Guerre en Ukraine : tension pour l’utilisation de missiles longue portée occidentaux, expulsion de diplomates… le point sur la situation
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Tous les jours, Midi Libre fait le point sur la situation en Ukraine. Ce vendredi 13 septembre 2024, découvrez les dernières actualités autour de ce conflit.
Le chargé d'affaires iranien convoqué après la livraison de missiles à la Russie
Le chargé d'affaires iranien à Paris a été convoqué jeudi au ministère des Affaires étrangères en réponse à la livraison par Téhéran de missiles balistiques à courte portée à la Russie, a-t-on appris vendredi de source diplomatique.
Il a été réitéré à cette occasion la condamnation par la France des transferts avérés de missiles balistiques iraniens vers la Russie, a-t-on précisé de même source.
Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont annoncé mardi de nouvelles sanctions contre l'Iran, notamment contre la compagnie aérienne Iran Air, affirmant que la Russie avait reçu des livraisons de missiles balistiques iraniens pour bombarder l'Ukraine "dans les semaines à venir".
Le Kremlin a rejeté des accusations "infondées" et l'Iran a dénoncé des déclarations "mensongères". Téhéran a livré des drones Shahed en Russie mais a toujours nié fournir des missiles balistiques.
La Russie expulse six diplomates britanniques
Les services de renseignement russes ont annoncé vendredi avoir révoqué l'accréditation de six diplomates britanniques à Moscou, les accusant d'espionnage dans un contexte de tensions avec Londres.
Le Kremlin dénonce le soutien britannique à l'utilisation éventuelle par l'Ukraine de missiles à longue portée contre des cibles en Russie. La Russie a annoncé ces expulsions quelques heures avant des discussions à Washington entre le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président américain Joe Biden, considérées comme une étape cruciale pour obtenir le feu vert des États-Unis à l'utilisation de missiles à longue portée sur le territoire russe, ce que le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclame depuis des mois.
Le Royaume-Uni a qualifié de "totalement infondées" les accusations portées contre ses diplomates, affirmant qu'il s'agit d'une mesure de rétorsion après que Londres a expulsé l'attaché de défense russe et retiré le statut diplomatique à plusieurs propriétés russes en mai. Le président Vladimir Poutine a averti jeudi que les pays de l'Otan seraient de facto en guerre contre la Russie s'ils autorisaient l'Ukraine à attaquer le territoire russe avec des missiles de longue portée fournis par les Occidentaux. Une accusation de "cobelligérance" régulièrement portée par Moscou qui n'est pas juridiquement fondée à ce stade.
Selon trois sources occidentales, Washington et Londres considèrent la livraison de missiles balistiques par l'Iran à la Russie, démentie par Moscou et Téhéran, comme une escalade du conflit à même d'accélérer les discussions sur l'utilisation par l'Ukraine de missiles à longue portée.
Selon le New York Times, qui cite des responsables européens, le gouvernement américain semble prêt à approuver l'utilisation par l'Ukraine de missiles à longue portée contre des cibles en Russie, à condition que les armes ne soient pas celles fournies par les États-Unis. Une source occidentale a déclaré qu'une décision sur les missiles pourrait être prise lors de l'Assemblée générale des Nations unies, qui débute le 24 septembre prochain.
Le FSB, successeur du KGB soviétique, a déclaré vendredi disposer de documents montrant qu'un département du ministère britannique des Affaires étrangères chargé de l'Europe de l'Est et de l'Asie centrale coordonnait ce qu'il a appelé "l'escalade politique et militaire" et était chargé d'assurer la défaite stratégique de la Russie.
"Les faits révélés permettent de considérer que les activités des diplomates britanniques envoyés à Moscou menacent la sécurité de la Fédération de Russie", a déclaré le FSB dans un communiqué, ajoutant avoir mis fin à l'accréditation de six membres de l'ambassade britannique à Moscou, dont les actions présentaient "des signes d'espionnage et de sabotage".
La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que les activités de l'ambassade britannique à Moscou allaient bien au-delà des conventions diplomatiques de Vienne sur les relations diplomatiques. "Plus important encore, il ne s'agit pas seulement d'une question de formalités et de non-respect des activités déclarées, mais d'actions subversives visant à nuire à notre peuple", a-t-elle déclaré sur Telegram.
L'Ukraine dit que la Russie concentre ses assauts sur Kourakhove
L'armée russe a concentré vendredi ses assauts sur Kourakhove, ville de l'est de l'Ukraine que les forces ukrainiennes défendent depuis des semaines, ont dit les autorités de Kiev.
