Incendie à la synagogue de La Grande-Motte : radicalisé, le Nîmois El Hussein Khenfri reconnaît avoir agi pour soutenir la cause palestinienne

Incendie à la synagogue de La Grande-Motte : radicalisé, le Nîmois El Hussein Khenfri reconnaît avoir agi pour soutenir la cause palestinienne

L’assaillant filmé par les caméras devant la synagogue de La Grande-Motte. ML – DR

Interrogé depuis plus de 48 heures par les policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) à Levallois-Perret (92), El Hussein Khenfri a reconnu être à l’initiative de l’attaque antisémite perpétrée contre la synagogue Beth Yaacov à La Grande-Motte, samedi 24 août au matin.

À la suite de l’incendie de la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte, le 24 août 2024, le parquet national antiterroriste a ouvert, ce jour, une information judiciaire étayée sur six chefs d’accusation.

En l’occurrence, une association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteinte aux personnes visés au 1º de l’article 421-1 du code pénal. Tentative d’assassinats, commise en raison de la race ou la religion, en relation avec une entreprise terroriste. Dégradations par incendie ou moyen dangereux pour les personnes, ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à 8 jours, commises en raison de la race ou la religion, en relation avec une entreprise terroriste. Détention et transport de produit incendiaire en vue de la préparation de dégradations dangereuses pour les personnes, en relation avec une entreprise terroriste. Violences sur fonctionnaires de la police nationale sans incapacité totale de travail, aggravées par l’usage d’une arme, en relation avec une entreprise terroriste. Recel de malfaiteur terroriste.

Quatre gardes à vue

Au cours des investigations, conduites dans le cadre de l’enquête de flagrance, quatre personnes ont été interpellées. La garde à vue de l’une d’elles, mise hors de cause, a été levée dès le 26 août 2024.

Trois personnes ont été présentées au magistrat instructeur ce mercredi après-midi : El Hussein Khenfri, mis en cause pour l’attentat contre la synagogue ainsi que deux personnes de son entourage, deux hommes, âgés respectivement de 28 ans et de 30 ans.

Une haine des juifs

El Hussein Khenfri est un homme âgé de 33 ans, né à Blida en Algérie, de nationalité algérienne, en situation régulière sur le territoire national car il est bénéficiaire d’un récépissé de demande de carte de séjour, sans emploi, sans revenu et occupant sans titre un logement du quartier Pissevin à Nîmes (30). II a été condamné à une reprise en octobre 2022 pour des faits de conduite en état alcoolique. Il est inconnu des services spécialisés.

De diverses auditions et de ses publications sur les réseaux sociaux, il apparaît que le Nîmois s’est radicalisé dans la pratique de sa religion depuis plusieurs mois et nourrit également, de longue date, une haine des juifs, plus spécifiquement localisée sur la situation en Palestine. II a enfin fait part à certains de ses proches de son intention d’aller combattre à Gaza.

Achat d’armes et repérages

Il résulte des premières investigations que, dans les semaines précédant les faits, il avait acquis une arme de poing et procédé à diverses recherches internet sur des synagogues de la région, les fêtes juives et la période du shabbat. Il avait enfin effectué des repérages plus ciblés sur la synagogue de La Grande-Motte.

C’est dans ces circonstances que, dans la nuit du 23 au 24 août 2024, il s’est rendu, seul, à proximité de la synagogue Beth Yaacov de La Grande-Motte, avec sa voiture, dans laquelle il a dormi une partie de la nuit. À 8 h 21, muni de plusieurs bouteilles en plastique remplies de carburant, d’une hache comportant des mentions écrites de sa main, relatives à la Palestine, à Gaza et au sang des musulmans, et porteur d’une arme de poing, il a franchi, en l’escaladant, le mur d’enceinte de la synagogue.

Il allume plusieurs foyers

Il portait un keffieh sur la tête et un drapeau palestinien à la taille. II s’est rendu dans différents points de l’emprise de la synagogue et a allumé plusieurs foyers : au niveau des portes d’entrée du bâtiment principal, porte de la salle de culte et porte de la salle commune.

Sur le parking, il a mis le feu à un premier véhicule avant de se diriger, hache et arme de poing à la main, vers une armoire de climatisation derrière laquelle il s’est dissimulé. Après une trentaine de secondes, il a incendié une paillote située le long d’un mur du parking et un second véhicule stationné à proximité.

Il dit avoir déclenché involontairement un incendie dans sa voiture

Dans l’enceinte, se trouvaient des bouteilles de gaz dont une a explosé lors de l’intervention des premiers secours, occasionnant de légères blessures à un policier municipal. Cinq personnes dont le rabbin se trouvaient lors des faits à leurs domiciles, situés au premier étage du bâtiment.

L’attaque commise, El Hussein Khenfri enjambait à nouveau le mur d’enceinte de la synagogue et repartait avec son véhicule. II y déclenchait involontairement un début d’incendie et l’abandonnait à quelques dizaines de mètres de la synagogue.

Ramené à Nîmes par une connaissance

Il rejoignait alors l’une de ses connaissances sur un marché du Grau-du-Roi (30). Ce dernier acceptait de le reconduire à Nîmes dans l’après-midi avant de regagner son logement du quartier Pissevin, où il retrouvait un autre de ses proches avec lequel il avait antérieurement échangé sur un éventuel passage à l’acte.

Ce même individu l’informait un peu plus tard de la présence d’effectifs de police. Lors de l’arrivée des forces de l’ordre face à l’appartement occupé par le principal suspect, celui-ci s’est saisi de son arme de poing, qu’il savait chargée de munitions à blanc et donc non létales, et tirait à cinq reprises dans leur direction.

Blessé par un tir de riposte

Il était blessé en retour par un tir de riposte au niveau du bras et du thorax et présentait une plaie au visage consécutive à l’action d’interpellation. Après avoir été pris en charge au plan médical, le trentenaire a reconnu les faits dès sa première audition. II a expliqué avoir agi pour soutenir la cause palestinienne, contestant toute intention homicide mais concédant avoir eu l’intention de faire peur. Il entendait, par son action à forte portée symbolique, faire réagir les autorités israéliennes.

La mise en examen d’El Hussein Khenfri a été requise de l’ensemble des chefs visés par le réquisitoire introductif, à l’exception du recel de malfaiteur terroriste. Son placement en détention provisoire a été requis.

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

(function(d,s){d.getElementById("licnt2061").src= "https://counter.yadro.ru/hit?t44.6;r"+escape(d.referrer)+ ((typeof(s)=="undefined")?"":";s"+s.width+"*"+s.height+"*"+ (s.colorDepth?s.colorDepth:s.pixelDepth))+";u"+escape(d.URL)+ ";h"+escape(d.title.substring(0,150))+";"+Math.random()}) (document,screen)