“On a l’impression que la bestialité du 7 octobre est oubliée”, affirme la présidente régionale du Crif
|Un rassemblement, de la communauté juive notamment, à Montpellier, après l’attaque du 7 octobre. – JEAN-MICHEL MART
Six mois après la tragédie du 7 octobre, le ressenti de la communauté juive de la région reste douloureux.
"On a l’impression que la bestialité du 7 octobre est oubliée. On est passé à autre chose… Comme si cette bestialité n’était plus qu’une anecdote".
Ainsi Perla Danan, présidente régionale du Conseil représentatif des institutions juives de France, ouvrait-elle son propos à l’heure d’évoquer le ressenti de la communauté juive dans l’ex-Languedoc-Roussillon, six mois après la tragédie.
Une montée de l’antisémitisme
Son sentiment premier touche à cette incompréhension face à une forme d’oubli progressif, après la sidération des premiers jours, des premières semaines : "Et s’ajoute la montée de l’antisémitisme, et tout ce qui va avec, les signes que l‘on cache, les mesures de sécurité renforcées, par nous-mêmes, ou de la part de l’État, nos fêtes, nos rassemblements, que l‘on signale aux autorités, ces gamins qui prennent l’habitude d’aller à un carnaval entourés de soldats…"
"Le pogrom du 7 octobre"
C’est le tableau que dresse Perla Danan, six mois après "le pogrom du 7 octobre, parce que c’est bien d’un pogrom dont on parle". Et la présidente régionale du Crif de s’interroger : "Pourquoi aujourd’hui se retourner contre les juifs du monde entier si ce n’est dans une démarche antisémite ? Ce n’est pas parce qu’on est dans une situation de guerre complexe et terrible, là-bas, que l’on doit importer le conflit ici, en France notamment. Avec des manifestations tous les jours pour dire "Israël assassin !"" s’indigne-t-elle.
Elle poursuit : "C’est le conflit au Proche-Orient que l’on importe ici, ça attise, notamment de la part de partis politiques qui veulent en profiter. Et ça ne fait qu’entraîner de la colère, ça crée de la haine et de l’antisémitisme" déplore-t-elle encore.
Des silences persistants
Comme elle regrette des silences qu’elle juge toujours trop nombreux, et persistants, six mois après : "On a oublié l’absence de nouvelles des otages, on n’en parle plus. Et le silence de nombreuses associations féministes devant les viols qui ont été commis. Des viols post-mortem aussi, des femmes à qui on a coupé les seins… Cela aurait été bien de rappeler que le viol n‘est pas une arme de guerre, non ? Cette cruauté envers la condition humaine a été oubliée avec ce qui se passe à Gaza, où c’est très dur aussi, pour la vie des gens, c’est pathétique, je ne minimise aucunement la souffrance des civils, d’un côté comme de l’autre".
"Une plaie ouverte"
Michèle Bensoussan, présidente du Centre culturel juif Simone-Veil de Montpellier ne dit pas autre chose quand elle affirme que "le 7 octobre reste une plaie ouverte, une date que nous n’oublierons jamais, un jour funeste, pour les Israéliens, et pour toutes les communautés juives dans le monde. Il suffit d’ailleurs de dire “le 7 octobre”, et on sait de quoi on parle, comme pour le 11 septembre."
Elle estime que "toutes les familles sont touchées en Israël, entre les victimes du 7 octobre, les otages, les soldats tués au combat… C’est un petit pays, huit millions d’habitants…" Elle vise "le Hamas, des terroristes, responsables de toutes les misères, israéliennes comme palestiniennes". Et reste interdite face "à cet incroyable montée de l’antisémitisme, en France, en Europe, aux États-Unis…"
Et quand on lui demande quelle issue elle envisage pour ce conflit, Michèle Bensoussan n’a qu’une réponse à offrir : "Il faut faire confiance au peuple israélien, capable d’une résilience absolue. Parce que nous privilégions toujours la vie à la mort, toujours".
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