Drogue, guerre de territoire et coups de feu au Chemin-Bas d’Avignon, un enregistrement compromettant

Mes Karim Bouguessa, Daniel Barrionuevo et Baptiste Scherrer, trois des avocats des accusés. Midi Libre – C.R.

Un jeune homme avait été grièvement blessé, lors d’une fusillade, au Chemin-Bas-d’Avignon, le 13 décembre 2020. Cinq hommes sont jugés par la cour d’assises du Gard depuis ce lundi.

C’est une clé USB bien bavarde qui a permis aux policiers de progresser dans leurs investigations après la fusillade du 13 décembre 2020, dans le quartier du Chemin-Bas-d’Avignon. L’enregistrement a eu lieu dans un appartement, place Bir-hakeim, l’un des lieux de replis des trafiquants de drogue du quartier. La fusillade a fait une victime – un Beaucairois – grièvement blessée. Et cette opération spectaculaire et gravissime qui a choqué les habitants, est largement commentée par les occupants de l’appartement. Les policiers qui récupèrent la clé USB, ont alors la confirmation que ces coups de feu ont été tirés dans un contexte particulier : une guerre de territoires entre trafiquants de drogue du Chemin-Bas et du Mas-de-Mingue.

Allez comprendre comment… mais cette clé aurait été remise aux policiers par l’un des trafiquants de drogue du Mas-de-Mingue, qui aurait lui-même été sérieusement amoché par ses rivaux, au cours d’un autre épisode. Cet enregistrement compromettant devrait être diffusé, dans les prochaines heures, devant la cour d’assises du Gard, devant laquelle sont jugés cinq hommes. Deux d’entre eux – Karim Boudouch dit Bouchon et Redouan Bourich – défendus par Me Baptiste Scherrer et Hugo Ferri sont accusés de participation à une association de malfaiteurs en récidive. Il est reproché aux trois autres accusés – Nasser El Khider, Samuel Goua, et Iliès Moussa – défendus respectivement par Mes Daniel Barrionuevo, Marisa Santia et Karim Bouguessa – une tentative de meurtre en bande organisée.

Les genoux brisés

L’enregistrement a été réalisé dans l’appartement loué à Samuel Goua. Ce logement, place Bir-Hakeim servait de base arrière aux trafiquants du Chemin-Bas. Dans cet enregistrement, rappelle le président de la cour d’assises, Christian Pasta, l’un des "occupants" de l’appartement, Iliès Moussa fanfaronne et annonce être déterminé à éliminer la bande adverse. "J’étais un petit gérant… Je ravitaillais… et je rendais des comptes aux gens qui étaient au-dessus de moi ", décrit Iliès Moussa. "On ne savait pas qu’il y avait cette clé et cet enregistrement" "Tout le monde parle d’une guerre de territoires entre le Chemin-Bas-d’Avignon et le Mas de Mingue, avance le président de la cour d’assises. Mais à l’origine, j’ai l’impression qu’il y avait un conflit interne au Chemin-Bas-d’Avignon".

Iliès Moussa, lui aussi a été victime de violences. Il a été enlevé par une bande rivale. Bilan : les deux genoux brisés. Mal à l’aise, devant la cour d’assises, cet homme âgé de 27 ans, ne tient pas à en dire plus. "Ils auraient pu vous tuer", insiste le magistrat. Au Chemin-Bas-d’Avignon, Iliès Moussa était armé d’un pistolet semi automatique Glock. "C’était pour ma sécurité", bredouille l’accusé. Les débats se poursuivent ce mardi. Le verdict est prévu vendredi.

” Au mauvais endroit… au mauvais moment”

Ce 13 décembre 2020, l’un des suspects cagoulé et armé a pris la fuite, est rentré dans la boucherie de la place Daudet avant que le rideau métallique soit baissé. Il est ensuite passé par la réserve du magasin et est ressorti par l’arrière du commerce. Dans la boucherie, les policiers ont récupéré une paire de gants, une veste de couleur noire. Ils ont aussi découvert une kalachnikov, cachée dans la chambre froide.Nasser El Khider, l’un des suspects a été interpellé, le jour de la fusillade, dans le secteur. " J’étais au mauvais endroit, au mauvais moment", a déclaré cet homme qui nie avoir participé à cette fusillade.