La riposte des vendeurs ambulants interdits de plage par la mairie de Palavas-les-Flots
|Les vendeurs ambulants n’ont plus droit de cité à Palavas-les-Flots. Midi Libre – Jean-Marc Lallemand
Le 11 juillet, le maire de Palavas-les-Flots, Christian Jeanjean, interdisait toute vente de produits alimentaires sur les sept kilomètres de plage de la station, reprochant aux vendeurs ambulants de ne respecter ni la réglementation, ni les normes sanitaires. Contestant ces propos, quatre des cinq sociétés concernées ont décidé d’engager une procédure devant le tribunal administratrif. Le maire se dit prêt à engager de nouveau un dialogue avec elles.
Palavas-les-Flots se transformerait-elle en scène de tournage du remake de "Règlements de comptes à O.K. Corral " autour de la vente ambulante de produits alimentaires sur la plage de la commune ? Si aucun coup de fusil n’a été tiré, comme dans ce western, les tensions entre la mairie et les commerçants ambulants sont montées aussi vite que les températures actuelles. Retour en arrière sur la discorde.
Parce que rien n’est plus fiable que la réglementation, remontant son fil. Le 3 juin dernier, la mairie lance un appel à candidature pour la vente de beignets sur son domaine public, avec deux autorisations prévues sur les plages de la rive droite et une sur celles de la rive gauche. Sur les 20 candidatures déposées, 15 sont sélectionnées par la commission municipale des marchés publics, puis tirées au sort le 24 juin, à l’Hôtel de ville, conformément à la réglementation locale. De trois autorisations annoncées dans l’appel à candidature, le maire en accorde finalement cinq.
Guerre ouverte sur la rive droite
Le 2 juillet, un arrêté municipal autorisant la vente "des produits au panier" en front de mer est publié. Sur les cinq sociétés retenues, quatre ont spécifié dans leur dossier qu’elles vendraient des beignets, des chouchous, mais aussi des glaces et des boissons, avec photos du matériel autorisé (chariot) et les pratiques en termes d’hygiène. Bien que l’appel à candidature notifiait que la vente ambulante ne concernait que la vente de beignets, elles ne sont pas pour autant écartées. Réponse du maire, Christian Jeanjean : "Pourquoi leur refuser une autorisation si les produits sont vendus dans de bonnes conditions. On ne peut pas le savoir à l’avance."
À compter du 7 juillet, les quinze vendeurs (trois par société) commencent à arpenter la plage pour vendre leurs produits, mais les premières tensions se font jour. Les commerces de bord de plage de la rive droite, payant leur pas-de-porte, apprécient peu la concurrence potentielle des glaces et boissons vendues sur le domaine public. "Les commerçants ont dit à mes vendeurs de dégager, et la police municipale en a fait de même. On a réussi à travailler un peu, mais la situation s’est très vite détériorée", raconte Tristan Auffrey, dirigeant de la SARL Sosogood.
"La sécurité sanitaire des consommateurs ne peut être garantie"
Conseil est donné aux vendeurs ambulants de la rive droite de s’éloigner des commerces du bord de plage pour calmer le jeu. Mais considérant que "les températures de conservation ne pouvant être assurées jusqu’à la distribution du produit, la sécurité sanitaire des consommateurs ne peut être garantie", le maire de Palavas-les-Flots, Christian Jeanjean, prend un nouvel arrêté imposant que seule la vente des beignets sera autorisée.
Le lendemain, les gérants de société sont convoqués à la mairie pour être mis devant le fait accompli. "On n’a jamais eu un contrôle sanitaire sur la plage. D’où le maire peut-il sortir que l’on risque d’empoisonner les gens ?", interroge agacé Hervé Denison. Certains décident toutefois d’obtempérer. Un recours gracieux est déposé, mais la mairie en fait fi. L’accalmie est de courte durée.
Violences et volte-face de la mairie
Le 11 juillet, trois vendeurs de la société Sosogood sont pris à partie par quatre individus. Deux prennent la fuite, le troisième n’aura pas cette chance et se fait rouer de coups, les chariots sont jetés du camion par les agresseurs et ces derniers volent la trottinette électrique de la victime. "Ils m’ont dit de ne plus revenir à Palavas, sinon ils allaient m’arracher la tête, avant d’ajouter qu’ils étaient gentils avec moi pour cette fois", dira-t-il dans la plainte qu'il dépose à la gendarmerie.
Entre "le trouble à l’ordre public et le problème sanitaire", continue à dénoncer, de son côté, le maire, "j’ai décidé de tout stopper et de prendre un nouvel arrêté, le 11 juillet, interdisant la vente ambulante sur la plage de Palavas-les-Flots". Il met aussi en avant le fait que toutes les sociétés n’ont pas fourni les contrats d’embauche de leurs salariés et les déclarations Urssaf (deux contrats sur quinze fournis, NDLR). Ulcérées, quatre sociétés sur cinq ont décidé de lancer une procédure devant le tribunal administratif contre la mairie. "Qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Dans tous les cas, je regrette cet incident, et je suis prêt à donner une nouvelle autorisation de vente à celles qui ne vendront que des beignets". À suivre…
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