Les jumelles ukrainiennes Aleksiiva en lice pour les JO en natation synchronisée, s’entraînent à Sète loin des bombes
|Les jumelles Aleksiiva, médaille de bronze de natation synchronisée se préparent aux JO de Paris, à Sète. Sète Agglopôle – Jean-Pierre DEGAS
Marina et Vlada Aleksiiva, championnes de natation synchronisée, ont offert un entraînement public mardi 16 juillet à la piscine Fonquerne de Sète.
Le sourire doux et posé des jumelles Aleksiiva ne trahit pas les tourments de la guerre qui fait rage en Ukraine, ni les meurtrissures des bombes russes qui balafrent leur région d’origine, Kharkiv. Et pourtant, sous le soleil estival sétois, les deux sœurs, âgées de 23 ans, fiertés nationales après leur médaille de bronze de natation synchronisée à Tokyo en 2020, vivent chaque jour avec une pensée pour leurs proches restés au pays. Marina et Vladyslava (Vlada) Aleksiiva visent désormais l’or aux JO de Paris, dans la catégorie ballet en duo. "Nous serons 140 athlètes à Paris. Ce n’est pas une délégation si importante, mais par temps de guerre, c’est quand même bien que nous puissions être représentés, comme nous l’avons été lors des précédents conflits qu’a connus notre pays. C’est vraiment un fort enjeu pour notre pays", confient-elles, lors de notre entrevue sur un de leurs rares jours "off".
Nîmes, Sète et Montpellier
Pas d’alerte à la bombe, pas de coupure d’électricité, des douches chaudes tous les jours. Les jeunes filles sont ravies de leur accueil en France, après Nîmes, Sète (piscine Fonquerne) et demain Montpellier dès le 23 juillet. "C’est joli ici, paisible, les gens sont attentifs, à notre écoute, relève Vlada. On peut s’entraîner dans plein de piscines différentes". Et surtout à plein temps, deux fois par jour en moyenne.
L’entraînement public organisé mardi soir à la piscine Fonquerne, leur a ravi le cœur : "C’était un petit morceau d’Ukraine. On s’est senties comme lors des séances chez nous, sans nos tenues, ni maquillage. Mais on a signé des autographes. On a vraiment apprécié la présence d’Ukrainiens (réfugiés en France, NDLR) venus nous supporter. Il y avait même des gens qui venaient de la même région que nous, c’était vraiment beau. Notre coach était plus impressionnée que nous par la présence de la foule dans les tribunes". Les jeunes athlètes confient se sentir soutenues par les autres nations qui ont proposé leur aide logistique au lendemain de la guerre, "même les Japonais". Un appui, notamment des Français, qui leur fait chaud au cœur. Même hors des bassins. "Dans ce restaurant en France, les gens nous criaient : "bonne chance pour la médaille d’or !"".
Elles ont échappé de justesse à la mort
Les championnes sont basées à Kiev depuis que leur piscine, construite à côté d’une usine de tanks, a été détruite à Kharkiv. Leurs parents y retournent pourtant régulièrement pour rendre visite aux grands-parents restés vivre sur place. Les jumelles ont échappé de justesse à la mort, un jour où elles n’avaient pas entendu l’alerte alors qu’elles avaient la tête sous l’eau. "Kiev, c’est plus calme que Kharkiv, décrivent-elles. Mais on doit consulter les informations pour savoir si c’est safe ou pas. C’est notre coach qui nous dit si on peut aller ou pas à la piscine".
Et la performance dans tout ça ? "A Kiev, c’est plus calme mais ça reste stressant. On est perturbées par les alertes, c’est dur moralement. Mais on se retrouve de la normalité quand on s’entraîne parce que notre coach, elle nous protège. Elle nous dit de ne pas lire les infos sur la guerre. Mais c’est tellement énorme que ça ne marche pas vraiment ! Notre équipe pourrait faire tellement mieux s’il n’y avait pas la guerre." La compétition internationale ce sera évidemment, pour les athlètes ukrainiens, l’occasion de dénoncer cette "guerre amorale" comme la qualifie Marina. Les nageuses espèrent, par une médaille d’or, "apporter une source d’inspiration pour les Ukrainiens."
Le jour J, les 9 et 10 août prochains, Marina et Valda n’auront que leur maman pour les soutenir au bord du bassin. "Les hommes n’ont pas le droit de quitter le pays, c’est illégal". C’était déjà le cas en 2020 à Tokyo, cette fois à cause du Covid.
Les championnes ukrainiennes ont été suivies dans leur préparation aux JO pendant un an par Louis Villers. Son documentaire "Les Sirènes d’Ukraine" sera diffusé jeudi 18 juillet sur Canal Plus Docs. Je m’abonne pour lire la suite