“On m’a brisé mon bateau, pas mes jambes”, le skipper de Sète Nicolas Rouger se lance dans l’ascension des Seven Summits

Nicolas Rouger au sommet du Mont-Blanc. DR

À 44 ans, ce Sétois se promet de gravir en deux ans le plus haut sommet de chaque continent, soit sept. Suite à l’accident de son voilier et à son abandon du Vendée Globe 2024, Nicolas Rouger a à cœur de montrer que son âme d’explorateur flambe encore.

Que va-t-il passer cette semaine ?

J’arrive en Géorgie le 18 juillet. Je pars le lendemain direction l’Elbrouz (5 642m), qui est dans le Caucase russe à une quarantaine de kilomètres de la frontière géorgienne. Je suis accompagné d’un guide de haute montagne qui a fait plusieurs fois le sommet et avec un ami avec qui je faisais de la voile auparavant, qui est un ancien chasseur alpin. On monte et on descend l’Elbrouz en ski, les conditions de neige sont apparemment plutôt sympas.

Pourquoi se lancer ce défi d’alpinisme ?

L’histoire s’est arrêtée brutalement, pour moi, le 5 août dernier avec l’accident de mon voilier. Vous avez un bateau qui coûte 800 000 euros, qui, en une seconde, est brisé au sol. Franchement, ça a été super dur. Donc, je suis parti en montagne pour changer d’air, et je me suis dit que je ne pouvais pas rester les bras croisés en attendant la décision de justice (une plainte a été déposée dans le cadre de l’accident du voilier). Quand vous tombez à vélo ou à cheval, vous faites le nécessaire pour remonter. Je voulais montrer que, symboliquement, on m’a brisé mon bateau, mais on ne m’a pas coupé les jambes.

Vous étiez déjà un pratiquant de haute montagne ?

J’avais fait le Kilimandjaro (5 892m) et le Mont-Blanc (4 809m – pas compris dans les Seven Summits). J’ai toujours aimé ces grandes aventures. Je me suis dit : "tu en as toujours rêvé quand tu étais petit, profites-en. Tu as fait la Route du Rhum, tu étais qualifié pour le Vendée Globe… Gagne ton procès pour rembourser ton bateau, et en attendant, va faire les montagnes !"

Comment avez-vous planifié votre Seven Summits ?

J’aimerais tout faire en deux ans. Après l’Elbrouz, il y a l’Aconcagua (6 962m) que je programme pour la fin de l’année 2024. L’Everest (8 848m), ce serait le dernier, je pense que ça va être pour avril 2026. Plus on va attaquer des sommets hauts, plus le manque d’oxygène lié à l’altitude va devenir une difficulté.

Quelle est votre préparation physique ?

Je fais crescendo. Je me suis entraîné en faisant le Mont-Blanc. Pour les autres sommets, j’irai courir à Vic-la-Gardiole ou dans les calanques de Marseille. Je me suis remis au sport sérieusement, il y a trois mois. Il fallait se remettre au ski parce que j’avais un peu lâché la montagne pour la mer. Et il a fallu revenir à l’essentiel : la natation, la course à pied et la musculation.

Comment vous financez vos expéditions ?

Je ne voulais pas que ce soit commercial, ne pas partir avec des organismes de financement style Terres d’aventure. Je voulais garder les partenaires qui m’ont toujours soutenu depuis mes aventures en mer. Je voulais les emmener avec moi sur les plus hauts sommets de la planète. IAM (groupe de rap) continue à me soutenir, tout comme Hervé Di Rosa (peintre). Avec Hervé, on s’est appelé et il m’a dit : " Nico, j’avais peur que tu arrêtes et que tu t’effondres. Je suis très heureux que tu repartes". Et puis, je suis allé voir mon entourage à Sète. J’ai Boule (restaurateur reconnu pour sa macaronade) qui m’accompagne.

Vous avez 44 ans. Comment réussir un tel pari à cet âge ?

C’est le mental. Je suis en forme et quand ça fonctionne dans votre tête… C’est comme en mer, en fait, l’être humain est capable de s’adapter à tout et de se sortir de n’importe quelle situation. On s’aperçoit qu’avec la volonté, on est capable de tout faire.

Les Seven Summits : la Pyramide de Carstensz (4 884m), le mont Vinson (4 892m), l’Elbrouz, le Kilimandjaro, le mont Denali (6 190m), l’Aconcagua et l’Everest. Je m’abonne pour lire la suite