Petit-déjeuner, passation, conseil des ministres… déjà menacé de censure, le nouveau gouvernement fait ses premiers pas ce lundi
|
Le nouveau gouvernement français fait ses premiers pas ce lundi 23 septembre 2024, déjà critiqué et menacé de censure, deux mois et demi après des élections législatives anticipées qui n'ont dégagé aucune majorité et retardé l'élaboration du budget 2025.
Désigné par le président Emmanuel Macron, le Premier ministre Michel Barnier a dévoilé ce week-end la composition de son gouvernement, avec 39 membres très majoritairement issus de la droite et du mouvement libéral d'Emmanuel Macron.
Ils se réuniront pour un "petit-déjeuner gouvernemental" avant de se rendre dans leurs ministères respectifs pour les traditionnelles cérémonies de passation. Puis, un premier Conseil des ministres se tiendra à 15 heures locales autour d'Emmanuel Macron.
Michel Barnier a appelé dimanche soir à la télévision son gouvernement à travailler dans la "plus grande cohésion" et la "plus grande fraternité", face à de premières tensions au sein de son équipe.
Rassurer
Le Premier ministre, ancien commissaire européen en charge du Brexit, tente de rassurer ses alliés comme ses opposants.
L'élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l'urgence numéro un, dans un contexte économique très tendu.
Michel Barnier a qualifié la "situation budgétaire" de la France de "très grave". Il a promis de ne "pas alourdir encore l'impôt sur l'ensemble des Français", hausse à laquelle s'opposent les macronistes.
Mais "les plus riches doivent prendre part à l'effort de solidarité", a prévenu le Premier ministre de droite, sans se prononcer directement sur un rétablissement de l'impôt sur la fortune, réclamé par la gauche.
"Une grande partie de notre dette est émise sur les marchés internationaux, extérieurs, il faut garder la crédibilité de la France", a-t-il ajouté, alors que le déficit public du pays s'affiche à plus de 5% du PIB, au-delà de la limite européenne de 3%.
Il a également assuré que les grandes lois de "progrès social ou sociétal" comme celles sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), le mariage pour tous ou l'assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) seraient "intégralement préservées".
Michel Barnier s'est aussi engagé à "prendre le temps d'améliorer" la très contestée réforme des retraites, sans livrer de détails.
Garanties insuffisantes
Des garanties insuffisantes pour la gauche, qui a déjà promis la censure du nouvel exécutif.
La coalition de gauche du Nouveau Front populaire a déjà prévu de rédiger une motion de censure qui sera déposée par les socialistes après le discours de politique générale de Michel Barnier, prévu le 1er octobre, a indiqué le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
Le chef de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a appelé à se "débarrasser aussitôt que possible" de ce "gouvernement des perdants", qui n'a selon lui "ni légitimité ni futur".
Annoncé officiellement samedi soir, le nouvel exécutif fait en effet la part belle au parti du président Macron, Renaissance, et une bonne place à celui de droite Les Républicains (LR), dont est issu M. Barnier.
Motion de censure ?
Deux formations pourtant sorties en net recul des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, provoquées par la dissolution controversée de l'Assemblée nationale par M. Macron après la déroute du camp présidentiel aux élections européennes.
Reste que pour aboutir, une motion de censure doit recueillir les voix du Rassemblement national, le parti d'extrême droite de Marine Le Pen, ce qui pour l'instant est peu probable de l'aveu même de M. Faure.