Le match “magique” contre Serena Williams, “je jouais pour mon ex-compagnon, qui malheureusement était décédé”… Quand Virginie Razzano se souvient

Le match "magique" contre Serena Williams, "je jouais pour mon ex-compagnon, qui malheureusement était décédé"… Quand Virginie Razzano se souvient

La joie de Virginie Razzano en 2011 après sa victoire contre Serena Williams. EPA – IAN LANGSDON

Sept ans après son dernier Roland-Garros, où elle a joué le tournoi à 20 reprises, la Nîmoise Virginie Razzano ouvre la boîte à souvenirs entre victoire contre Serena Williams, sa retraite et le douloureux épisode de 2011 où elle avait joué quelque temps après le décès de son compagnon et entraîneur.

Ses premiers souvenirs de Roland-Garros

"Alors le premier souvenir que j’ai à Roland c’était en 2000, j’avais eu une wild card dans le tableau final parce que j’avais à peine 18 ans et que j’avais gagné le tableau juniors l’année d’avant. Et cette année-là, j’avais joué contre Marie-Pierre sur le premier tour. Je menais 4-0 au premier set et puis j’ai commencé à faire quelques fautes directes en voulant frapper plus fort et surtout finir le point plus vite, parce que je manquais d’expérience, forcément. Et c’est comme ça qu’elle est remontée au score lors du premier set. Et après j’avais pris une douille dans le deuxième, 6-1 ou 6-0. Elle frappait de plus en plus fort et je n’arrivais plus à contrer ses frappes très puissantes. C’était un rouleau compresseur et je me sentais complètement en défense et je n’arrivais pas à ramener ses balles bien trop puissantes pour mon gabarit de juniors."

Le jour où elle a battu Serena Williams

"Jouer Serena Williams au premier tour, c’est vrai que ce n’était pas un très bon tirage pour moi, mais ça restait quand même incroyable de l’affronter. Je perds le premier, après je gagne le deuxième 7-6 en étant menée 5-1 ou 5-2 dans le tie-break. Et puis dans le troisième set, je mène 4-0 avant de cramper aux cuisses et au mollet. Ça commençait à être un petit peu difficile parce que je n’arrivais plus trop à pousser au service. Donc je faisais en sorte de bien placer mes balles au service avec un peu d’effet pour ne pas qu’elle ait de la facilité pour me contrer derrière. C’était un gros soulagement d’avoir gagné ce match parce que j’étais très fatiguée. Mais c’était un match magique avec tout le public français puisque j’ai vraiment été très soutenue, comme Serena d’ailleurs."

Un dernier match à Roland et une dernière défaite

"C’était au dernier tour des qualifications en 2017 où j’avais obtenu une invitation pour les qualifs. J’avais obtenu une wild card qualif. Au dernier tour, j’avais joué une joueuse qui variait beaucoup le jeu. Et je n’avais pas réussi ce jour-là à trouver des solutions pour pouvoir la déborder sur des frappes parce qu’elle courait partout et ramenait tout. J’avais l’impression de jouer un joueur comme Rafael Nadal chez les filles. Pour moi ça avait été un match compliqué. Sans trouver de solution vraiment pour m’en sortir. J’avais eu l’impression d’être passée à côté de mon match parce que j’avais été impuissante et incapable de trouver des solutions pour l’embêter. Donc ce n’était pas un match mémorable pour ma part."

Un match pour son compagnon, décédé avant Roland-Garros

"Psychologiquement, je m’étais dit : "Si tu vas jouer Roland-Garros, il faut que tu sois capable de pouvoir faire un match avec un minimum de concentration, parce que sinon ce ne sera pas possible". Je voulais essayer de prendre un maximum de plaisir sur ce que tu sais faire de mieux. J’avais beaucoup d’émotions, ça c’est sûr, puisque je jouais pour mon ex-compagnon, qui malheureusement était décédé. Et je voulais gagner ce match pour lui et qu’il fallait que je me donne à 100 % pour qu’il soit satisfait. Il y avait de la tristesse, de la joie de vouloir aussi jouer au tennis devant mon public français, et partager ce moment difficile avec eux. J’ai voulu lui dire : "Je serai capable de jouer au tennis, même si tu n’es plus là, parce que la vie continue". Parce qu’il me l’avait demandé. Il m’avait dit : "Le jour où je ne serai plus là, tu continues à jouer au tennis". Ça n’a pas été facile… (elle pleure). Il m’a fallu énormément de courage pour surmonter toutes ces émotions."

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