Le chauffeur de bus prend un coup de tête et un coup de pied : trois mois avec sursis pour l’agresseur schizophrène
|À la suite de l’agression, tous les bus étaient rentrés au dépôt. Midi Libre – MICHAEL ESDOURRUBAILH
Un chauffeur de bus était au tribunal ce mercredi 22 mai pour une agression subie en mars. À l’audience, n’a pas demandé de dommages et intérêts : son agresseur est sous curatelle renforcée. L’agent a pourtant dû se justifier.
Vendredi 22 mars, arrêt La Pile de bus, à Philippidès. La tension monte entre le chauffeur et un passager. Celui-ci reçoit un coup de tête et un coup de pied dans le ventre. Dans la foulée, ce jour-là, un mouvement social est enclenché : tous les bus sont retournés au dépôt. L’affaire paraît simple. Sauf que ce mercredi, à l’audience, devant de nombreux chauffeurs de Tam venus soutenir leur collègue, les rôles sont presque inversés. Le conducteur doit se justifier. Au point d’ailleurs de contester la version de la vidéosurveillance. A-t-il oui ou non redémarré le bus ? À quel point a-t-il fait monter la tension ? A-t-il lui-même porté un coup où s’est-il juste positionné front contre front ? Il reconnaît avoir traité le prévenu de guignol.
En fait, l’agresseur présente un profil particulier. Il est sous curatelle renforcée, souffre de schizophrénie paranoïde stabilisée mais, selon l’expert, est responsable pénalement de ses actes. "Le chauffeur voulait en découdre. J’ai répondu en donnant un coup de tête et un coup de pied au niveau du ventre", explique le prévenu, calme, la voix quelque peu hésitante.
"Comment je vois qu’il est schizophrène ?"
"Je suis choqué, souligne le chauffeur, qui avait eu un jour d’ITT au moment des faits. Ce n’est pas la même personne que j’ai en face de moi." Il se justifie :"J’avais pris mon service à 6 h du matin, je m’étais levé à 5 h." Reconnaissant l’avoir agrippé. Provoqué ? "Non, ça fait sept ans que je conduis des bus, j’ai géré des cas plus compliqués." Interrogeant même l’avocate adverse : "Comment je vois qu’il est schizophrène, c’est écrit sur son front ?"
"Incivilités, injures, violences, agressions, c’est au quotidien"
Pour son avocat, Me Jean-Louis Demersseman, ce procès est celui de "deux malheurs. Il y a la suite de l’incident, mon client, le chauffeur, a craqué, ça l’a retourné. Il est en arrêt maladie depuis." Il enchaîne :"Les incivilités, les injures, les violences, les agressions, c’est au quotidien. Là, son comportement n’a pas été adapté mais il a fait son boulot en voulant respecter les consignes et les expliquer. On ne fait pas le procès de mon client aujourd’hui." L’avocate de Tam a, elle, demandé des dommages et intérêts pour des préjudices économiques et moraux, notamment en raison des perturbations provoquées. À hauteur de 700 €.
"C’est à Tam d’assurer la sécurité de ses chauffeurs"
En défense, l’avocate, Me Marie-Laure Lapetina, a demandé à la présidente de retenir l’altération du discernement et une dispense de peine ainsi que l’irrecevabilité des demandes de Tam. "C’est à Tam d’assurer la sécurité de ses chauffeurs", a-t-elle plaidé.
Jugé coupable, le prévenu a été condamné à trois mois de prison avec sursis. L’action civile a été renvoyée en vue d’expertises complémentaires, il devra payer 800 € de consignation et 300 € de provision.
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