Disparition de Lina : 5000 € volés, un traitement médical stoppé… nos révélations sur le passage à Narbonne du suspect Samuel G.

Disparition de Lina : 5000 € volés, un traitement médical stoppé... nos révélations sur le passage à Narbonne du suspect Samuel G.

La Ford Puma volée que les gendarmes de Strasbourg cherchaient depuis des mois était à la fourrière de Narbonne. Independant – CHRISTOPHE BARREAU

Le quadragénaire qui s'est donné la mort le 10 juillet à Besançon, a été arrêté en plein hiver sur l'A9 près de Narbonne par les douaniers, alors qu'il roulait à bord d'une voiture volée, dans laquelle sera retrouvé l'ADN de l'adolescente disparue depuis le 23 septembre 2023.

Petit à petit, le puzzle s’assemble, mais les pièces principales restent cruellement manquantes. Présenté comme le suspect n° 1 dans la disparition de Lina, cette adolescente de 15 ans dont on est sans nouvelle depuis le 23 septembre dernier à La Plaine (Bas-Rhin), Samuel Gonin, 43 ans, qui s’est suicidé à Besançon en juillet, a fait cet hiver un passage dans l’Aude, qui est désormais au cœur des investigations.

Car début janvier, lorsqu’il est interpellé sur l’autoroute A9 après un refus d’obtempérer, comme l’a révélé Midi Libre jeudi 1er août, ce père de famille qui semble à la dérive est au volant d’une voiture dans laquelle sera retrouvé un élément clé : l’ADN de Lina, détecté sur plusieurs prélèvements effectués dans l’habitacle.

Il accélère et force une barrière au péage

Retour en arrière. Au cours du week-end du 6 au 7 janvier, les motards de la douane de Narbonne, qui roulent sur l’autoroute A9 à la hauteur de Sigean décident d’effectuer un contrôle sur une voiture qui attire leur attention. Une Ford Puma, immatriculée en Allemagne, et qui est signalée volée. Problème : le conducteur accélère, tente de leur échapper et force une barrière au péage. Stoppé, maîtrisé, Samuel Gonin est placé en garde à vue, et sa voiture est fouillée avec précision, ce secteur de l’autoroute A9, à proximité de l’Espagne, étant particulièrement fréquenté par les trafiquants de drogue.

5000 € en liquide et une procédure pour blanchiment

Le quadragénaire est interrogé sur plusieurs éléments qui intriguent les enquêteurs. Notamment une somme de 5 000 € en liquide qu’il a en sa possession, pour laquelle une procédure douanière de blanchiment va être dressée : les douaniers le soupçonnent d’avoir voulu se rendre de l’autre côté de la frontière pour s’approvisionner en stupéfiants.

Lui va alors donner une explication difficile à vérifier pour expliquer l’origine de ces fonds : "Il a dit avoir volé de l’argent à une ancienne amie, et avoir ensuite dépensé pratiquement tout en drogues" explique à Midi Libre une très bonne source.

Il dit vouloir s'installer dans la région

Pourquoi se trouvait-il si loin de Besançon, où il était alors domicilié ? "Il n’a pas vraiment expliqué sa présence, il a simplement dit qu’il envisageait peut-être de s’installer dans la région" précise une autre source.

Quant à la voiture, il se montre peu loquace sur sa provenance, affirmant l’avoir "achetée pour 100 € à un SDF" dans sa région d’origine. Un prélèvement salivaire est fait : l’analyse "avait mis en évidence la présence de cocaïne" a précisé jeudi le parquet de Narbonne.

Refus d’obtempérer, argent liquide non justifié, conduite sous l’emprise de stupéfiants et recel de voiture volé : au terme de sa garde à vue, Samuel Gonin est déféré devant le parquet de Narbonne, qui décide de le faire juger en comparution immédiate. Comme il en a le droit, le quadragénaire demande un délai pour préparer sa défense. Il est incarcéré jusqu’au 22 janvier, date de son passage au tribunal.

Condamné à 15 mois avec sursis, il repart libre du tribunal

À l’audience, il écope d’une peine de prison avec sursis probatoire de 15 mois, mais ressort libre du palais de justice. La Ford Puma, elle, est alors remise à la fourrière de Narbonne, où elle va curieusement rester plusieurs mois avant de revenir sur le devant de l’actualité.

