Littoral : pourquoi le poids économique des paillotes de bord de mer est devenu incontestable

Littoral : pourquoi le poids économique des paillotes de bord de mer est devenu incontestable

Apparues au milieu des années 1990, les paillotes de plage (comme ici La Ola, à Sète) ont très vite trouvé leur public. Avec une réussite incontestable de leur business model. Midi Libre – VINCENT ANDORRA

Présentes depuis près de 40 ans sur le littoral languedocien, les plages dites "aménagées" ont développé un business model rentable. Mais les contraintes environnementales agissent comme des coups de butoir. Décryptage.

Depuis l’apparition, au milieu des années 1990, notamment sur la commune héraultaise de La Grande-Motte, des premières paillotes, les plages privées, dites, selon le terme officiel, "aménagées", n’ont eu cesse de se développer. De se moderniser. "La qualité croit d’année en année, elles sont plus soignées", observe Pierre Lapray, fondateur montpelliérain du site epaillote.com, qui fête cette année ses dix ans et qui est devenu la référence en la matière.

Leur modernisation progressive est en adéquation avec le développement de leur activité et de la fréquentation, qui ne se démentent pas. "Notre chiffre d’affaires croît régulièrement, mais il faut toujours investir, à chaque début de saison, puisque la proximité de la mer met à mal nos installations et nos équipements", rappelle Jean-Michel Mandement, qui a fondé Biquet Plage, à Leucate, dans l’Aude, il y a 18 ans. Il confie investir, chaque année, "environ 40 000 euros".

Le restaurant représente 57 % du chiffre d’affaires

Malgré leur poids économique devenu incontestable, on connaît peu les chiffres qui entourent l’activité des paillotes de bord de mer. En juillet 2022, la Chambre de commerce et d’industrie de l'Hérault avait publié la seule étude connue à ce jour. Elle portait sur 70 des quelque 80 concessions alors recensées sur le département. Qu’avait-on appris à cette occasion ? Qu’elles réalisaient un chiffre d’affaires de 52 millions d’euros pour un total de 7 000 transats et 5 800 couverts.

Sans surprise, la plus grosse part du chiffre d’affaires est réalisée avec l’activité de restauration. Celle-ci pèse pour 57 % du chiffre d’affaires global, contre 28 % pour l’activité bar et 15 % pour l’activité transats. Le poids de l’activité restauration est d’autant plus majeur dans le business model des paillotes, que la loi leur impose de consacrer 60 % de leur espace (entre 1 200 et 1 500 m², selon les communes) aux transats et 40 % pour la partie bar et restauration.

"On ne veut pas être jalousés"

"Nous réalisons en moyenne, sur une saison, un chiffre de 3,2 millions d’euros hors taxes, pour un résultat de 38 000 euros, ce qui représente 7 % à 8 %", dévoile Pierre-Yves Bricon, patron depuis 1996 de la Paillote Bambou, à La Grande-Motte. "Sur Sète, les chiffres d’affaires oscillent en moyenne entre 1 et 1,5 million par saison", confie Claude Herzog, patron depuis 25 ans de La Ola, sur la plage de Villeroy. Il insiste sur la nécessité de "toujours disposer d’une bonne trésorerie en début de saison pour assurer la saison".

Ils sont parmi les rares plagistes à accepter de révéler des chiffres. La pratique, chez les plagistes, est plutôt à la discrétion. "Ça se comprend, intervient Jean-Michel Mandement, on ne veut pas être jalousés". "On gagne bien notre vie, mais on est loin des fantasmes", complète Pierre-Yves Bricon. "Avoir de bons résultats économiques, c’est important quand on dirige une entreprise comme la nôtre, qui compte quand même 47 salariés", glisse Claude Herzog.

Quand l’État change la règle des recettes

Si elles affichent la plupart du temps de belles recettes, les paillotes ont également à assumer de fortes dépenses. La première d’entre elles est celle qu’elles doivent verser à la mairie, au titre de la concession. "Il y a une part fixe, qui correspond à la somme que chaque plage propose à la Ville lors de l’appel d’offres. Elle n’est pas commune, puisque chacun renchérit comme il l’entend", explique Claude Herzog. "À cela, s’ajoute une autre part, correspondant à 1,75 % du chiffre d’affaires réalisé". La plage La Ola doit ainsi débourser 86 000 euros par saison. "C’est énorme", estime son patron.

Littoral : pourquoi le poids économique des paillotes de bord de mer est devenu incontestable

"Nous répercutons ce que l’État nous prend", précise Francis Hernandez, adjoint au maire de Sète en charge des plages. Selon nos informations, l’État prélève, depuis 2023, 30 % des recettes réalisées sur le domaine public par les paillotes. Auparavant, il se contentait d’un forfait de 15 000 euros par paillote. Une donnée confirmée par l’élu. À Leucate, c’est 10 000 euros et 5 % du chiffre d’affaires. À La Grande-Motte, la somme est fixe : autour de 140 000 euros par saison. "Les concessions sont mises à prix à 120 000 euros, note Pierre-Yves Bricon, puis, chacun y va de son enchère".

"Les frais annexes, c’est 2 % du chiffre d’affaires"

Enfin, la note de la saison est alourdie par les frais non visibles. "Nous payons, chaque saison, 100 000 euros pour monter la plage, puis autant pour la démonter. À cela s’ajoute une somme similaire pour la stocker, l’hiver, dans un hangar", détaille Jean-Michel Mandement. "Monter et démonter une plage comme la nôtre, c’est entre 155 000 et 180 000 euros", ajoute Pierre-Yves Bricon. "Tous les frais annexes, c’est 2 % du chiffre d’affaires".

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