Nouveau Premier ministre : l’impasse politique en France peut-elle conduire à une démission du président de la République ?
|Emmanuel Macron se comporte, pour l’heure, comme s’il avait encore la majorité. MAXPPP – MARKO DJOKOVIC
C’est le pari fait par Édouard Philippe qui se lance dans la course à l’Elysée et demande à ses troupes de se préparer pour le printemps.
Et s’il claquait la porte ? C’est depuis longtemps le pronostic de Marine le Pen. La présidente du RN nous confiait en juin : "Un jour Emmanuel Macron passera un coup de fil et personne ne répondra, alors il en passera un second et ce sera pareil. Il ne le supportera pas, il démissionnera"…
C’est aussi le pari fait par Édouard Philippe qui a présenté mardi sa candidature à l’élection présidentielle afin d’être prêt en cas d’élection anticipée.
Il aurait demandé aux membres du bureau politique de son parti Horizons "d’être prêts pour le printemps", au cas où.
"Il considère qu’après mai tout peut évoluer : en juin, il peut y avoir une nouvelle dissolution, en septembre, en cas de blocage sur le budget, une remise en cause du Président qui le pousserait à la démission", décryptait un fin connaisseur de la pensée philippiste.
51 % des Français y sont favorables
Mais l’impasse politique que semble constituer la nomination d’un nouveau Premier ministre ne pourrait-elle pas précipiter encore les choses ? Xavier Bertrand trop à droite Le chef de l’État semble en effet dans l’incapacité de trouver un candidat à Matignon qui puisse à la fois satisfaire ses exigences et dégager une majorité.
Les rebondissements qui ont égrainé la journée de mercredi le prouvent. Le nom de Xavier Bertrand devait être annoncé pour remplacer Gabriel Attal et patatras… Vers 18 heures, l’aile gauche de la macronie et notamment les proches du Premier ministre démissionnaire ont fait savoir que le programme avec lequel arrivait le Président des Hauts-de-France était beaucoup trop à droite pour eux.
L’Élysée annonçait alors relancer un nouveau cycle de concertations. Emmanuel Macron souhaite, en effet, que le futur locataire de Matignon reste fidèle aux grandes lignes de la politique mise en œuvre depuis 2017.
Mais comment, dans ces conditions, trouver des soutiens dans l’hémicycle hors des rangs d’une partie de l’ex majorité et des LR. Une alliance plus large est pourtant nécessaire pour éviter tout risque de censure.
Le risque de la motion de censure
Or il n’y a rien à attendre du côté du RN, rien du côté de LFI et des Écologistes. Le PS a été très clair à Blois : ses députés censureront tout Premier ministre qui souhaiterait poursuivre la politique d’Emmanuel Macron et qui n’abrogerait pas la réforme des retraites. Inimaginable pour le Président qui veut sauver ses acquis.
Mais à préférer un Premier ministre Macron compatible, il prend le risque de le voir tomber à la première motion de censure sans même avoir débattu du budget qui pourrait, dans ces conditions, ne pas être voté dans les temps.
Une nouvelle élection présidentielle ?
En s’exposant ainsi à une impasse, le chef de l’État démontre en tout cas qu’il est loin de l’idée d’une démission bien au contraire, allant même jusqu’à donner le sentiment de se comporter comme s’il avait encore la majorité.
Les concertations des derniers jours démontrent cette volonté de trouver un trou de souris mais si celui-ci n’existe pas le Président n’aura peut-être pas d’autre choix que de provoquer de nouvelles élections présidentielles.
Les Français, interrogés, au cœur de l’été, dans le cadre d’une enquête électorale d’Ipsos pour Le Monde, la Fondation Jean-Jaurès, le centre de recherches politiques de Sciences Po et l’Institut Montaigne, sont très partagés sur la possibilité d’une démission d’Emmanuel Macron dans le contexte de crise politique actuel : 51 % y sont favorables, 49 % n’y sont pas favorables.
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