“Le choix de la clarté et de l’audace”, “le président doit nous laisser faire” : la Macronie d’Occitanie face à la dissolution

"Le choix de la clarté et de l’audace", "le président doit nous laisser faire" : la Macronie d'Occitanie face à la dissolution

Patricia Mirallès, secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et députée sortante de la 1re circonscription de l’Hérault, aux côtés du président de la République. MAXPPP – ANDRE PAIN / POOL

Élus et militants de la majorité présidentielle ont accueilli différemment le choix de la dissolution. Si le chef de l’État est parfois mis en cause, les députés sortants en région sont déjà en ordre de bataille.

Sur les boucles Telegram de la majorité présidentielle, le réseau social crypté préféré des politiques accélérateur de la moindre rumeur, l’information n’avait cette fois pas circulé. "On l’a appris, comme tout le monde, à la télévision", souffle lundi matin un militant de la première heure. "Au RN, ils préparaient l’hypothèse d’une dissolution depuis plusieurs mois. Ils sont prêts, pas nous. À part les sortants, on n’a pas de candidat, il va falloir les trouver en quelques jours", se désole un autre, cadre du parti dans la région qui, depuis dimanche à 21 h 15, fait chauffer son smartphone pour former ses bataillons.

En Macronie, la décision du chef de l’État de rejouer les législatives n’a pas fait sauter les troupes de joie. Micro branché, on salue certes "son courage d’écouter le peuple", nous dit l’ancien délégué départemental héraultais Jérôme Toulza. "Il n’avait pas d’autres possibilités. L’assemblée nationale est devenue un bac à sable avec une partie des aboyeurs de la LFI, nous, on n’a pas été capable de faire pacte, c’était devenu une obligation", analyse pour sa part Patrick Vignal, le député de l’Hérault qui repart ferrailler dans cette petite Camargue toujours plus RN pour la quatrième fois en douze ans.

"Il doit nous laisser faire"

Mais en off, d’autres pestent contre ce président "démonétisé qui décide dans son coin de la stratégie. S’il s’engage personnellement dans la campagne, c’est foutu", lâche un élu. Patrick Vignal le dit plus sobrement : "On a un président excellent à l’international, mais il ne peut pas être sur tous les fronts, il faut qu’il nous laisse maintenant faire au national". Son collègue de l’Aveyron Stéphane Mazars en appelle lui à GabrielAttal. "C’est le chef de la majorité, c’est lui qui doit donner le la de la campagne". Pas Emmanuel Macron ? "Joker", balaye-t-il, avant d’ajouter tout de même : "Même si c’était un scrutin européen, il est évident que le résultat traduit une certaine défiance".

À demi-mot, le chef de l’État est donc désigné comme l’une des causes des maux de Renaissance. De Paris où elle aurait dû poursuivre ce lundi les débats autour du projet de loi sur la fin de vie, Laurence Cristol, élue sur la 3e circonscription héraultaise, ne va pas jusque-là, mais elle se dit aussi finalement peu surprise par le résultat des européennes. "On sentait, sur le terrain, venir cette colère. Le message est passé, c’est à nous de l’entendre et de recréer le lien avec les Français, ce dialogue indispensable", confie-t-elle, appelant ainsi à "répondre à leur inquiétude, avec les valeurs que l’on porte".

Stéphane Mazars prévient toutefois : "Dire qu’il faut faire barrage à la peste brune ne suffit plus, même si l’idéologie du RN est aux antipodes des valeurs républicaines. Il va falloir expliquer, décoder ce qu’ils disent, démontrer à leurs électeurs que leur programme n’apporte aucune solution à leurs problèmes", détaille le député de l’Aveyron qui entend donc mener "une campagne de proximité" sur ce territoire où, pour la première fois, le Rassemblement national est sorti en tête dans les urnes.

Une ministre "boostée"

Patricia Mirallès aussi va devoir retourner sur ses terres de la 1re circonscription héraultaise où elle est élue depuis 2017 pour mener campagne. Avant, la secrétaire d’État aux Anciens combattants était encore ce lundi aux côtés d’Emmanuel Macron pour une nouvelle étape du tour de France mémoriel, cette fois à Oradour-sur-Glane. La veille au soir, elle a été convoquée à l’Élysée, comme tous les ministres, une fois tombée la sentence présidentielle. "Certains, autour de la table, ont mis du temps à la comprendre, c’était forcément violent au départ. Mais après avoir discuté, tout le monde est reparti boosté", révèle Mme Mirallès.

Pour elle en tout cas, c’était inéluctable. "Quand le président prend des décisions, elles sont mûrement réfléchies. On ne peut plus attendre cet arc républicain qui ne vient pas. Il a donc décidé de siffler la fin de partie. Si les Français veulent amener Marine Le Pen ou Jordan Bardella à Matignon, ils ont la possibilité de le faire, mais il va leur falloir aller au bout des choses. Sinon, il faut donner une majorité au chef de l’État pour que l’on puisse retravailler jusqu’à la fin de son mandat. Cette dissolution, c’est le choix de la clarté, de l’audace et de l’ambition", défend la ministre. Qui appelle ses concitoyens à "arrêter le tourisme électoral, surtout en cette année commémorative. Rappelons-nous ce qu’a fait l’extrême droite lorsqu’elle était au pouvoir il y a 80 ans".

"Il y a le feu"

Son camarade de la circonscription voisine ajoute tout de même qu’il va falloir "être capable de parler à des gens. Carole Delga en Occitanie, Xavier Bertrand dans le Nord… ", suggère Patrick Vignal au moment où "il y a le feu à la maison". Les macronistes ont trois semaines pour jouer les pompiers.

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