“Je ne compte pas combattre le RN dans mon fauteuil” : Nordine Tria, candidat “surprise” des législatives dans la circonscription des Cévennes
|Nordine Tria : “Je veux être utile à ma circonscription.” Midi Libre – ALEXIS BETHUNE
Ancien bâtonnier d’Alès, Nordine Tria, 64 ans, entre pour la première fois en politique en se présentant, sans étiquette, sur la 5e circonscription du Gard.
Vous êtes le candidat inattendu sur la 5e circonscription du Gard. Qu’est-ce qui vous a convaincu de vous lancer dans ces élections législatives anticipées ?
Plusieurs choses. Je suis connu sur le territoire, et on a un désenchantement des électeurs qui ne veulent plus voter ni à droite, ni à gauche. Qui se réfugient sur les extrêmes. On a un front de gauche qui a fait un mariage un peu particulier, on va dire. Et ce front a lui aussi déçu ses électeurs potentiels, qui envisagent de voter blanc, ou de ne pas voter.
Pourquoi le front de gauche a déçu selon vous ?
Parce qu’il y a eu cette association avec LFI qui a des positions trop extrêmes. L’antisémitisme ne correspond pas à mes valeurs. La violence de ses actions, aussi. Et il faut voir la dislocation de LFI avec ses exclusions internes. Je me dis qu’il y a une opportunité pour répondre aux attentes.
Si vous êtes élu, comment vous comptez faire avancer les projets qui sont pour vous importants ? Sachant que vous risquez d’être isolé si vous n’intégrez pas un groupe à l’Assemblée.
Peut-être que dans d’autres circonscriptions, on aura d’autres personnes qui vont se lancer dans un parcours politique ouvert à tous. En ce qui me concerne, je suis toujours avocat à Alès, mais je peux faire valoir mes droits à la retraite depuis juillet 2022. C’est-à-dire, une fois élu, je peux me consacrer uniquement au mandat. Je veux montrer que j’ai la capacité d’une écoute, de transmettre des messages. Je peux trouver ce qui, à droite ou à gauche, peut convenir ou peut être contestable sans être tenu par un parti. Je suis aussi un enfant de la République, enfant de famille nombreuse, peu fortunée, ce qui fait que je peux être attentif à la situation de personnes qui mettent le pouvoir d’achat et le cadre de vie en avant. Je compte m’engager sur des sujets que je peux maîtriser, comme l’indigence de la justice et des magistrats.
Mais on risque de vous attendre ailleurs que dans la justice cependant.
En effet. Il y a aussi la sécurité. On peut donner à la police des moyens pour assurer la sécurité partout. Et il n’y a pas que la répression, c’est aussi travailler avec la jeunesse, pour leur garantir un avenir. Être un député, c’est aussi faire remonter les attentes de chacun. Ici, ça manque beaucoup. Je l’ai vécu en tant que bâtonnier : avoir un député qui répond, c’est être rassuré, de voir que nos positions sont portées devant l’Assemblée nationale. C’est pour cela que j’inscris aussi cet engagement sur la durée : je veux être utile à ma circonscription pour ensuite revenir dans trois ans et continuer le travail entrepris.
Comment, à moins de 15 jours du premier tour, vous comptez convaincre ces électeurs déçus ?
Quand on écoute les électeurs du RN, on entend des gens qui disent : "On ne les a jamais essayés". Pour moi, ce n’est pas une réponse satisfaisante. Et je ne compte pas combattre le RN dans mon fauteuil. Donc on y va. On va aller au plus près des habitants pour échanger avec eux, leur montrer ce que je veux porter. Je suis avant tout un humaniste. Et être humaniste c’est aller vers l’autre, aider l’autre. C’est ce qui me fait toucher au respect de la laïcité et à l’expression de toutes les croyances. Respecter la liberté de vivre sa foi ou non. Tout comme à l’attachement au drapeau, qui est une valeur accaparée par le RN. Alors que le drapeau, ce n’est pas le Rassemblement National, c’est la République. Si on veut le combattre, il faut que tous les gens sortent leur drapeau pour les combattre.
Je m’abonne pour lire la suite