La série Master Crimes, ses projets avec son épouse Anne Le Nen, la fin de sa collaboration avec Pierre Palmade : Muriel Robin à coeur ouvert
|Muriel Robin, de retour avec la série “Master Crimes”, multiplie les projets. – NICOLAS ROUCOU
Muriel Robin est de retour sur le petit écran à partir du 17 octobre avec la saison 2 de "Master Crimes", la série à succès de TF1. Ses rôles si contrastés, sa période sombre, son combat depuis Jacqueline Sauvage, l'homophobie dans le cinéma, son adieu à Alain Delon, son hommage à Michel Blanc : Muriel Robin se confie avec sincérité dans un entretien à Midi Libre et annonce "la fin" de sa "collaboration" avec Pierre Palmade.
Master Crimes, est de retour le 17 octobre sur TF1 en prime time après le succès de la première saison, plus de 5 millions de téléspectateurs. Vous vous attendiez à un tel engouement ?
C’était une très, très belle surprise, une grande joie de rendre les gens heureux et de voir qu’ils ont aimé ce qu’on avait aimé.
C’est formidable, parce que cela nous a permis de faire cette suite, donc bravo aux auteurs, à la réalisation, bravo à tout le monde !
Et bravo à vous, puisque l’un des ressorts de ce succès, c’est ce duo réussi que vous formez avec votre épouse, Anne Le Nen. Cela a été déterminant pour vous, comme pour elle, dans le choix de participer à cette aventure, le fait de travailler ensemble ?
C’est un élément important qui a participé à ce qu’on dise oui. On en avait envie et, quand on nous l’a proposé, on était prêtes, l’une et l’autre, ce qui n’a pas toujours été le cas, car, quand on est un couple particulier comme le nôtre, c’est aussi s’exposer.
Muriel Robin et Anne Le Nen, un duo à la vie comme à la scène. Les deux actrices multiplient les projets ensemble.
Comment travaillez-vous toutes les deux ? Vous répétez ensemble ?
Chacune travaille de son côté. Tout particulièrement la mémoire, en ce qui me concerne, car j’ai beaucoup de textes et ce n’est pas un langage de tous les jours, je ne suis pas criminologue dans la vie (sourire), donc je me prépare avec une répétitrice pour apprendre les six épisodes. On ne travaille pas nos personnages ensemble.
Ce que l’on sait de la saison 2 de Master Crimes
Master Crimes sera de retour pour six épisodes le jeudi soir, à 21 h 10, à partir du 17 octobre, avec Muriel Robin, Anne Le Nen, Nicolas Briançon, Olivier Claverie, Victor Meutelet, Astrid Roos, Nordine Ganso et Thais Vauquieres, sous la direction de Marwen Abdallah, "un rêve d’homme et de réalisateur", salue Muriel Robin.
Le picth de cette saison 2 : " Louise Arbus, la plus talentueuse des profs de psycho-criminologie, est de retour ! Et rassurez-vous, elle ne s’est pas assagie. Accompagnée de ses élèves toujours aussi hors de contrôle, notre électron libre à la perspicacité prodigieuse et au tempérament explosif, va aider la capitaine Delandre à résoudre une série de nouveaux crimes encore plus tordus, encore plus machiavéliques. Autant d’énigmes criminelles qui permettront à Arbus de challenger les connaissances de ses étudiants et la patience de Delandre !"
La série, qui n’est pas inspirée ou adaptée de "How to Get Away with Murder" ont précisé, TF1 et Muriel Robin, a remporté un énorme succès lors de la première saison, en s’imposant comme l’un des grands succès de la première chaîne européenne, avec HPI, Panda ou encore Brocéliande.
Mais, comme on vit ensemble, on répète tout de même des scènes à la maison, ça rend les choses fluides.
Votre personnage, Louise Arbus, est, dans sa complexité, tout à la fois sensible, direct, drôle, exigeant. Vous retrouvez-vous en elle sur certains aspects ?
Il y a quelque chose d’enfantin qu’on a en commun, parce qu’elle va aller là où ça fait mal, mais avec de l’humour, de l’empathie, ce n’est jamais méchant. J’aime beaucoup Louise parce qu’elle est gourmande de la vie. Elle joue beaucoup, elle titille tout le monde, elle cherche le rire, mais avec de l’esprit, pas avec de l’énergie et des vannes.
Cela me touche donc beaucoup que les gens soient venus nombreux pour une série dans laquelle on rit avec des choses fines, le public chope tout, un mot, un sourcil qui se lève… Cela peut être aussi efficace que des choses plus "rentre-dedans".
Donc, pour l’instant, je me retrouve un peu en elle, mais pas totalement, parce qu’elle est très secrète et ça, c’est l’inverse de moi. Le public sait tout de moi !
Je ne sais pas ce que ça cache, elle ne parle pas trop d’elle, ce sera peut-être pour la prochaine saison, la 3 ou la 4. Comment bat le cœur de Louise ? On ne le sait pas et ça va m’intéresser de le découvrir.
Je vois, en tout cas, que vous vous projetez déjà une troisième et une quatrième saison…. C’est déjà acté ?
