Les élus de Camargue vent debout contre une modification du Plan Rhône demandée par l’État

Les élus de Camargue vent debout contre une modification du Plan Rhône demandée par l’État

Les élus du Gard et des Bouches-du-Rhône font front commun. Midi Libre – C.M.

Le Symadrem, syndicat en charge de la mise en place du Plan Rhône estime que les changements demandés sur le Petit-Rhône pourraient impacter 18 000 habitants en Camargue.

"On ne bougera pas d’un iota. Le Plan Rhône doit aller à son terme. On demande à l’État de respecter ses engagements" déclarent d’une seule voix les élus du Symadrem qui enchaînent les réunions depuis qu’ils ont reçu un courrier signé des préfets de Paca et du Gard leur demandant de revoir le Plan Rhône. Le courrier évoque une "demande d’évolution et d’optimisation technico-économique du projet […] notamment la proposition d’alternatives fondées sur linéaire de digues à sécuriser restreint, justifié par la protection à la crue millénale de la zone urbanisée de Trinquetaille et permettant à l’aval un apport d’eau douce à la faveur des crues sur l’île de Camargue pour lutter contre la salinisation en cours".

8 km de digues au lieu des 26 km prévus

Après une étude, l’État confirme la possibilité d’un "aménagement plus efficient. La sécurisation de 8 km de digues en rive gauche au lieu des 26 km que vous projetiez suffit à la protection de la zone urbanisée de Trinquet raille (Arles). Symétriquement, en rive droite côté Gard, 8 km de travaux de sécurisation permettent de compléter la protection de Fourques (..) permettant une sécurisation des digues jusqu’à l’écluse de Saint-Gilles".

Les élus de Camargue vent debout contre une modification du Plan Rhône demandée par l’État

Le schéma des modifications envisagées. En jaune, les parties qui ne seraient plus concernées par le Plan Rhône. Midi Libre

À l’aval, l’État constate que "les digues conservent un risque de brèche important" et évoque un déversoir en rive gauche (côté Bouches-du-Rhône) calé à la crue décennale permettant de faire sortir suffisamment d’eau lors des crues pour ne pas fragiliser les digues à l’aval".

Incompréhension des élus

Une remise en cause du Plan Rhône que les élus du Delta ne peuvent pas comprendre.

"Est-ce une question de rentabilité ? On nous parle de lutte contre la salinité mais nous travaillons déjà sur ce sujet avec les riziculteurs ou pour réactiver des canaux apportant de l’eau douce au Vaccarès de façon moins violente qu’une crue. In fine, on aurait donc des digues abaissées de deux mètres, avec un risque de crue tous les 7 ans" estime Gilles Dumas, maire de Fourques et premier vice-président du Symadrem.

"Après la crue centennale du Rhône de 2003, trois présidents de région (Rhône-Alpes, Paca et Languedoc-Roussillon à l’époque) s’étaient entendus pour demander à l’État un plan de sécurisation du Rhône. Le Symadrem a été chargé de la mise en place de ce Plan sur le Delta du Rhône. Il a réuni tous ceux qui géraient les digues dans les différents secteurs sur un pied d’égalité. C’était une grande nouveauté puisque depuis le XIIe siècle, chacun gérait ses digues de son côté. En 2003, d’ailleurs, les digues du Rhône étaient légèrement plus hautes côté Bouches-du-Rhône que du Gard. Trois contrats Etat-Régions ont été signés (nous sommes actuellement dans le troisième). 220 M€ ont été nécessaires à la sécurisation des digues du Rhône. On devait maintenant attaquer la seconde partie avec un budget de 190 M€ dont 130 M€ sur le Petit Rhône" recontextualise Gilles Dumas.

Les élus de Camargue vent debout contre une modification du Plan Rhône demandée par l’État

Les élus estiment que la Camargue est “sacrifiée”. Midi Libre

"Les digues de chaque côté du Rhône ont été refaites sur 5 km. Il est évident qu’on ne peut pas monter des digues jusqu’au ciel, alors ces digues ont été conçues pour résister au déversement d’une crue centennale. Il a fallu faire accepter aux habitants et aux acteurs économiques qu’il pourrait y avoir un peu d’eau. Sans commune mesure bien sûr avec ce qui s’est passé avec une rupture de digue comme en 2003", poursuit le président du Symadrem et adjoint de la ville d’Arles, Pierre Raviol. Il note une solidarité extraordinaire entre Gardois et Bouches du Rhône et pointe la mission essentielle du Symadrem : "la sécurisation des biens et des personnes. Si on accepte cette modification, on accepte que des habitants soient inondés. Comment allons-nous leur expliquer ?"

"Nous ne voulons pas être un territoire sacrifié"

Le Symadrem estime que la modification du plan Rhône pourrait impacter autour de 18 000 personnes (17 000 en Camargue gardoise, un millier côté Bouches-du-Rhône) et occasionner notamment de gros dégâts agricoles et sur la faune.

"En 2003, l’eau était restée 85 jours et était arrivée jusqu’à Aigues-Mortes" souligne de son côté Robert Crauste, conseiller départemental, maire du Grau du Roi, également président de la communauté de communes Terre de Camargue et du syndicat mixte de la Camargue gardoise. "On attend ces travaux depuis 20 ans : il fallait attendre notre tour, on a très bien compris qu’il fallait d’abord sécuriser le Rhône. Et maintenant tout est remis en cause ? On parle d’un territoire de près de 20 000 personnes, avec des activités agricoles, touristiques. Nous ne voulons pas être un territoire sacrifié. En cas de crue centennale, on le sait,  les digues du Petit Rhône qui datent du 19e siècle vont casser. Ce n’est pas un caprice d’élu : c’est un argument technique !"

Les élus du Symadrem veulent conserver leur unité et la solidarité amont et aval, rive droite et rive gauche. Lucien Limousin, maire de Tarascon et élu des Bouches-du-Rhône l’a rappelé avec force. "Tarascon n’est pas concerné par ce changement mais nous resterons bien évidemment solidaires".

Un appel envoyé au Premier ministre

"Il faut que l’État reconsidère sa position, ce n’est pas acceptable" résume Robert Crauste. Dans un premier temps, le comité syndical, réuni le 16 septembre a voté à l’unanimité une délibération pour demander aux deux préfets "de respecter les engagements de l’Etat". Les élus ont rencontré cet été le préfet de Paca Christophe Mirmand et ce 25 septembre le préfet gardois Jérôme Bonet. " Le préfet a été très à l’écoute", souligne Gilles Dumas. Le Symadrem a aussi alerté les élus départementaux, régionaux, députés et sénateurs et envisagent aussi des réunions publiques avec la population. "Nous nous sommes engagés politiquement vis-à-vis de nos concitoyens" rappelle Lucien Limousin qui souhaite également l’arbitrage de la préfète de région du Rhône, qui pilote la totalité du Plan Rhône. Le Symadrem annonce enfin un "Appel du Grand Delta" lancé à tous les élus lundi 4 novembre à  Arles pour signer un courrier qui sera adressé au Premier ministre. Enfin, ils n’excluent pas de recours contentieux. "Au nom de quoi un citoyen de Tarascon aurait il plus de valeur qu’un citoyen d’Aigues-Mortes ?"

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