“On va te violer si tu ne nous dis pas où est le coffre” : dans l’enfer des home-jackings

"On va te violer si tu ne nous dis pas où est le coffre" : dans l'enfer des home-jackings

Les “home-jackeurs” sont souvent bien préparés. Illustration Pixabay – S_Salow

Les home-jackings sont des cambriolages lors desquels les occupants du logement sont présents, et même parfois sollicités pour aider les voleurs à dérober des biens ou de l'argent. Souvent, les délinquants font usage de la violence et les victimes en ressortent traumatisées. Des habitants de la région nous racontent. 

"Je me suis retrouvé allongé sur le sol, les poignets et chevilles attachés." Le home-jacking est la forme la plus violente de cambriolage. Et pour cause, les occupants du logement sont présents : ils représentent un obstacle pour les braqueurs mais aussi un atout clé pour accéder aux codes bancaires, combinaisons de coffre ou clés de voiture.

En 2023, il y en a eu 515 en France, contre 475 l'année précédente, soit une hausse de 8 %. Au-delà des chiffres, les victimes du phénomène ressortent traumatisées de ces cambriolages. Elles culpabilisent d'avoir permis à ces malfaiteurs d'entrer, elles craignent qu'ils ne reviennent, elles ne font plus confiance à leurs dispositifs de sécurité. Faut-il collaborer ? Fuir ? Résister ? Des habitants de la région nous racontent leur expérience.

Six heures d'enfer

Antoine* avait 66 ans quand il a passé une terrible nuit ligoté, violenté, menacé, avec deux autres personnes en juillet 2012. Habitant en Occitanie, il est ce soir-là en déplacement près de Martigues et trouve une maison d'hôte à Carry-le-Rouet.

"J'occupais un studio en contrebas de la maison. Je dînais avec les hôtes le soir. Vers 19 h 30, je suis monté chez eux pour manger. Quand j'ai ouvert la porte de la maison, le calvaire a commencé." Et quel calvaire. En quelques secondes, Antoine est saisi par trois hommes armés, cagoulés. Il découvre ses deux hôtes ligotés sur le sol. Les cambrioleurs demandent "si je prends des cachets, sans doute pour être sûr que je n'ai pas de troubles cardiaques"

Des agresseurs bien préparés

Antoine cerne vite ses trois agresseurs : "Il y avait le chef, armé, très calme. Il y avait le gentil. À un moment, il m'a proposé de mettre un oreiller sous ma tête. Et il y en avait un troisième hyperexcité, hystérique, armé et très agité."

Et puis "les coups ont commencé contre l'hôte, il a été menacé de sévices encore plus violents". Les voleurs menacent de lui couper l'oreille. Pendant ce temps-là, ils alternent entre la surveillance de leurs victimes et les fouilles dans la maison. Tout est rapidement "saccagé". Les agresseurs vont même jusqu'à pointer un révolver sur sa tête en demandant "où se trouve le coffre".

"On va te violer si tu ne nous dis pas où est le coffre" : dans l'enfer des home-jackings

Quand les cambrioleurs s'approchent de la femme qui l'héberge, Antoine s'inquiète. "Ils criaient : 'Toi on va te violer si tu ne nous dis pas où est le coffre.' On ne voyait pas cette dame, mais on l'entendait recevoir des coups", se souvient le retraité.

Finalement, la terrible soirée s'achève à 3 heures du matin. Les malfaiteurs partent avec la voiture des hôtes et les trois victimes mettront une demi-heure à défaire leurs entraves. Reçus par un psychiatre à l'hôpital dans la foulée, ils porteront plainte le lendemain. Le véhicule sera découvert calciné quelques jours plus tard. Les trois hommes n'ont jamais été retrouvés.

Surprise et traumatisme

Elsa* a mis des années à être de nouveau capable de rester seule chez elle. "En rentrant du travail, si j'étais seule une demi-heure en attendant que mon mari et mon fils rentrent, je faisais des crises d'angoisse.

La mère de famille s'est repassée les images de sa nuit d'horreur pendant des mois. Elle était seule un soir d'été pendant que son mari et son fils allaient voir un match à Nîmes. Trois hommes cagoulés et armés de battes de baseball l'avaient menacé de la violer et de la tuer si elle ne donnait pas les clés de la voiture. Elle avait eu le bon réflexe de collaborer, comme le préconise le ministère de l'Intérieur. 

Dans le cas de Marion, à Montpellier, le cambrioleur se pensait seul chez elle, jusqu'à ce qu'elle ne se réveille au beau milieu de la nuit et le trouve dans son salon : "Mon mari a cassé un cadre sur la tête de cet homme. Ils se sont battus. Je pense que le cambrioleur a été surpris. Finalement il est parti et a sauté du balcon, du premier étage."

"C'est resté un traumatisme. On a déménagé à la campagne et installé une alarme", déplore-t-elle.

*Prénoms modifiés

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