Car la découverte de cette voiture aurait dû immédiatement être signalée aux gendarmes de la section de recherche de Strasbourg, qui travaillent d’arrache-pied depuis septembre dernier, avec une cellule de vingt enquêteurs, pour retrouver la trace de Lina. L’immatriculation de cette Ford Puma figurait sur une liste d’une dizaine de véhicules, recherchés dans toute la France parce qu’ils ont circulé le 23 septembre 2023 aux alentours de La Plaine, dans le Bas-Rhin, et que leurs conducteurs ne se sont pas manifesté. Y a-t-il eu là un loupé ?

Un retard de plusieurs mois incompréhensible

De façon très incompréhensible, ce n’est donc que fin juin que les gendarmes strasbourgeois apprennent qu’elle est stockée depuis des mois à la fourrière de Narbonne. Des premiers prélèvements dans l’habitacle sont alors effectués par les gendarmes de Narbonne. Lorsqu’ils matchent avec le profil génétique de Lina, la voiture est transportée de toute urgence à l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie (IRCGN) pour être passée au crible.

Une descente aux enfers depuis des années

Parallèlement, Samuel Gonin poursuit une descente aux enfers entamée depuis plusieurs années, à cause de problèmes d’addiction et de dépression, et d’une séparation conjugale. Le 25 août 2023, à Besançon, un mois avant la disparition de Lina, il a volé, couteau en main, 200 € dans le tiroir-caisse d’une supérette et agressé une vieille dame dans la rue, qui tombe au sol et souffre d’une fracture. Les policiers mettent des mois à l'identifier et à le retrouver, et parviennent en juin à le placer en garde à vue pour ces faits : il devait être jugé fin juillet, mais il se pend le 10 juillet. En laissant une lettre troublante à ses enfants : "J’ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir. Je ne sais pas me contrôler, ça va trop vite. Je souffre trop, c’est mieux ainsi".

"Je suis un sale type, j'ai failli tuer des gens"

Ce malaise, Samuel Gonin en avait fait état, lors de son passage aux mains de la justice narbonnaise, après sa tentative d’échapper aux motards de la douane. "Je suis un sale type, j’ai failli tuer des gens" avait-il reconnu. "Il disait aussi qu’il avait tout perdu depuis qu’il avait arrêté de suivre son traitement pour sa dépression" précise une bonne source.

Restent bien des zones d’ombre, que les gendarmes doivent désormais éclaircir. Nous ignorons la date du vol de la Ford Puma, de même qu’on ne sait pas à partir de quand Samuel Gonin serait entré en sa possession. A-t-il commencé à circuler avec avant, ou après le 23 septembre 2023 ? Peut-on penser que le ravisseur de l’adolescente aurait continué à se servir de cette voiture très compromettante, puisqu’elle contenait peut-être ses dernières traces génétiques de l'adolescente ? Ce fameux SDF, à qui il aurait acheté la Ford, existe-t-il vraiment ?

"Pas de conclusion définitive" met en garde le parquet

"L’information judiciaire est actuellement dans une phase très active, de multiples actes étant en cours pour retrouver Lina et déterminer les circonstances de sa disparition" a indiqué ce jeudi soir le procureur de Strasbourg dans un communiqué qui semble contrebalancer les révélations faites cette semaine. "Si les investigations récentes ont conduit les enquêteurs sur la piste d’un homme de 43 ans originaire de Besançon il ne peut à ce stade être tiré de conclusions définitives sur son implication dans la disparition de Lina." Les recherches qui ont repris cette semaine sur les lieux de la disparition de Lina sont toujours sans résultat.

Je m’abonne pour lire la suite

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

(function(d,s){d.getElementById("licnt2061").src= "https://counter.yadro.ru/hit?t44.6;r"+escape(d.referrer)+ ((typeof(s)=="undefined")?"":";s"+s.width+"*"+s.height+"*"+ (s.colorDepth?s.colorDepth:s.pixelDepth))+";u"+escape(d.URL)+ ";h"+escape(d.title.substring(0,150))+";"+Math.random()}) (document,screen)