MHR : de l’échec Cockerill au match le plus important de l’histoire de Montpellier, le récit de la saison en cinq dates

Les Montpelliérains de Julien Tisseron, Louis Carbonel, Cobus Reinach ou encore Geoffrey Doumayrou ne veulent pas finir la tête en bas dimanche soir. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

L’interminable et chaotique saison du MHR s’arrête ce dimanche 16 juin contre Grenoble, en access-match. L’occasion de retracer une année mouvementée sur et en dehors du terrain, avec peut-être une issue dramatique pour le club.

13 octobre 2023 : Cockerill éteint la flamme

Il s’est autoproclamé "le chef" à son arrivée. Il le répétait sans cesse. Richard Cockerill devait pourtant arriver comme "simple" entraîneur des avants le 1er juillet. L’ancien adjoint d’Eddie Jones avec le XV d’Angleterre a été choisi pour "parler dans la bouche des mecs, en secouer quelques-uns", nous confie-t-on à l’époque. Le recul quasi-définitif et inattendu de Philippe Saint-André et le manque de flair de Jean-Baptiste Elissalde, alors entraîneur en chef, l’ont finalement promu numéro un.

Sa nomination est un échec. Ses méthodes ne sont pas appréciées, jugées "old-school". "Il a brûlé les mecs", souffle-t-on en interne. Son management n’est pas bon. La victoire d’entrée contre La Rochelle (26-15) en ouverture du Top 14 n’est en fait qu’un nuage de fumée.

Richard Cockerill n’a entraîné le MHR que quelques semaines. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

Puis arrive le 13 octobre 2023. La fracture entre Cockerill et les joueurs est totale. Alors que les Montpelliérains sortent victorieux d’un match amical contre Castres (31-23), en Corse, en conclusion d’un stage de préparation, l’attitude de l’ancien international anglais déplaît.

Le retour dans l’Hérault étant prévu le lendemain, tôt, Cockerill interdit à ses joueurs de sortir le soir malgré une grosse semaine de travail effectuée. Il se place même dans le hall de l’hôtel, avec l’ordinateur, pour surveiller.

"Il restait une petite flamme du titre de 2022 dans le groupe. Cockerill a fait pchhh", admet un joueur à l’époque, mimant le geste d’éteindre une bougie avec ses doigts. Six défaites consécutives plus tard, le coach britannique est invité à aller voir ailleurs. Dans sa chute, tombe aussi Jean-Baptiste Elissalde, artisan du titre quinze mois plus tôt et porteur d’un projet club validé par la direction.

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19 novembre : arrivée de Laporte et son squad

Tremblement de terre dans le monde ovale. Montpellier en est l’épicentre. Après le revers contre l’Usap (23-16), le président Mohed Altrad change tout et accueille dans ses rangs celui qu’il a toujours voulu : Bernard Laporte. L’ancien sélectionneur murmurait à l’oreille du président depuis plusieurs mois. Le voilà officiellement son directeur du rugby. Et tant pis pour les jugements, les deux hommes étant toujours liés par une affaire de corruption.

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Exit donc Cockerill et Elissalde (Saint-André n’est déjà plus au club, officieusement). Bienvenue Patrice Collazo (manager), Vincent Etcheto (attaque), Christian Labit (jeu au sol), Didier Bès (mêlée) et Antoine Battut (touche). À part ces deux derniers, dont les arrivées étaient prévues, tous ont été appelés le dimanche matin. "Ce staff, je l’ai bâti en trois heures. Il n’est pas fait de bric et de broc. On était dans l’urgence, il fallait des gens disponibles et qui s’entendent bien", racontait Bernard Laporte.

Le club est dernier du Top 14 après sept journées. La mission du staff est simple : sauver le soldat MHR de la relégation.

Bernard Laporte assiste quasiment à tous les entraînements et échauffements du MHR depuis le début de saison. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

9 mars 2024 : alors peut-être ?