La troisième a commencé à être écrite pendant le tournage. On verra ensuite si le public est encore là, mais tant qu’on peut dire des choses intéressantes et que la saison qui suit n’est pas une copie de la précédente, il n’y a pas de raison de ne pas y aller.
“Master Crimes” est l’une des séries à succès de TF1. Muriel Robin incarne une enseignante en criminologie.
Il y aura un moment où on aura peut-être fait le tour. Où j’aurai 92 ans et je dirai "Écoutez, là, maintenant, on va arrêter un peu parce que je voudrais pouvoir partir en randonnée toute l’année, avec mes chiens". Mais on n’en est pas là. Tant qu’on se surprend, on y va même avec bonheur.
Vous allez explorer cette saison de nouveaux thèmes, l’isolement, le sectarisme, l’expression de soi à travers l’art aussi. Certains d’entre eux vous ont-ils plus particulièrement touchés ?
Les univers sont très forts et malins, c’est plus tenu et encore plus tordu. On va tirer les fils sur tous les personnages. Tous les curseurs ont monté dans la saison 2. Il y a plus de comédie.
Mais le tournage est déjà loin pour moi et comme je vis terriblement dans le présent, entre-temps, j’ai eu des émotions très fortes dans la vraie vie, par exemple, la semaine dernière, j’étais au Rwanda, à un mètre de gorilles ! C’était quelque chose dont je rêvais depuis 61 ans. Cela m’a bouleversé. Chez moi une émotion chasse l’autre.
Son adieu à Alain Delon, son hommage à Michel Blanc
L’image de la voiture de Muriel Robin, pénétrant dans la propriété de Douchy, avait été saisie par les photographes. La comédienne faisait partie des rares personnalités invitées à venir dire adieu à Alain Delon, dont elle était proche. Le monstre sacré du cinéma, disparu le 18 août, a été inhumé le 24 août sur ses terres du Loiret. "On ne pouvait pas être à l’enterrement, on avait un engagement qu’on ne pouvait absolument pas bouger, on y est allé la veille et ce que je peux vous dire, c’est qu’il était très beau, je pense qu’il serait heureux qu’on le dise. D’une beauté ! Un seigneur. C’est inoubliable, cette image", se remémore-t-elle.
"Je ne suis pas vraiment une rêveuse, lui m’a fait rêver depuis l’âge de 8 ans, confie Muriel Robin. Après, j’ai pu le rencontrer, on est devenus amis. Il a rencontré Anne très vite et ils se sont adorés. Il se retrouvait un peu en elle, ils ont un peu le même regard, quelque chose d’animal. Anne avait une relation très particulière et très forte avec lui. Moi, il me bouleversait, parce que je n’ai toujours vu que le petit garçon blessé. Donc, j’avais pour lui une empathie constante, quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse. Beaucoup de femmes voulaient être dans les bras de Delon, moi, je voulais prendre Alain dans mes bras pour le consoler."
Muriel Robin fait part aussi de sa tristesse après la disparition brutale de Michel Blanc. "C’était un homme plein d’humanité et de talent", souligne-t-elle.
Était-ce important pour vous de renouer avec la comédie, dans ce nouveau registre, après des rôles dramatiques marquants ?
C’est quasiment la première fois que je suis dans une comédie à la télé et sans être obligée de déployer une énergie monstre, sans que cela s’appuie sur moi à 100 %. J’ai beaucoup aimé ça.
Et j’avais envie d’être plutôt ainsi surféminisée, sapée. Ils ont tapé juste.
Effectivement, c’est un peu l’inverse de Jacqueline Sauvage et Marie Besnard. J’étais contente qu’on ne me mette pas des rides, un faux ventre pour me grossir, une perruque pour que j’aie l’air d’être une vieille dame, avec des robes en mousse et des chaussures plates…
Ce rôle de Marie Besnard qui vous a valu un Emmy Awards, celui de Jacqueline Sauvage, qui a aussi marqué les esprits, tous deux puisés dans du vécu, ont-ils été parfois lourds à porter ?
Non, mais le rôle de Jacqueline Sauvage m’a mis un peu plus le pied dans ce fléau des violences conjugales. Il m’a fait m’engager, je vois cela comme quelque chose de positif.
C’est depuis ce jour-là que les choses ont commencé à bouger et elles ne seront plus jamais pareilles, même s’il y a encore beaucoup à faire.
“Mettre fin à notre collaboration” avec Pierre Palmade
Muriel Robin a mis un terme à l’amitié qui la liait à Pierre Palmade, depuis l’accident qu’il a provoqué le 10 février 2023, sur une route départementale de Seine-et-Marne, sous l’emprise de drogues. Trois personnes ont été blessées dont un enfant de 6 ans et une femme enceinte de 27 ans qui a perdu son bébé. Selon les informations de Paris Match, reprises dans la presse et sur les plateaux de télévision, elle refuserait désormais qu’on reprenne les œuvres créées avec Pierre Palmade. Qu’en est-il ? "Oui, c’est le cas, nous confirme-t-elle, mais de quoi parle-t-on ? Parfois des compagnies amateurs nous demandent si elles peuvent jouer nos spectacles. Dans ces cas-là, on recevait une demande. Moi, ma réponse était toujours oui et c’est Pierre qui décidait. On parle de deux demandes par an, des compagnies qui jouent devant des salles de 100 personnes. En argent, je n’en parle même pas, c’est rien. Même si ce n’est pas rien bien sûr pour celui qui a zéro. Mais il m’est arrivé aux oreilles qu’on disait que je lui faisais perdre 5 000 euros par mois. Mon Dieu, s’il gagnait autant, il aurait pu me le dire, parce que j’aurais bien aimé les gagner moi aussi ! Ça ne va pas bouleverser sa vie, mais ça m’a permis de mettre fin à notre collaboration pour l’avenir".
