Huit mois de vols et de dégradations, entre Mende et Marvejols, sous fond de grande misère sociale
|L’audience a eu lieu le mardi 5 mars devant le tribunal correctionnel de Mende. Midi Libre – Archive
Un jeune homme de bientôt 20 ans a été jugé par le tribunal correctionnel de Mende, ce mardi 5 mars 2024, dans le cadre d'une comparution à délai différé.
Quand ils reviennent sur le parcours de ce jeune homme de bientôt 20 ans, à la barre du tribunal correctionnel de Mende, en ce jeudi 5 mars, avocats et magistrats sont unanimes. Ils ont de la "compassion" pour ce prévenu qui est jugé dans le cadre d'une comparution à délai différé pour une série de vols et de dégradations, en état de récidive légale, commis principalement à Mende et à Marvejols, entre mai 2023 et janvier 2024. Pendant ces huit mois, le jeune adulte s'est introduit dans bien des locaux pour y dérober, surtout, de la nourriture et de l'argent. Treize faits, auxquels s'ajoutent de la consommation de cannabis et des menaces de mort.
Lors de sa plaidoirie, son conseil Me Clarisse Ribière rappelle que les parents du natif de Saint-Affrique ont été condamnés par un tribunal correctionnel pour des violences habituelles sur leurs six enfants. Le presque vingtenaire a en effet subi de lourds sévices de ses 9 ans à ses 15 ans, avant que des enseignants de la fratrie n'effectuent un signalement.
Carences affectives et éducatives
"Il a reçu des coups de poing. Il a été privé de repas. Il mangeait les croquettes du chien et quémandait de la nourriture au village. Il devait effectuer des corvées à répétition. Il a été frappé au visage avec une épée. Son père l’a jeté dans la boue, l'a brûlé au poignet, lui a jeté des pierres à la tête. Ce dernier s'occupait lui-même de la dentition de ses enfants, à qui il arrachait les dents avec une pince", énumère non sans une certaine émotion l'avocate mendoise, qui accompagne son client depuis plusieurs années.
Des carences affectives et éducatives qui, si elles ne justifient pas les infractions que le prévenu a commises, permettent de les expliquer. Et qui éclairent sur sa personnalité. Le sans domicile fixe, qui a passé tout l'hiver 2022-2023 sous une tente dans la forêt des Poilus de Mende, est en effet décrit comme antisocial et incapable de se plier à des normes. Il est aussi reconnu handicapé, et souffre d'une légère déficience mentale, qui écarterait selon Me Ribière toute préméditation, puisqu'il présente "de faibles capacités d'élaboration mentale".
Cinq constitutions de partie civile
Finalement, lors de l'audience correctionnelle, seules cinq personnes morales et physiques, sur les 15 victimes identifiées, se constituent partie civile. L'association la Traverse, qui a hébergé le jeune adulte, sera remboursée des 584 € qui lui ont été soustraits. L'exploitante d'un bar hôtel-restaurant de Mende obtient la réparation de sa caméra de vidéosurveillance, cassée lors de l'un des deux vols de denrées alimentaires qu'elle a subis, ainsi que la prise en charge partielle de ses frais d'avocat.
Le Club haltérophilie musculation mendois, victime d'un larcin de 562 €, sera aussi remboursé. L'homme, qui a été menacé de mort, recevra 150 € au titre du préjudice moral, après avoir formulé la somme exorbitante de 2 000 €. Enfin, la Ville de Marvejols, représentée par son premier adjoint Gilbert Girma, s'est certes constituée partie civile, mais n'a formulé aucune demande de dédommagement, après l'intrusion du prévenu dans des locaux lui appartenant.
Deux ans de prison
Valéry Morron, procureur de la République de Mende, demande aux magistrats du siège "d'apporter un avertissement important" tout en rappelant que la peine encourue était de quatorze ans. Il requiert trente mois de prison dont dix mois intégralement assortis d'un sursis probatoire de deux ans, avec obligation de soins, de travailler, d'indemniser les victimes et l'interdiction de rentrer en contact avec celui qu'il a menacé.
Yves Gallego, le président, et ses deux assesseures, Edith Lledos et Clara Gellf, condamnent finalement le jeune homme à vingt-quatre mois de prison, dont quatre mois intégralement assortis d'un sursis probatoire renforcé, avec les mêmes obligations que celles formulées par le procureur de la République.
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