Les combats du col de Fontjun et des fusillés de Béziers vu par Richard Vassakos
|Richard Vassakos raconte les combats de Fontjun, mais encore toutes les représailles qui vont découler de cet acte de résistance.
"Juliette et les visages de la Résistance. 1944 en Biterrois", un ouvrage de Richard Vassakos aux éditions Aldacom, en librairie ce jeudi 6 juin. Dans ce recueil l’auteur évoque l’épisode des combats du col de Fontjun, mais aussi les représailles qui s’en suivront dans le Biterrois.
Vous publiez ce 6 juin aux Éditions Aldacom un nouvel ouvrage, "Juliette et les visages de la Résistance. 1944 en Biterrois". De quoi est-il question ?
L’évocation du combat du col de Fontjun, situé sur la commune de Cébazan entre Puisserguier et Saint-Chinian, a eu lieu dans la nuit du 6 au 7 juin 1944. Cinq résistants y ont été tués et 18 autres arrêtés. Ils seront torturés puis fusillés à Béziers, au Champ-de-Mars, dans l’après-midi du 7 juin 1944. Parmi eux figurait une femme, Juliette Cauquil. L’ouvrage traite aussi d’un fait moins connu qui découle de cette bataille, la rafle et la déportation en représailles, le 9 juin, de 179 hommes de Capestang avec de nombreux résistants qui avaient pris part au combat et qui étaient originaires de cette commune. Fontjun sera l’un des signaux précurseurs qui montrent le changement d’attitude de l’occupant et de ses soutiens collaborationnistes qui se radicalisent à partir du 6 juin dans toute la France.
Pourquoi avoir choisi de revenir sur ce sujet au fond bien connu des Biterrois ?
Il n’existait aucune publication basée sur les documents d’archives. J’ai épluché les Archives départementales de l’Hérault, celles de Béziers, de Capestang, et j’ai surtout eu accès aux dossiers des Archives Nationales et aux enquêtes menées après le conflit par le service dédié aux crimes de guerre. Grâce à ces précieux documents, j’ai pu faire des recoupements avec les écrits de plusieurs acteurs de l’événement et je suis arrivé à établir certains faits qui prêtaient encore à débat. Mais ce travail est allé au-delà de juin 1944 puisque je me suis intéressé à la mémoire de cet épisode, aux usages qui en ont été faits et aux questions générées par ce drame.
Un tel travail d’historien est-il accessible au plus grand nombre ?
Cela aurait pu être le cas, mais sous l’impulsion de mon éditeur, Alain D’Amato, j’ai pris le parti d’écrire ce livre sous la forme d’un essai de 128 pages, pédagogue, accessible et rythmé, qui mêle récit et analyses au fil de courts chapitres. Si le travail de fond reste bien celui d’un historien, sur la forme nous l’avons voulu accessible à tous. C’est ce que l’on appelle de la vulgarisation, un exercice beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît.
Vous avez choisi de décrire ce drame à travers différents visages. Pourquoi ?
Parce qu’il fallait raconter cette histoire à échelle humaine et surtout replacer les différents acteurs dans un contexte bien plus complexe que celui que nous pouvons imaginer aujourd’hui. Il était donc nécessaire de connaître les visages de ces femmes et de ces hommes ainsi que les origines de leur engagement pour mieux comprendre ce que signifiait "résister" en 1944.
Pourquoi avoir mis particulièrement en avant la figure de Juliette ?
Juliette Cauquil est devenue rapidement une figure emblématique de l’exécution du Champ-de-Mars par son attitude et son courage et la choisir comme fil conducteur est apparu comme une évidence. Elle incarne une partie largement invisibilisée mais fondamentale de la Résistance : les femmes.
On vous sent ému quand vous évoquez ce sujet.
J’ai été élevé dans une famille où le dimanche après le repas on parlait d’histoire et immanquablement étaient évoquées les petites anecdotes et les grands faits de résistance de la région dont Fontjun, aux portes de ce Somail refuge des maquis où ma grand-mère avait passé la guerre. C’est donc assez naturellement que, plus tard, je me suis penché sur la question au cours de mon parcours de chercheur.
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