Ligne Très Haute Tension entre le Gard et les Bouches-du-Rhône : le tracé officialisé, les élus gardois survoltés
|Elus, associatifs, représentants du monde agricole, tous unis contre un seul et même projet. Midi Libre – MiKAEL ANISSET
Le "fuseau" de la future ligne 400 000 volts entre Fos-sur-Mer (13) et Jonquières-Saint-Vincent a été dévoilé vendredi 27 septembre à Marseille.
Ses opposants dénoncent une mascarade de concertation.
Vendredi 27 septembre, à la sortie de la préfecture de la région Paca à Marseille, élus et représentants du monde agricole gardois ne décoléraient pas. « Des solutions alternatives à ce projet existent bel et bien. mais elles n’ont pas été sérieusement examinées. Dans cette affaire, c’est le Gard qu’on a choisi de sacrifier ! », pestait notamment Juan Martinez, maire de Bellegarde et président de la CCBTA.
Ce matin-là, l’entreprise RTE mandatée par l’Etat pour réaliser l’infrastructure, présentait officiellement le tracé retenu pour le passage de la future ligne aérienne très haute tension (THT- 400 00 volts) devant, d’ici quelques années, relier Jonquières-Saint-Vincent à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône.
Un projet qui suscite, tout particulièrement dans le Gard, la vive opposition des élus de tous bords et des représentants du monde agricole, qui craignent notamment la défiguration des paysages. « Bien sûr qu’il faut décarboner, nous aussi agriculteurs on souffre cruellement du réchauffement climatique. Mais ce projet qui nous a été présenté, avec ses câbles et ses gigantesques pylônes, est digne des années soixante-dix ! », a notamment dénoncé David Sève.
Pour le président de la FDSEA du Gard, loin de cette proposition « à la hussarde », c’est bel et bien à un projet s’inscrivant dans le paysage – et dès lors plus respectueux de l’environnement et des agriculteurs – auquel il faudrait urgemment revenir. « Les propositions alternatives, ils n’en ont rien eu affaire. L’enfouissement des câbles voilà ce qu’il fallait retenir ! », s’est de son côté désolé Laurent Ducurtir, retraité agricole venu ce jour-là tout spécialement à Marseille depuis Beaucaire et fermement opposé au projet.
Vers 11h30, regroupés sur le trottoir, ces amoureux de la terre et de leur terroir constataient amers et d’une seule voix, les « efforts incontestables » opérés, selon eux, dans cette affaire, pour préserver le territoire des Bouches-du-Rhône notamment entre Saint Martin-de-Crau et Fos-sur-Mer. « Là, la ligne THT longera la nationale…Alors qu’à partir de Saint-Martin et au-delà vers le nord (puis dans le Gard, NDLR), ça va être du grand n’importe quoi ! », constatait, tracé de la future ligne en main, l’un des agriculteurs.
Consultation : phase 2
Vers 12h45 devant la presse, en présence des représentants de l’opérateur RTE et de Jérôme Bonet, préfet du Gard, le préfet de la région Paca, Christophe Mirmand (chargé de conduire le projet de ligne THT au nom de l’Etat), a tenu à rappeler que le choix désormais acté de ce fuseau dit « de moindre impact », ne marquait en aucun cas la fin de la consultation dans cette affaire.
« La commission nationale du débat public va être saisie dans les jours à venir. L’instruction du dossier en collaboration avec les élus et acteurs du territoire se poursuivra jusqu’à l’ouverture, courant 2025, d’une enquête publique pour une nouvelle consultation du grand public », a souhaité rassurer le haut fonctionnaire. Rappelant entre autres que la nouvelle ligne vise à répondre à ce besoin de décarboner l’activité des industriels de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, Christophe Mirmand a par ailleurs indiqué que la concrétisation de la nouvelle ligne THT sera également subordonnée à sa déclaration d’utilité publique.
De son côté, RTE a détaillé les futures études impact à venir : sur la faune, la flore, « et bien évidemment sur le monde agricole », a insisté une représentante de l’entreprise, répondant alors à la question insistante d’une journaliste.
Sans compter les éventuels recours en justice, les travaux de la future ligne THT devant relier Joncquières-Saint-Vincent à Fos-Sur-Mer démarreront début 2027. La mise en service de la nouvelle infrastructure est estimée par RTE à fin 2028.
Questions à Christophe Mirmand, Préfet de la région Paca, préfét des Bouches-du-Rhône
Quels avantages les Gardois vont-ils tirer les Gardois de la construction de la nouvelle ligne THT ?
Tout d’abord la sécurisation de leur territoire. À l’image des Bouches-du-Rhône, le Gard souffre en effet d’une certaine fragilité électrique. La nouvelle ligne THT permettra de répondre à ses besoins en la matière. Des besoins qui sont d'ailleurs en pleine évolution.
Par ailleurs, si la nouvelle ligne THT vise à répondre à l’adaptation énergétique des industriels des Bouches-du-Rhône (et notamment de ceux de la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer mais pas que), les salariés concernés par la compétitivité de ce pôle économique majeur dépassent largement les Bouches-du-Rhône. Si l’on regarde les emplois directs et indirects, des salariés des secteurs d’Arles, et au-delà, du Gard, sont tout autant concernés.
À ce stade de la concertation, des enfouissements de lignes sont-ils envisageables dans notre département ?
Je dirais même que des enfouissements (et déposes de lignes) sont envisageables essentiellement dans le Gard, département l’on dénombre bien plus de lignes moyennes tension que dans le 13. Pour chaque kilomètre de ligne THT, nous avons pour ambition l’enfouissement d’un kilomètre de ligne moyenne tension préexistante. C’est considérable.
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