“N’y va pas ! J’ai vu une arme dans ses mains! ” Aux assises de l’Hérault, la peur et la mort chez des gens du voyage à Béziers

"N'y va pas ! J'ai vu une arme dans ses mains! " Aux assises de l'Hérault, la peur et la mort chez des gens du voyage à Béziers

Alain Drouhot, à gauche, sa fille Rachel et son fils Howard dans le box. MIDI LIBRE – Aline Champsaur

Luis Amador, 44 ans, a été tué de trois coups de fusil le 2 août 2020 par un autre habitant du camp du Cantagal, à Béziers, où sont sédentarisés des forains et des gitans depuis des décennies. Au cœur du procès, les fusils et les cartouches, l'accusé affirmant que  la victime était elle aussi sur le point de lui tirer dessus.

"C'est un endroit très particulier, un camp de gens du voyage qui est une petite zone de non-droit, avec une peur de parler, et qui fait régulièrement l'objet d'interventions pour des affaires de violence" explique ce vendredi 8 mars à la cour d'assises de l'Hérault le policier biterrois qui a dirigé l'enquête sur le meurtre de Luis Amador, 44 ans, tué de trois coups de fusil le 2 août 2020.

Un loyer en retard pour le mobile-home

Ce jour-là, une altercation éclate entre ce père de famille au lourd passé judiciaire (24 condamnations, dont deux pour proxénétisme aggravé) et Howard Drouhot, 32 ans, un forain qui lui a loué un mobile-home dans ce camp du Cantagal, et qui est furieux de ne pas être totalement payé. "Il nous restait 150 € à lui donner, et il voulait qu'on parte" raconte Sabine, la veuve de Luis, depuis la prison de Perpignan, où elle est incarcérée, pour des vols commis depuis. "Ils se sont frappés tous les deux, j'ai essayé de les séparer." Elle obéit à son mari qui lui demande d'aller chercher sa carabine, pour tirer en l'air, tandis qu'Howard part en courant cinquante mètres plus loin, s'équiper d'un fusil et de munitions chez son père.

Trois coups de fusil dont un dans la tête

"J’ai dit à mon mari, n’y va pas, j’ai vu une arme dans ses mains ! " Mais Luis Amador y va quand même : il encaisse deux premiers coups de feu dans la poitrine, avant de tomber à genoux : Howard Drouhot lui tire un troisième coup, fatal, dans la tête. "J'ai eu tellement peur, j'ai cru qu'il allait me tuer aussi" poursuit Sandrine, qui se précipite dans sa voiture.

Mais dans l'autre famille, on jure aussi avoir agi sous le coup de la peur. "Luis a hurlé à mon père, ton fils, je vais le crever devant tes yeux! " raconte Rachel, la sœur d'Howard, accusée d'avoir modifié la scène de crime, en ramassant le fusil qu'aurait tenu Luis Amador avant de se faire tuer. "J’avais tellement peur qu’il y ait un carnage que j’ai dit, si sa femme ou son frère la prend, on est tous morts. Je suis allée la chercher et je l’ai posée sur la table de mes parents."

La famille Amador en force dans la salle

Avec Alain, son père, accusé de complicité de meurtre pour avoir donné des cartouches à son fils, elle comparaît libre, et reste près des policiers, alors que la moitié de la salle est occupée par des membres de la famille Amador.

"On vit dans la peur. S’ils nous retrouvent, ils nous butent, ils n’hésiteront pas à nous tuer" explique Alain, qui a quitté la région. 

"Il faut savoir que j’ai un contrat sur la tête" explique de son côté Howard, détenu depuis les faits. mon arrivée à la prison de Rodez on m’a tapé en me disant, c’est de la part de Luis Amador, et ça va être comme ça pendant toute ta détention donc on m’a mis au quartier d'isolement. Après les faits, la famille Amador nous a tout pris, les voitures, les chiens, les photos de famille, tout ce qu'on possédait."

Le policier confirme : "Tout ce qui appartenait à la famille Drouhot a été rasé par un membre de la famille Amador, qui a pris un engin de chantier et a creusé et enterré toute trace des logements".

Le jour du crime, Howard dit avoir tiré par réflexe, face aux menaces de Luis Amador. "Je vois une alarme rouge qui clignote et je me dis, si j’éteins cette lumière, je supprime le danger. Il était de dos, je l’appelle, il se retourne et je tire."
Accusé de meurtre, Howard Drouhot, dont le frère aîné a déjà été condamné pour homicide, encourt 30 ans de réclusion criminelle. Verdict lundi soir.

Je m’abonne pour lire la suite

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

(function(d,s){d.getElementById("licnt2061").src= "https://counter.yadro.ru/hit?t44.6;r"+escape(d.referrer)+ ((typeof(s)=="undefined")?"":";s"+s.width+"*"+s.height+"*"+ (s.colorDepth?s.colorDepth:s.pixelDepth))+";u"+escape(d.URL)+ ";h"+escape(d.title.substring(0,150))+";"+Math.random()}) (document,screen)