Lumière sur des femmes d’exception : les projets du collège Le Bosquet à Bagnols-sur-Cèze

Lumière sur des femmes d’exception : les projets du collège Le Bosquet à Bagnols-sur-Cèze

Les élèves du Bosquet ont conçu et offert un panneau sur Madeleine Riffaud qui vient enrichir l’exposition itinérante d’Amnesty international sur les femmes courageuses et souvent méconnues dans le monde. C. C. – Midi Libre

Elles sont les grandes oubliées de l’Histoire… Les élèves travaillent sur une exposition et sur le changement de nom de leur établissement qu’ils aimeraient nommé du nom d’une femme exceptionnelle, résistante, poétesse et journaliste de guerre.

"Réhabiliter quelqu’un qui vit toujours, qui est l’une des oubliées de l’Histoire." Madeleine Riffaud aura 100 ans en août. Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, poétesse (son premier recueil fut préfacé par Paul Eluard) et journaliste de guerre (Indochine, Algérie, Vietnam…), c’est elle et son engagement que les collégiens du Bosquet souhaitent honorer, en renommant leur établissement de son nom. "À Bagnols, il y a le lycée Einstein, les collèges Bernard-de-Ventadour et Gérard-Philipe, on avait envie du nom d’une femme. Madeleine Riffaud est méconnue alors qu’elle a fait des choses exceptionnelles. Elle avait 16 ans au début de la guerre, elle a participé à la lutte armée", résument Philippe Mahier, professeur d’histoire, et Sylvie Hammani, professeur de lettres classiques, qui supervisent un projet pédagogique autour des femmes qui ont construit l’Histoire et qui sont toujours les grandes absentes de notre mémoire collective. Aujourd’hui alitée, Madeleine Riffaud qui vit à Paris a connaissance du projet bagnolais. "Elle est ravie." "C’est lié à ce qu’ont exprimé certaines filles, qu’elles avaient besoin de ce type de modèle", précise Sylvie Hammani.

Des démarches pour "ouvrir une nouvelle page"

L’an dernier, des élèves avaient entrepris ce projet, fictif. Ils devaient construire un argumentaire sur le changement de nom et leur choix. Cette année, il devient réalité. Depuis septembre, deux groupes ont été constitués : une vingtaine d’élèves de 4e et de 3e ont préparé des dossiers pour le conseil d’administration de l’établissement, le Conseil départemental et le maire de Bagnols. "Je ne pensais pas qu’il y avait autant de démarches à réaliser", témoignera Chloé. Il s’agit de convaincre également les camarades et les Bagnolais ! "Une maman du quartier était réticente, après discussion avec des élèves, elle a été convaincue. On ne va pas nier l’histoire du collège, on ouvre une nouvelle page."
Ce projet prend une autre dimension. "Avec Madeleine Riffaud, il s’agit de remettre les femmes à leur juste place. Et c’est un projet fédérateur avec le travail de mise au point d’une exposition qui concerne l’ensemble des classes du collège." En effet, il y a un deuxième volet pour ces oubliées de l’Histoire : la création d’une exposition d’ici fin 2024 avec le souhait qu’elle soit itinérante. Depuis quelques années, le collège reçoit une exposition itinérante d’Amnesty international sur les femmes courageuses dans le monde. "Dans tous les domaines, elles sont complètement effacées de l’Histoire. Certaines ont été torturées, certaines sont mortes" soulignent Mauricette et Alain Hanssens, bénévoles d’Amnesty.

"Plein de femmes à l’ombre des hommes. C’est injuste"

Une exposition inspirante enrichie désormais d’un panneau sur Madeleine Riffaud réalisé par les collégiens. Pour la leur, ils ont fait de nombreuses recherches et ont une liste d’une centaine de femmes de toutes les époques, depuis l’Antiquité. Les ados citent : Hypathie (mathématicienne du IVe siècle), Marie Marvingt (première aviatrice), Élisa Lemmonier (fondatrice en 1862 d’une Société pour l’enseignement professionnel des femmes), Sophie Germain (mathématicienne qui a travaillé sur la résistance des métaux)… Tant ont dû se grimer en homme pour exercer leurs talents. "On s’est rendu compte qu’il y avait plein de femmes à l’ombre des hommes. C’est injuste", résume Hugo. Quant à Mohamed, il est fasciné par Flora Tristan, "une Franco-Péruvienne qui a beaucoup fait pour la place des femmes dans la société […]. Beaucoup de camarades nous encouragent. Mais c’est aussi une lutte ! C’est énorme de rétablir la place des femmes dans la société".

Conseil départemental : “Il n’y a pas d’opposition. Cela mettra un certain temps”

Pour l’instant, les élèves et leurs professeurs engagés dans ce conséquent projet n’ont pas reçu de réponse officielle du Conseil départemental, à qui ils ont écrit en octobre. Ils sont impatients ! Contactée par Midi Libre, Nathalie Nury, vice-présidente du Département chargée de la gestion des collèges, indique : "Quand c’est bien argumenté, on accepte. C’est une délibération qui se prend en conseil d’administration de l’établissement. Puis une délibération du conseil départemental entérine. Il faut donner la parole aux jeunes, et les écouter." Ce qu’il s’était passé pour le collège Ada-Lovelace qui a remplacé Jules-Vallès à Nîmes : "Les jeunes ont travaillé, ont choisi le nom, on a entériné." Son binôme au Département, Patrick Scorsone, qui siège au CA du collège du Bosquet, évoque tous les travaux qu’engage la collectivité à l’échelle du département… "On n’est pas hostile au changement de nom. C’est en cours. En interne, il n’y a pas d’opposition. Cela mettra un certain temps." De son côté, le maire de Bagnols, qui a reçu une délégation de collégiens, a partagé son enthousiasme aux collégiens.

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