Fête de la Saint-Louis à Sète : quelques lignes salvatrices pour mieux comprendre les joutes

Fête de la Saint-Louis à Sète : quelques lignes salvatrices pour mieux comprendre les joutes

Les joutes, un spectacle gratuit et pour tous, que les néophytes apprécieront davantage avec quelques clés. MIDI LIBRE – Jérôme Belluire

Spectacle codifié, un tournoi de joutes n’est pas qu’un jeu où deux gars se poussent à l’eau.

Si vous pensez que, pendant les tournois de joutes, le sauveteur qui se promène sur le canal à bord de son petit bateau manque de professionnalisme en choisissant de sortir de l’eau le bouclier et la perche, plutôt que le pauvre gars qui a pris son bain forcé, nous vous conseillons vivement de lire les lignes suivantes. Parce que vous êtes loin du compte.

Tradition séculaire

Les joutes sont un spectacle parfaitement codifié, s’inscrivant dans une tradition séculaire. De Valras au Grau-du-Roi, dix-sept sociétés composent le championnat, auquel s’ajoutent la Coupe de France et le championnat de France. La Saint-Louis, elle, est indépendamment organisée par la ville de Sète.

Sur l’eau, les jouteurs sont aléatoirement répartis sur deux barques, la rouge et la bleue. Ils concourent individuellement, leur seul signe distinctif étant le blason de leur société.

Ils vont d’abord disputer une phase éliminatoire, où il faut battre trois adversaires de suite afin de se qualifier pour les revanches. Durant ces "phases finales", le jouteur devra battre un adversaire pour passer un tour, jusqu’à la finale, où le vainqueur ne remporte qu’une coupe et un bouquet de fleurs.

Du monde à bord

Si deux jouteurs tombent à l’eau en même temps, ils y restent et l’on parle alors d’un bouquet (encore un, mais à la saveur moindre). Si cela arrive en finale, le dernier à avoir touché l’eau est déclaré vainqueur.

Chaque barque est composée de huit à dix rameurs, un barreur dont la mission est d’amener le jouteur dans les meilleures conditions pour son combat, et de deux musiciens (hautbois et tambour) jouant inlassablement La Charge, cet air entêtant que bon nombre de touristes auront forcément ramené chez eux, parfois contre leur gré.

À l’arrière, se situe la bigue, sorte d’escalier menant au plancher, où se trouvent les jouteurs qui attendent leur tour et “font le poids” afin que les deux planchers soient à la même hauteur lors du croisement.

Lance et pavois

Le jouteur est armé d’une lance et d’un pavois. Amis touristes, retenez bien, nous déclinons toute responsabilité en cas d’usage de tout autre terme. Le pavois mesure 70 cm de haut et 40 cm de large, pour un poids de 8 kg. Des retenants de 5 cm d’épaisseur délimitent les différentes zones d’impact et le jouteur doit frapper la partie centrale gauche (les deux parties du pavois sont autorisées s’il est gaucher). La lance est longue de 2,80 m et terminée par trois pointes en métal acérées (l’épure) qui viendront se ficher dans le pavois. Au départ, le jouteur a la main dans la première partie colorée. Il recevra une observation s’il met la main dans la partie blanche (trois fois = élimination) et sera immédiatement éliminé s’il met la main dans la deuxième partie colorée.

Autour des barques

En bord de quai, officie un jury de trois personnes. L’arbitrage vidéo n’ayant pas été introduit dans les joutes, il est parfois très compliqué de tout voir. Assurément le rôle le plus difficile, même si les rameurs peuvent revendiquer le titre lorsque le soleil cogne pendant des heures.

Sur l’eau, naviguent deux "sapinous". L’un est préposé à l’embarquement des jouteurs, l’autre au ramassage des armes (le jouteur, lui, sait nager et peut donc retrouver le quai par ses propres moyens).

Il y aurait encore une multitude de composantes à définir, mais ceci est un journal et non pas un livre. Et si les fidèles lecteurs de Midi Libre n’ont rien appris à travers ces lignes, c’est parce que cette introduction aux joutes ne leur était pas vraiment adressée. Plutôt à ceux qui débarquent à Sète, pour une semaine ou deux, n’ont pas procédé à leur abonnement (on peut le comprendre mais attention quand même) et veulent profiter de ce spectacle unique au monde sans passer pour des gabians.

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