Mais cela n’empêchera pas de retrouver parfois à la télévision certaines œuvres qu’ils ont pu créer ensemble, annonce Muriel Robin. "Quand c’est moi qui interprète, j’apporte le jeu. Ce n’est pas ce qu’on a mis sur le papier, c’est ce que j’en ai fait, moi, avec mon jeu, qui a quand même un poids, explique la comédienne. Si j’avais joué autrement, cela n’aurait peut-être pas eu le même succès. C’est moi qui les ai incarnés et fait vivre. J’ai l’impression donc que ça "m’appartient" un petit peu plus qu’à lui. Je me suis quand même posé la question, mais je ne veux pas priver les gens de ça. Et ce raisonnement me paraît tenir la route. Jusqu’à ce qu’un matin, je me lève et que je me dise que j’arrête tout. Mais là ce n’est pas le cas. De là à donner nos textes à d’autres, non, je ne fais pas de commerce avec ça."
J’ai adoré faire ces films formidables, mais j’ai un peu moins envie de noirceur. C’est un autre temps. J’avais une vie plus noire, plus compliquée. Maintenant, je vais très bien je suis dans une forme de légèreté, d’harmonie, donc, Louise tombe à pic. J’avais envie de quelque chose de plus léger, de plus ensoleillé.
"Le succès est une pommade qui ne guérit pas", disiez-vous sur France Info. Est-ce toujours le cas ?
Oui, mais je me suis guéri autrement. J’ai eu des années de succès où j’étais par terre, j’ai fait des dépressions, etc. Le succès ne guérit pas. C’est une pommade magnifique, mais encore faut-il pouvoir en jouir.
Muriel Robin change de registre dans la série “Master Crimes”. Sa prestation a été une nouvelle fois saluée.
L’important, c’est d’être guéri. C’est mon cas. J’ai laissé tout ce qui était noir ou un peu gris, un peu trop foncé sur le bas-côté.
Vous avez pointé récemment dans Quelle Époque, sur France 2 l’homophobie dans le monde du cinéma, dont vous avez été victime. Vous êtes-vous sentie soutenue après ces propos ?
Oui, d’une certaine façon, mais le vrai soutien serait de faire avancer les choses. Je connais des acteurs hommes homos, s’ils l’avaient dit, leur carrière se serait arrêtée.
Je respecte leur choix totalement évidemment. Mais cela veut bien dire qu’il y a un vrai dossier. En tout cas, j’avais besoin de le dire, à titre personnel, dire par quoi j’étais passée, que j’avais eu cette souffrance-là et qu’on pouvait l’entendre.
Je ne sais pas si cela a changé des choses, elles sont peut-être en train d’évoluer. On verra dans les années qui viennent si on pourra faire une vraie comédie romantique en mettant une femme dans les bras d’un acteur qui vit avec un homme.
Du cinéma à la restauration, les projets de Muriel Robin et Anne Le Nen
Muriel Robin fourmille, comme souvent, de projets. "Je tourne dans le premier long métrage réalisé par Pierre Mazingarbe, il a un univers un peu à la Dupontel, ce sera une comédie décalée. Puis, on va très vite retomber sur la saison 3 de Master Crimes. À la suite, nous avons écrit, Anne et moi, un long métrage qui s’appelle "L’amour, c’est l’amour". Je le réaliserai, je l’espère en août, septembre 2025. Anne a écrit une pièce de théâtre à trois personnages qui se jouera normalement à Edouard-VII en septembre 2025. Elle a écrit seule un scénario qui sera peut-être sur une plateforme, c’est en train de se préciser. Et ensuite elle prépare, un seul en scène, un spectacle dont je ne sais rien, donc j’ai hâte de le voir", annonce-t-elle.
"Et puis après, il y a les choses qu’on fait ensemble qu’il s’agisse de développer tel livre, ou d’ouvrir un restaurant comme on l’a fait à Nice. On espère que ça deviendra une franchise et qu’il y en aura un peu partout en France. Cela s’appelle "La cantine de Jo", on est associées avec la meilleure amie d’Anne qui est restauratrice. C’est très bon, ce n’est pas cher et on mange dans du carton, donc si on veut commencer sur place, finir chez soi, ou au bureau on fait comme on veut", explique Muriel Robin qui multiplie les projets avec Anne Le Nen. "Faire les choses ensemble, ça nous fait moins peur", glisse-t-elle.
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