“Les enfants, c’est un public dangereux ! On ne peut pas tricher avec eux !”, les confidences d’Aldebert avant sa venue au Cratère d’Alès
|Le chanteur repart en tournée pour son album métal “Helldebert”. Midi Libre – JEAN MICHEL MART
Bien connu du jeune public (et des parents) pour ses "Enfantillages", albums de musiques pour enfants, le chanteur ouvre sa nouvelle tournée ce vendredi 30 septembre sur la scène du Cratère.
Helldebert – Enfantillages 666, c’est votre nouvel album de chansons pour enfants. Mais celui-là est clairement inspiré des univers du hard/rock et du métal. Des musiques que les parents, d’habitude, ne font pas écouter à leurs enfants ! Non ? Vous en pensez quoi ?
Je dirais justement qu’il y a plein de passerelles entre les deux univers, le métal et l’enfance. Je le sais d’expérience. Sur la scène, dès qu’on met une grosse guitare, une énergie rock/métal, les enfants répondent présents et sont acteurs du show ! C’est quelque chose que j’ai constaté en saupoudrant dans mes Enfantillages précédents des morceaux un peu rock ou quelques solos. On voit qu’il y a des points communs en termes d’énergie, d’enthousiasme, de sincérité, de folie ! C’est ce qui m’a conforté d’en faire carrément un album dans cette esthétique-là ! Ce qui présente aussi un risque… Mais un risque que j’étais prêt à prendre ! C’est pour cela qu’on a aussi, pour l’album, sollicité des stars du métal français et international.
C’est aussi un album très personnel, pour ne citer que le titre "Seum 51", qui est aussi pour vous la nostalgie du temps qui passe pour reprendre une célèbre formule ?
Oui c’est ça ! Mais le métal, en plus d’être une catharsis, c’est pour moi un bon moyen de gérer ma crise de la cinquantaine ! Ça m’a fait revenir naturellement à ce qui m’avait bouleversé ado. Ces sons, cette énergie, et ce côté hors sol. Le métal, ce n’est pas que de l’énergie où l’on saute partout. Il y a aussi beaucoup d’inspirations fantastiques dans les thèmes : la science-fiction, l’heroic fantasy, l’épouvante… Il y a beaucoup d’imaginaires, de déguisements, de masques ! Et là, encore, il y a une passerelle avec l’enfance : les enfants sont sensibles à ces thématiques-là. Et c’est tout cet univers, cette énergie, que je veux leur faire partager sur scène.
Si le rock/métal est votre ADN de départ, qu’est-ce qui a fait que votre carrière s’est plus inscrite dans la chanson ?
C’était aussi des choses qui font partie de mon parcours. Mes parents écoutaient beaucoup de chanson française. J’ai été vraiment bercé par ça. Et à l’adolescence, comme tous les ados en fait, on a des envies d’adrénaline, d’aller dans les extrêmes. Et surtout de ne pas reproduire le modèle de nos parents ! Les miens n’étaient pas du tout métal, pas du tout rock. Donc je suis allé direct là-dedans ! Mais après pas mal de groupes amateurs entre copains, je me suis mis à écrire des chansons. En mettant un peu en sourdine le côté métal. Mais c’est l’énergie des enfants qui m’a renvoyé ce côté. Qui m’a renvoyé cette évidence.
À jamais un grand enfant
Après une enfance à Besançon, Guillaume Aldebert parcourt les routes et cumule les concerts avec ses chansons depuis les années 1990-2000. En 2008, il sort "Enfantillages", album spécialement dédié aux enfants, dont le succès sera suivi par quatre suites, dont le dernier, "Helldebert – Enfantillages 666". Des albums, marqués par des collaborations avec des noms prestigieux de la musique, qui font remplir les zéniths de France dans le cadre de tournées plus que marathoniennes.
À Alès, le concert de ce vendredi 20 septembre débute à 20 h 30, mais affiche complet. Le Cratère n’exclut pas, cependant, la venue de quelques ultimes places disponibles à la dernière minute.
Et pourquoi, depuis plusieurs albums, se consacrer au jeune public ?
Dans un de mes albums, L’année du singe, il y avait déjà pas mal de chansons en lien avec l’enfance. Au départ, Enfantillages, ce n’était qu’une parenthèse. Finalement, je me suis plus éclaté en faisant ça que les autres chansons ! Du coup je veux proposer des chansons pour enfants qui ne sont pas exclusives. Qui ne visent pas que les enfants. Et finalement, je fais autant face à un public de parents que d’enfants ! Certains disent que ces Enfantillages sont de la musique pour parents ! Ces deux lectures font que je suis dans quelque chose de très ouvert, qui n’est pas une niche.
Mais il y a, depuis, le défi de captiver deux publics différents !
Enfantillages, en fait, c’est beaucoup plus rock’n’roll que ce que je faisais avant pour les adultes. Les enfants, ils sont cash ! Ils prennent l’émotion, ils vivent l’instant. Ils ont un rapport très physique avec la musique. Comme dans le métal ! Du coup, quand on joue, ça matche ou ça ne matche pas ! Et quand ça ne matche pas, on le voit tout de suite. Les adultes, eux, ils ont des codes. Ils vont rester jusqu’à la fin et ils applaudiront même si le spectacle ne leur a pas plu. Alors que les enfants… Ça ne marche pas comme ça ! Les enfants, c’est un public dangereux, (rires). Avec eux, on ne peut pas tricher !
Je m’abonne pour lire la suite