapides et efficaces".
Pour Gérome Bouvier, qui, en 2004, en tant que fonctionnaire municipal, a participé à la création du centre de surveillance urbaine, il faut tout d’abord réaliser un diagnostic : "La moitié des caméras ne marche pas. Nous commencerons par réaliser un diagnostic et un audit sur les emplacements qui sont pertinents et ceux qui le sont moins." Ce à quoi Claire Lapeyronie a répondu que "les 53 caméras fonctionnent très bien. Le centre est exemplaire grâce aux opérateurs. Il est un des plus performants du département. On a beaucoup investi, et le ratio du nombre de caméras par nombre d’habitants est trois fois supérieur qu’une ville de la même taille. Il y a des règles précises pour regarder ces images qui sont de grande qualité".
La maire sortante prévoit d’augmenter le parc de deux caméras supplémentaires par an, avec pour priorité d’équiper les abords des établissements scolaires qui ne le sont pas encore tous. Et l’embauche de deux AVSP ainsi que l’extension du dispositif “Participation citoyenne” en partenariat avec la gendarmerie.
Parallèlement, Claire Lapeyronie a fait savoir que les projets de ses concurrents n’étaient pas "réalisables", financièrement. "Six policiers municipaux, c’est 300 000 € par an ; 11 policiers, c’est 800 000 €(*) par an, sur le budget de fonctionnement sur lequel on n’a pas de subvention. Que sacrifierez-vous pour financer ces postes ?"
Gérome Bouvier a ironisé : "Comme vous, on ne renouvellera pas les départs à la retraite." Quant à Emmanuel Le Pargneux, il a seulement précisé : "La sécurité des Spiripontains passe avant tout. Donc je propose de lisser les budgets sur plusieurs années." Parmi les autres mesures qu’a énumérées Emmanuel Le Pargneux, "exclure du parc social communal les délinquants, et les familles non coopérantes. Trouver des mesures contre le trafic de drogue qui gangrène le centre-ville".
Claire Lapeyronie a effectué un parallèle avec une ville gouvernée par un maire RN. "La police municipale 24 h/24, c’est une fausse bonne idée. À Beaucaire, c’est le cas, les faits n’ont pas diminué, au contraire." Et d’ouvrir l’horizon sur la sécurité climatique, sur la sécurité sanitaire avec la redevance incitative…
(*) Le budget de la masse salariale de la collectivité est de 8,4 millions d’euros par an.
Gouvernance
Ce sont des désaccords profonds au sein de l’actuelle majorité – et les démissions qui en ont découlé – qui amènent les Spiripontains dimanche prochain aux urnes. La question de la gouvernance est donc centrale dans cette campagne… et les deux adversaires de la maire sortante ont joué sur du velours sur ce sujet.
Gérome Bouvier, d’abord, promet de "rassembler les Spiripontains. Depuis quinze ans, la ville n’a connu que des fractures, des divisions. Je suis né ici, je suis à la tête d’une liste de terrain, avec des colistiers qui sont issus de la ville et vont au contact des habitants, des commerçants, des associations… Nous serons leur porte-parole et nous rendrons compte régulièrement de nos actions", promet-il.
Son adversaire du RN va dans le même sens, assure que lui, comme les membres de son équipe, seront "sur le terrain tout le temps" et qu’il tiendra "une permanence hebdomadaire sans rendez-vous pour entendre toutes les doléances". "Je serai un maire à plein temps", ajoute Emmanuel Le Pargneux, raillant la maire sortante sur ses autres mandats.
Claire Lapeyronie lui a immédiatement répondu, s’affirmant "fière" de son rôle de conseillère régionale "utile pour la ville. C’est la Région qui a amené le train jusqu’à Pont-Saint-Esprit il y a deux ans", a-t-elle précisé pour l’exemple, avant de revenir sur une gouvernance qu’elle promet "dans la continuité. Les errements de l’ère Baumet sont derrière nous, un cap est passé et nous allons poursuivre notre travail. Je suis une grosse bosseuse, je suis très exigeante avec moi-même et mon équipe, je place la loyauté et la sincérité au-dessus de tout et quand on m’empêche de défendre les intérêts de ma ville, je me rebiffe", a-t-elle déroulé, comme pour se défendre d’avoir retiré leurs délégations à plusieurs de ses adjoints à l’automne dernier. "Je n’ai aucun regret ", a précisé l’édile sortante.
Le débat a ensuite effleuré la politique politicienne. À Claire Lapeyronie qui a affirmé qu’elle ne "travaillerait pas avec l’extrême droite", Emmanuel Le Pargneux a répondu qu’il est "très fier de (son) parti qui a montré, dans les villes qu’il dirige, son sérieux budgétaire et son efficacité", ironisant ensuite sur ses adversaires qui se disent "apolitique".
Gérome Bouvier assume le terme : "Il y a des gens de gauche, du centre, de droite sur ma liste. Nous sommes là pour travailler dans l’intérêt général, sans prétention mais pour répondre aux attentes." Y compris en travaillant avec l’Agglomération – "il faut de bonnes relations" -, quand Emmanuel Le Pargneux, questionné comme les autres par le député RN sur le sujet – 3e sur sa liste –, assure qu’il se placera "dans l’opposition" jusqu’à instaurer "un rapport de force", par exemple sur la question de la gestion des déchets.
Et travailler tous les trois ensemble ? Aucun des candidats n’a en revanche voulu évoquer une éventuelle alliance d’entre-deux-tours. "Attendons de voir le résultat dimanche soir", a tranché Claire Lapeyronie.
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