Football : la relégation, le possible repêchage en N2, l’avenir du club et le sien, les finances, les critiques… les mises au point du président de l’OAC Didier Bilange

Didier Bilange et Philippe Mallaroni dans les locaux de JubilIntérim, ce lundi midi. Midi Libre – ALEXIS BETHUNE

National 3… ou 2 / L’intersaison de l’OAC. Midi Libre avait sollicité Didier Bilange pour un entretien vérité. L’Alésien, président du club depuis 15 ans déjà, y a répondu favorablement. Voici ses mises au point.

Ce lundi, Didier Bilange a pris de son temps, comme il prend de son argent pour l’OAC, afin d’évoquer le passé, le présent et le futur du club cévenol, qu’il préside depuis déjà quinze ans (2009). Une interview de 2 h 15 (!) dans les locaux alésiens de sa société, Jubil Intérim, en compagnie du manager général oacien, Philippe Mallaroni. Et le duo avait beaucoup de choses à dire…

Ce lundi 10 juin, êtes-vous encore dans l’analyse et l’incompréhension de la saison écoulée, ou déjà totalement tourné vers la prochaine ?

On est depuis longtemps déjà tourné vers la saison prochaine. On travaille sur le recrutement depuis trois mois. On est passé le 28 mai devant la DNCG, qui nous a validé deux budgets prévisionnels, un de 1,5 M€ si l’on évolue en National 3 et un de 1,8 M€ (équivalent à celui de cette saison, NDLR) si l’on est repêché en National 2.

Faut-il croire à un repêchage en National 2 ?

La DNCG nous a dit que l’on serait fixé le 15 juillet. Aujourd’hui, il y a des chances que l’on soit repêché. Il y a un ordre de repêchage, et on est 3e (derrière Haguenau, moins bon 9e et Saumur, meilleur 10e) en tant que deuxième meilleur 10e. L’an dernier, il y a eu quatre repêchés en N2. Un président de club nous a même appelés pour nous demander si on accepterait un repêchage… Il est derrière nous dans la liste des potentiels repêchables.

Je vais vous dire : je serais surpris que l’on ne soit pas repêché ! Il y a beaucoup de clubs qui sont en grande difficulté financière. Ce qui n’est pas notre cas : nos deux budgets ont été validés sans aucune restriction, alors que l’on nous avait quasiment taxés d’insolvable il y a peu ! Et on a eu les félicitations de la DNCG, la même instance qui nous avait infligé 5 points de pénalité il y a un an et demi.

Chez nous, entre le 1er et le 5 du mois, tout est payé. Les joueurs le savent, et ça attire. On n’est pas les plus riches (Cannes aurait 6 M€), mais on n’est pas les plus pauvres, et le club est sain.

Le club est sain, mais il a été relégué sportivement. Comment expliquez-vous cette descente ?

Cet échec a été analysé techniquement. Il y a forcément eu des erreurs. On a réuni le staff, exprimé notre mécontentement. Ce n’est pas parce que l’on n’intervient pas sur les réseaux sociaux qu’on ne l’a pas fait… C’était une saison particulière, avec 5 ou 6 descentes par poule, soit plus d’un tiers du championnat. Ensuite, le coach a eu les pires difficultés à aligner une équipe type entre les suspensions et les blessures. Vous allez dire : “on se cherche des excuses”. Non : on cherche des explications.

L’analyse, c’est que l’on pense qu’il y a eu un manque de remise en question et un relâchement des joueurs après le maintien de la saison passée, qui a été considéré comme un exploit. Ce fut parfois difficile de faire prendre conscience à certains du niveau d’engagement qu’il fallait pour performer et se mêler au trio de tête. Après, je n’accepte pas que l’on dise que l’on avait faux sur toute la ligne, et que rien ne va dans le club : on a quand même fait un 32e de finale de Coupe de France en gagnant à la régulière à Martigues qui monte en L2, et on a battu les deux premiers du championnat (Aubagne et Le Puy). Il nous aura manqué deux victoires. On a fini 10e sur 14, et c’est ce qui va peut-être nous sauver.

