Les cent quarante ans du rail en Gévaudan, une célébration réussie et animée à Marvejols

Les cent quarante ans du rail en Gévaudan, une célébration réussie et animée à Marvejols

Près de 120 personnes étaient à bord du train. Midi Libre – Anaïs Da Silva

L’association AP 2800, avec l’aide de nombreux partenaires, a fêté comme il se doit, dimanche 11 août 2024, les 140 ans du rail en Gévaudan.

Il est 11 h 10, dimanche 11 août, lorsqu’un train bleu fait son apparition voie 1 à la gare de Mende. Sur le quai, une vingtaine de personnes patiente avant de monter à bord de cet engin mythique, historique et touristique. Au total, près de 120 personnes sont à l’intérieur. Au départ de Langogne, à 9 h 07, le train est passé sur le rail translozérien, qui relie Le Monastier à La Bastide, créée pour desservir Mende.

La composition du train Bleu d’Auvergne

Ce n’est pas un train habituel appartenant à la SNCF. Il date des années 1950. "On le reconnaît notamment avec sa sonorité du moteur", sourit Pierre Ledevin, l’un des trois conducteurs du jour, membre de l’association AP 2800. Cette dernière, l’association Balades ferroviaires en Causses et Cévennes, le Département, la Ville de Marvejols et l’office de tourisme se sont associés pour célébrer les 140 ans du rail en Gévaudan. "Ça fait chaud au cœur ! Beaucoup de gares ou de rails ont été fermés, mais celle-ci est encore là !", souligne le responsable de la maintenance de l’association.

Jean-Louis Maurin, conférencier : “C’est ça, la vraie écologie !”

Quelle est la date précise de cet anniversaire ?

C’est le 3 mai 1884 précisément. Le jour où le train est arrivé à Mende et à Marvejols.

Quelle est l’importance de fêter ces 140 ans ?

Ce n’est pas seulement une date anniversaire importante. C’est bien plus que cela. Cette date clé est là pour rappeler qu’il y a 140 ans, la Lozère se prenait en charge du point de vue ferroviaire. Nous étions sur une avancée majeure. C’est une époque lointaine, certes, mais nous ne pouvons pas comprendre une société si nous ne remontons pas à certaines évolutions importantes telle que celle-ci.

Que pensez-vous de l’avenir du train et des rails ?

Actuellement, il y a une grande concurrence entre le rail et l’autoroute dans le secteur de la Lozère. Je suis content que cet événement ait lieu à Marvejols car nous avons tendance à oublier, dans ces villes, l’importance des lignes ferroviaires. Nous allons redécouvrir, à mon avis, dans quelques années, que s’il y a un moyen davantage écologique pour se déplacer, c’est le train. Il ne faudra pas, à ce moment-là, réaliser que nous avons tout laissé tomber… L’avenir va passer par le train. La voiture électrique, c’est bien mais tout le monde n’a pas les moyens de se l’offrir. Si nous concevons une mobilité autour des rails ou des tramways, je pense, que nous avons un avenir. C’est ça, la vraie écologie !

"Ce modèle de train a été construit pour rouler sur les lignes de montagne, principalement celles du Jurat et du Massif central. Il est composé d’un moteur MGO qui, a l’époque, été le moteur le plus puissant pour ces engins avec 825 chevaux", détaille minutieusement Pierre Ledevin. Cet autorail a plusieurs surnoms : Le Roi des montagnes et Le Bleu d’Auvergne.

Pour cet événement, deux engins et une remorque, stationnés habituellement à Langogne, étaient présents afin d’accueillir un maximum de personnes. Le premier engin, en tête du cortège date de 1962, celui à l’arrière de 1958, tandis que la remorque entre les deux est de 1979.

"Nous avons gardé les engins dans leur jus"

"Créés au départ par Renault, ils étaient rouges et crème comme les Michelines, précise le passionné. Avant d’être recoloré en bleu lui donnant ainsi son surnom de Bleu d’Auvergne." Qui dit anciens véhicules, dit beaucoup de travail de maintenance pour en prendre soin. "Faut y faire très attention pour les conserver, indique Pierre Ledevin. Nous réalisons donc de nombreux travaux pour garder les engins dans leur jus."

Alors que les passagers sont en direction de Marvejols, où de nombreuses animations les attendent, le train doit respecter des horaires et des limitations de vitesse bien précises. Pour rouler sur ces rails, l’association a réalisé une demande auprès de la SNCF trois mois auparavant.

Les cent quarante ans du rail en Gévaudan, une célébration réussie et animée à Marvejols

L’association AP 2800 au service des passagers. Midi Libre – Anaïs Da Silva

L’avis de la maire de Marvejols

La gare de Marvejols était le terminus du premier trajet au départ de Langogne. Patricia Brémond, la maire était sur le quai dès l’arrivée. "Ces 140 ans sont symboliques. C’est une date importante inscrite dans l’histoire. Nous nous battons pour que le train perdure. Ce n’est pas un moyen de transport du passé, mais bien celui du futur ! Nous avons besoin de revenir au train. C’est moins polluant et plus sûr. Ici, en Lozère, nous en avons besoin pour désenclaver notre département. Et nous ne lâcherons rien", annonce-t-elle en souriant, fière d’accueillir cet événement. De nombreuses animations étaient organisées sur place pour animer la journée.

Une allure modérée

"Nous roulons entre deux TER, nous n’avons pas le droit d’être en retard et encore moins en avance, explique-t-il. En ce qui concerne la vitesse, c’est autre chose. Ces trains pouvaient rouler jusqu’à 140 km/h. Dans le cadre associatif, nous sommes limités à 120 km/h. Mais ce n’est pas un problème car, sur ces lignes, nous sommes en visite touristique et la vitesse maximum est de 75 km/h sur la ligne. Le but n’est pas d’aller vite, mais de faire des ralentissements aux niveaux des lieux touristiques comme les viaducs et les points de vue pour que les passagers admirent les paysages. Nous allons donc à 45 km/h." Cette allure modérée permet aussi aux amoureux de ces engins, postés à des endroits propices, de pouvoir les photographier et d’en garder des souvenirs.

Il est 12 h 15 et le train est en gare de Marvejols.

Un photographe nancéien sur place

Les cent quarante ans du rail en Gévaudan, une célébration réussie et animée à Marvejols

Étienne Collart a parcouru plus de 700 kilomètres pour participer à l’événement. Midi Libre – Anaïs Da Silva

Des dizaines de locaux et quelques touristes sont montés à bord du train. Mais ce ne sont pas les seuls à avoir fait le déplacement. Des photographes professionnels ou amateurs se sont eux aussi mobilisés pour l’occasion afin d’immortaliser le moment en images. Certains se sont positionnés à des endroits stratégiques où passent le train que l’on surnomme le Bleu d’Auvergne, d’autres ont préféré monter à bord. C’est le cas d’Étienne Collart, venu spécialement de Nancy le temps du week-end. Il a rejoint l’équipage dans la première rame à Chanac pour rejoindre Marvejols. Il a parcouru près de 700 kilomètres, soit quasiment sept heures de route pour l’événement du 11 août.

"C’est un vieux matériel que j’ai connu dans l’ancien temps", souligne le passionné de train. Ce n’est donc pas la première fois que l’homme se déplace à des centaines de kilomètres de chez lui pour réaliser des clichés de cet autorail. Il s’était déjà rendu en Provence pour admirer cet engin des années 1950.

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