Les Russes ont aussi tenté de poursuivre leur progression vers Pokrovsk, noeud logistique et ferroviaire à une trentaine de kilomètres au nord de Kourakhove qui, s'ils finissaient par s'en emparer, leur dégagerait la voie sur le reste de la région de Donetsk qu'ils ne contrôlent toujours pas deux ans et demi après le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a félicité ses troupes qui parviennent à tenir leurs positions sur ces deux secteurs les plus âprement disputés du front de l'est de l'Ukraine. Malgré leurs difficultés, les forces ukrainiennes affirment avoir repoussé 64 assauts russes près de Kourakhove en 24 heures, ce qui représente les combats les plus intenses dans cette zone depuis le début du mois. Elles disent aussi avoir résisté à 36 assauts près de Pokrovsk.
Ces combats sur ces deux champs de bataille représentent ainsi plus de deux tiers de l'ensemble des affrontements recensés au cours de la journée le long des plus de 1 000 km de front dans le nord-est, l'est et le sud de l'Ukraine. L'armée ukrainienne a pour sa part lancé début août une incursion surprise dans la région russe de Koursk avec l'espoir de contraindre la Russie à déplacer des forces mobilisées dans le Donbass ukrainien.
Elle est toutefois désormais à l'arrêt après des gains rapides dans un premier temps. L'armée ukrainienne a utilisé la région frontalière de Soumy comme base arrière de cette incursion en territoire russe. Les autorités locales ont déclaré que des missiles guidés russes avaient tué deux personnes vendredi dans cette région, dont un enfant de quatre ans.
Des maisons et une clinique ont été endommagées à Yampil, à une vingtaine de kilomètres de la frontière, tandis que l'électricité a été coupée, ont dit les autorités de la région de Soumy.
Poussée de tension sur l'utilisation par Kiev de missiles à longue portée occidentaux
La tension est encore montée d'un cran vendredi entre Moscou et les alliés occidentaux de l'Ukraine, au moment où les dirigeants américain et britannique doivent discuter de la possibilité d'autoriser Kiev à utiliser des missiles à longue portée contre la Russie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi ses alliés d'avoir "peur" d'évoquer la possibilité d'abattre eux-mêmes des drones et des missiles russes dans le ciel ukrainien, alors que son pays est confronté à une multiplication d'attaques aériennes. Et il a annoncé qu'il rencontrerait ce mois-ci le président américain Joe Biden pour lui présenter "un plan pour la victoire" de l'Ukraine.
Un feu vert à l'utilisation de missiles à longue portée occidentaux contre la Russie sera forcément au menu de discussions vendredi à la Maison Blanche (20h30 GMT) entre le Premier ministre britannique Keir Starmer et Joe Biden, une visite effectuée à la demande du dirigeant travailliste. Washington a d'ores et déjà prévenu qu'aucune annonce fracassante n'était à attendre.
"Notre position sur la livraison à l'Ukraine de capacités de frappe de longe portée, qui pourraient être utilisées à l'intérieur du territoire russe, n'a pas changé et je n'attendrais pas de grande annonce à ce sujet au sortir des discussions, certainement pas de notre part" a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
Volodymyr Zelensky réclame à ses alliés de lui permettre de frapper en profondeur sur le sol russe des cibles militaires jugées "légitimes", comme des bases aériennes d'où décollent les avions bombardant l'Ukraine.
Jusqu'ici, les Occidentaux, Américains en tête, ont freiné des quatre fers, craignant qu'une telle décision ne puisse être vue par la Russie comme une escalade. Vladimir Poutine a répété jeudi que ce feu vert signifierait que "les pays de l'Otan sont en guerre contre la Russie".
"La Russie a déclenché ce conflit. Elle peut mettre fin immédiatement à ce conflit", a rétorqué Keir Starmer, dans des propos tenus en vol vers Washington et rapportés par les médias britanniques.
Mardi, Joe Biden avait assuré que les Etats-Unis "travaillaient" à autoriser l'Ukraine à utiliser des missiles à plus longue portée contre la Russie. Les chefs de la diplomatie américaine et britannique, Antony Blinken et David Lammy, ont effectué une rare visite conjointe à Kiev mercredi.
"Nous nous adapterons si nécessaire, notamment en ce qui concerne les moyens dont dispose l'Ukraine pour se défendre efficacement contre l'agression russe", a affirmé le lendemain le secrétaire d'Etat américain en Pologne.
Washington autorise actuellement Kiev à ne frapper que des cibles russes dans les parties occupées de l'Ukraine et certaines dans les régions frontalières russes directement liées aux opérations de combat de Moscou. Selon des médias britanniques, Joe Biden, qui craint un conflit nucléaire, est prêt à autoriser l'Ukraine à déployer des missiles britanniques et français utilisant la technologie américaine, mais pas les missiles américains eux-mêmes.
Dans ce contexte de tensions, le service de sécurité russe (FSB) a annoncé vendredi avoir retiré l'accréditation de six diplomates de l'ambassade britannique à Moscou, soupçonnés d'espionnage. Des accusations "totalement infondées", a répliqué le ministère britannique des Affaires étrangères.