Quelle est la responsabilité d’Hakim Malek dans cette saison ratée ? Est-il toujours l’homme de la situation ?

S’il est encore là, c’est que l’on pense que cette éventuelle relégation n’est pas de sa seule responsabilité. Pour moi, il a même un potentiel qui va bien au-delà du N2. On est satisfait de la manière dont il gère l’équipe. J’ai un copain qui s’appelle Olivier Dall’Oglio, il est Alésien et on a le même âge. Et ils ont cette même capacité à faire adhérer les hommes à un projet.

Hakim est d’ailleurs un entraîneur très demandé. Mais il est sous contrat. Nous, on prône la remise en question, pas le changement pour le changement.

Il semble y avoir un problème dans le recrutement. Qui va gérer le mercato, alors qu’il s’annonce crucial et chargé ?

D’abord, tous nos joueurs sont pour moi des professionnels, car ils ne font que ça. On les interdit de travailler ailleurs. Certains n’ont pas bien fait leur travail. On estime que l’on est arrivé au bout d’un cycle sportif. On a décidé de faire de gros changements, de rebattre les cartes.

On ne s’interdit pas de changer 100 % de l’équipe. On n’a pas assez changé l’an passé. À nous d’être meilleurs dans le recrutement. L’entraîneur définit des profils et le directeur sportif (Jean-Marie Pasqualetti) se met en chasse. On travaille avec un réseau d’agents. Et on a des collaborateurs (le DS, ou des scouts, NDLR) qui vont observer des recrues potentielles dans les stades. On a essayé de repérer plus tôt cette saison, et de plus croiser nos critères.

Quelles seront les ambitions du club la saison prochaine, que ce soit en N3 ou N2 ?

En N3, on jouera la remontée. En N2, cela va dépendre de nos capacités à mettre en œuvre nos moyens, et du soutien de nos partenaires publics et privés. Dans notre bassin, le foot et l’OAC doivent être l’affaire de tous. Dans la vie, on réussit ensemble et on perd tout seul. On est aux portes d’un très bon niveau, mais pour l’atteindre, l’OAC doit être une vraie aventure collective territoriale, sans trop de passagers clandestins (sic).

Pour nous permettre de réussir, il faudrait revoir nos infrastructures, avoir des terrains synthétiques dédiés ou un stade Pibarot amélioré, notamment les loges. Si l’on veut retrouver un jour le National, ça ne dépend pas que de nous.

Les coulisses de l’interview

L’avenir : un nouveau cap ? Échec et cap 2024, cette année, alors que le club visait le National. Était-ce trop ambitieux ? "Non, on n’était pas si loin que ça, répond le duo Bilange-Mallaroni. On va s’en fixer un nouveau, pour 2026 ou 2027, avec l’objectif de se mêler à la lutte pour l’accession en National. C’est évident qu’il faut se fixer des caps pour avancer."

L’espoir Aubagne. "Regardez Aubagne, précisent les deux hommes. Le club a été relégué l’an dernier, puis repêché. Et là il monte en National !" Et si Alès avait le même destin ?

Bilange, jusqu’à quand ? "Je serai là la saison prochaine, mais je ne veux pas porter le club tout seul à très long terme. Je suis peut-être un des présidents les moins passionnés mais je suis l’un des plus engagés, et responsable et soucieux de cet engagement. Cette saison, c’est celle où j’ai eu le plus de remises en question depuis mon entrée à l’OAC en 2007. Ceux qui sombrent dans le populisme ne se rendent pas compte du temps et de l’énergie dépensés. Sur les réseaux sociaux, il y en a qui voudraient que tout le monde soit viré au club…"

Franco et mercato. Il reste à l’heure actuelle trois joueurs sous contrat (jusqu’en juin 2025) à l’OAC : le gardien Eric Moreau, Wilfried Baana Jaba et Lucas Franco. "On a vu Lucas vendredi. Lui porte toutes les valeurs du club et on a la volonté de le conserver." Quant aux premières recrues, "il y a des négociations en cours mais aucun renfort n’a été acté pour l’instant".

Reprise. Les joueurs reprendront l’entraînement lundi 8 juillet.

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