Montpellier sort enfin la tête de l’eau. À partir du 10 décembre, une dynamique positive s’installe. 10 matches sur 13 sont remportés toutes compétitions confondues, avec comme point d’orgue une brillante victoire au Racing 92 (20-44) mi-février et un courageux succès contre Bordeaux-Bègles (10-3) sous un temps cataclysmique à l’occasion de la 18e journée.

Résultat, le MHR sort de la zone de relégation pour la première fois depuis début novembre. Le 13e, Perpignan, est deux points derrière. Le 6e, le Racing 92, est à sept points.

"Tant qu’on verra d’autres équipes dans le rétro, on ne peut pas annoncer des choses qu’on ne pourra pas tenir. Oui on a plus d’options, on a des cartes en main qu’on n’avait pas il y a un mois. C’est aussi aux joueurs de savoir ce qu’ils veulent faire pour la suite. La réunion de lundi prochain sera intéressante", soufflait Collazo, prudent, sans savoir que ses hommes allaient rechuter.

23 mars 2024 : l’autre coup de massue

S’il pensait avoir sorti la tête de l’eau, le MHR a vite replongé. La faute à un raz-de-marée reçu en pleine figure à Toulon (54-7). La théorie de l’accident pouvait être avancée. Mais cette gifle était en fait le point de départ d’une nouvelle dégringolade. En interne, on a regretté une mauvaise gestion des quinze jours de coupure séparant le match contre l’UBB et celui-ci. Une semaine de repos a été donnée par le staff, alors que quelques jours auraient pu suffire. L’analyse est plus simple après-coup, forcément.

Résultat, la spirale s’est inversée. Six revers en Top 14, une élimination en huitième de finale de Challenge, un retour à la 13e place du championnat synonyme de barrage… Le moral est retombé dans les crampons, comme en début de saison.

18 mai 2024 : barrage acté

L’équipe B du Stade Toulousain, composée en partie des membres du centre de formation, terrasse un MHR malade (20-25). Dans le malheur montpelliérain, une chose est actée : il disputera l’access-match contre le perdant de la finale de Pro D2 le dimanche 16 juin à 18h.

Mais ce revers contre les jeunes Rouge et Noir, le sixième consécutif en championnat, passe mal en interne. Dans la foulée du coup de sifflet final, les joueurs se réunissent, seuls. "On s’est parlé dans le vestiaire, que les joueurs. On a décidé d’avancer ensemble, de ne plus se lâcher, de se le dire dans les yeux", lâche Lenni Nouchi.

Les jours suivants sont agités. Sollicités, les joueurs restent muets, font bloc. "On a une échéance à préparer", déclarent-ils. Mais en interne, ça bouge. Une réunion le mercredi suivant avec le staff est axée sur la stratégie, où certains cadres prennent davantage la parole. Le samedi soir suivant, ces mêmes cadres demandent à rencontrer le président Mohed Altrad pour dénoncer ce qui ne fonctionne pas, rappeler le départ regrettable de l’apprécié Paolo Garbisi. Le management du directeur sportif, Bernard Laporte, est le sujet principal. D’autant que Midi Olympique a annoncé qu’il pouvait devenir président délégué la saison prochaine.

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Sauf que Laporte était présent à cette réunion, et les langues ne se sont pas vraiment déliées. L’entretien n’a pas débouché sur grand-chose. "Il n’y a rien, confiait Mohed Altrad. Il n’y a pas de cassure. Je lis tout ce que vous écrivez. Vous voyez des problèmes entre Laporte, Collazo et le reste du club. Vous interprétez des choses. Or, ce ne sont que des frictions, c’est tout. Il ne faut pas ajouter des problèmes aux problèmes. C’est ce que j’ai dit aux joueurs quand je les ai vus. L’ambiance est saine. Elle est tendue aussi, mais c’est normal, la situation veut ça. Tout le monde est concerné."

Sauf que, qu’importe le résultat dimanche, les lignes vont bouger au MHR. Dans les grandes largeurs.

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