“J’ai formé des familles entières” : avec 51 ans de métier, Jacques Gatto est le doyen des moniteurs d’auto-école de Sète

"J’ai formé des familles entières" : avec 51 ans de métier, Jacques Gatto est le doyen des moniteurs d'auto-école de Sète

Depuis la fin d’année dernière, Jacques Gatto ne fait plus les leçons de conduite et assure le secrétariat. Midi Libre – KELMAN MARTI

En 2024, Jacques Gatto, moniteur d'auto-écoles depuis 51 ans, veut se rapprocher de la retraite. L’occasion de le rencontrer avant qu’il ne soit trop tard.

Si cette presqu’île est considérée comme singulière, c’est en raison de ses traditions, de son patrimoine, mais aussi des gens qui la peuplent, eux aussi, bien singuliers. À l’image d’un personnage atypique, chaleureux et bienveillant : Jacques Gatto. Ce nom, une partie des Sétois le connaît, surtout sur le siège passager avant d’une voiture. Car “Jacky” (pour les intimes), est moniteur d’auto-école. Depuis 51 ans ! Et des histoires il en a vu passer au fil de l’évolution de l’automobile.

Une histoire de familles

L’une d’elles fera toujours sourire cet homme dont le visage ne trahit pas ses 77 ans. "J’ai formé des familles entières. On m’a déjà dit : 'François Commeinhes a fait naître la moitié des Sétois et Jacques Gatto a fait passer le permis à l’autre moitié' !", rigole-t-il, assis sur la chaise du bureau de l’auto-école du Littoral, 19 rue Jules-Vallès.

"Il a enseigné à mes frères et sœurs, mes cousins et même mes neveux, indique Youssef Baddouch, garagiste et ancien élève de Jacques Gatto. Il est comme un père, à l’ancienne, donnant de bons conseils et qui sait un peu engueuler quand il le faut." "C’est ma manière d’enseigner… J’essaye d’être pédagogue, mais ferme", réagit le moniteur qui ne se prédestinait pas à faire ce métier.

À 18 ans, après avoir appris à conduire au côté de son père, d’origine napolitaine, le jeune Jacques rejoint l’entreprise familiale. Le voilà pompiste, comme le paternel. Puis, après seize mois à l’armée, un premier mariage et une presque carrière dans la musique, “Jacky” prend finalement la route empruntée par son oncle.

La musique, une histoire stoppée net

Durant son enfance, et avant même qu’il ne conduise, Jacques Gatto a fait de la musique, son autre passion. À 5 ans au conservatoire de Sète. Dans de nombreux orchestres à la vingtaine, que ce soit au violon ou au saxophone. Pour finalement avoir "une opportunité en or de potentiellement jouer pour Gilbert Bécaud", selon ses dires. "Mais j’ai pris peur avant l’entretien sur Paris. Et je me suis dégonflé, car il n’avait pas de cuivres à ses côtés", se souvient Jacques Gatto. Quelques mois après, le musicien de 25 ans voit finalement la star de l’époque en compagnie d’un saxophoniste à la télévision. "J’étais dégoûté. Ça aurait pu être moi. Après, j’ai tout vendu, sauf mon violon, et j’ai complètement arrêté la musique. Ma vie aurait pu être totalement différente…"

Virage à 180 degrés

Celle des auto-écoles. À 25 ans, déjà père d’un fils, il endosse la casquette de moniteur, une fois le diplôme en poche. "Je préférais à pompiste", commente-t-il simplement. Durant ses premières années, l’ancien syndiqué "argumente" en faveur d’un permis gratuit qui pourrait mieux former les gens et donc réduire le nombre d’accident. "J’aime l’humain, donc ça me fait chier de voir des personnes mourir sur la route. C’est pour ça que mon métier est important", ajoute celui qui a ensuite rejoint la Ceca, l’ancienne “grosse” auto-école de Sète.

En parallèle, il rejoint bénévolement la Jeune chambre économique de Sète et du bassin de Thau (JCESBT). Il y occupe successivement un poste à la commission tourisme, avant d’être vice-président de la catégorie services, avec laquelle il obtient le 1er prix international du tourisme grâce à l’hôtel-résidence du cap de la Corniche. "On menait des actions concrètes dans Sète, favorables pour l’économie. Et le tout gratuitement. À la fin j’avais des responsabilités nationales, voire internationales. J’adorais", résume cet homme d’un naturel altruiste et humble.

Un credo vital

Mais après de belles années à la Ceca, Jacques se retrouve finalement seul et préfère plier boutique. Direction l’entreprise d’un ami en 1992, rebaptisé pour l’occasion auto-école du Languedoc et situé… 19 rue Jules-Vallès.

Au départ de son associé, cette dernière change de nom une dernière fois vers 2010 et prend sa forme finale : l’auto-école du Littoral. À cette même période et malgré ses plus de 60 ans, Jacques et sa dernière femme, Grazzia, accueillent une fille. "L’amour de ma vie" comme il l’appelle, les larmes aux yeux, ou "celle qui me fait me lever chaque matin". "Comme mon credo ! Deux phrases de la JCE avec lesquelles je souhaite conclure : la personne humaine est la plus précieuse des richesses et servir l’humanité constitue l’œuvre la plus noble d’une vie."

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