Jean-Paul Saucerotte, trois décennies consacrées aux petits soins de l’ASBH

Jean-Paul Saucerotte, trois décennies consacrées aux petits soins de l’ASBH

Jean-Paul Saucerotte a rejoint le club en 1994 à la demande de Richard Astre. Midi Libre – Laurent François

Médecin des joueurs de l'ASBH pendant 31 ans, Jean-Paul Saucerotte n’a pas rattaqué au club, cette saison. À 82 ans, il continue à exercer dans son cabinet médical de Portiragnes. Tout en gardant un oeil sur ce club qui lui a tant apporté et à qui il a voué une grande partie de son existence.

Des petites statues de toros, des coqs colorés réalisés par Cédric Soulette, l’ancien pilier international de Béziers, devenu artiste-sculpteur, des ballons de rugby, un maillot de Béziers encadré et signé "Merci Jean-Paul", une paire de gants de boxe ayant appartenu à Fabrice Tiozzo, ex-champion du monde des mi-lourds dans les années 90, la photo d’une équipe de football… Le cabinet médical de Jean-Paul Saucerotte respire le sport à plein nez, le rugby bien entendu, mais aussi la tauromachie, parce que "Béziers, c’est le rugby et les toros", sourit malicieusement le médecin qui vient de tourner une page, celle de ses 31 années passées au chevet des joueurs de l’ASBH.

"Un jour, il faut savoir arrêter"

Le téléphone sonne. Le généraliste répond immédiatement. La discussion est brève : "C’est ma fille qui vient de me souhaiter mes 82 ans, aujourd’hui, c’est mon anniversaire", lâche, ravi, le docteur. Cette saison, personnage incontournable du paysage de l’ASBH, Jean-Paul Saucerotte n’a pas souhaité continuer à exercer auprès du club : "Un jour, il faut bien savoir s’arrêter, dit-il. Je devais d’ailleurs déjà le faire, il y a un an. À part peut-être le médecin de l’équipe de Colomiers, que j’ai rencontré plusieurs fois, je n’en connais pas beaucoup qui ont exercé 31 ans dans un club."

"Je n’ai jamais eu l’impression de travailler"

Matches à domicile, à l’extérieur… Pendant trois décennies, sur tous les fronts, Jean-Paul Saucerotte a vécu, vibré et œuvré pour le club rouge et bleu : "J’ai vraiment aimé faire ça, raconte-t-il les yeux brillants. Médecin, c’est ma vie. Je me régale. Quand j’allais à l’ASBH, je n’ai jamais eu l’impression de travailler. De toute manière, je n’ai toujours fait que ce que j’aime et sans jamais rechercher la gloire. Chaque fois que le club a eu besoin de moi, j’ai répondu présent. Il y a une vingtaine d’années, en plus de l’équipe première, je m’occupais même des jeunes. Aujourd’hui, tout le monde me dit que je suis en forme. Mais j’ai besoin de plus de repos qu’avant. J’ai aussi, maintenant, envie de prendre des vacances."

Rugby et joueurs ont évolué

Le médecin continue à exercer dans son cabinet de Portiragnes. Il fait même partie des derniers mohicans assurant les visites à domicile. Avec toujours un regard bienveillant sur les joueurs et leur famille : "Je garde même des contacts avec des joueurs qui ne sont plus au club, précise le médecin. Je soigne leur épouse et leurs enfants. Je n’ai vraiment eu que de bonnes relations avec tous. Et puis, comme je le dis souvent, "quand tu aimes les gens, ils t’aiment !"

Jean-Paul Saucerotte est entré à l’ASBH en 1994, comme on entre en religion. C'était à la demande de Richard Astre, un entraîneur qui "analysait vraiment tout". En plus de 30 ans de service au sein du club, le docteur a vu évoluer le rugby, les joueurs aussi. Le professionnalisme a fait son œuvre au fil des années. Il trouve les rugbymen "plus appliqués, investis" et assure qu’ils font beaucoup plus attention à leur hygiène de vie.

Les joueurs sont mieux suivis

D’ailleurs, même si avec les années, le rugby est devenu un sport de colosses surmusclés frappant de plus en plus fort, le doc témoigne "qu’ils ne se blessent pas plus. Médicalement, les joueurs sont bien mieux suivis et protégés. Par exemple, les piliers n’échappent pas à des examens réguliers par IRM." Idem pour les cas de dopage. Les contrôles accrus et plus efficaces ont découragé les tricheurs qui étaient bien plus présents dans les années 90-2000 : "Certains ne disaient rien mais je le sentais bien", sourit Jean-Paul Saucerotte, étonné parfois par la demande de prescription médicale de certains…

Aujourd’hui donc, le docteur Saucerotte n’est plus au bord des terrains où est à l'oeuvre un staff médical "bien meilleur que moi", souffle-t-il modestement. Mais il continue à aller au stade : "J’irai voir les matches à domicile et il n’est pas dit que je n’aille pas en voir à l’extérieur", ne cache pas le médecin.

Il est près de 10 h 30. Il jette un œil sur la feuille blanche posée sur son bureau : "Ce sont les consultations qu’il me reste. Je ne suis pas en avance. Quand je fais quelque chose, je me donne toujours à fond", s’excuse-t-il avant de recevoir un énième patient. Avec qui il ne manquera certainement pas de parler sport. Et de l’ASBH, bien entendu, cette éternelle passion.

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