Polluants éternels : les alertes se multiplient en Europe, l’ARS rassure en Occitanie, Générations futures s’insurge

Polluants éternels : les alertes se multiplient en Europe, l’ARS rassure en Occitanie, Générations futures s'insurge

Des eaux sous surveillance. MAXPPP

Une étude européenne, parue ce lundi 27 mai, trouve du TFA (acide trifluoroacétique) dans 96 % des sites sondés. Une autre enquête de l’ARS, en Occitanie, identifie trois sites dépassant les futurs seuils de tolérance aux Pfas, des per- et polyfluoroalkylées, un constat faussement rassurant pour Générations futures. Avant l’examen, le 30 mai, au Sénat, d’une proposition de loi visant à protéger la population de ces produits chimiques, les alertes se multiplient sur les polluants éternels.

"Des niveaux de contamination alarmante" : dans une enquête publiée ce lundi 27 mai, le Réseau européen d’action sur les pesticides (PAN Europe) et ses membres, dont Générations Futures en France, relaie les résultats d’une étude qui montre des niveaux de contamination "alarmants" d’un produit chimique, le TFA (acide trifluoroacétique), dans 23 échantillons d’eau de surface et 6 échantillons d’eau souterraine provenant de 10 pays de l’Union européenne.

Depuis quelques mois, les alertes se multiplient sur les Pfas et le TFA.

Pfas, TFA, de quoi parle-t-on ?

Pfas est l’acronyme anglais de "substance per- et polyfluoroalkylées", une grande famille de produits chimiques, les plus connues étant les Pfos et le PFOA, regroupant 4700 composés. Plus connus du grand public sous le nom de polluants éternels, ils sont utilisés pour leurs propriétés anti-adhésives et imperméabilisantes. Certains pesticides sont aussi des Pfas.

Une directive européenne impose, au 1er janvier 2026, une limite de qualité de l’eau potable fixée à moins de 100 nanogrammes par litre pour la somme des concentrations de 20 Pfas identifiés, dont l’impact sur la santé est "vertigineux", déclarait le 14 avril dernier à Midi Libre Xavier Coumoul, professeur de toxicologie à l’université Paris Cité : "Sur des risques très probables identifiés par les Académies de médecine et de sciences, les pathologies associées sont le cancer du rein, les perturbations métaboliques avec une hausse du niveau de cholestérol, un retard de croissance chez l’enfant et une baisse de la réponse immunitaire".

Sur les effets probables, de nombreux cancers.

Le TFA est un produit de dégradation de 2000 Pfas. Peu de recherches s’y intéressent et il ne fait l’objet d’aucune réglementation. Mais certains pays européens ont mis en place une surveillance : Allemagne, Belgique, Suède, Danemark, Pays-Bas, Norvège. L’Allemagne va d’ailleurs proposer à l’Union européenne de classer le TFA comme toxique pour la reproduction, rappelle Générations futures, qui estime que "la France est très en retard".

L’étude européenne sur le TFA, 79 % des échantillons d’eau problématiques : "Alarmant"

L’étude du Réseau européen d’action contre les pesticides et ses partenaires, dont Générations futures, a été menée sur 23 échantillons d’eau de surface et de 6 échantillons d’eau souterraine provenant de dix pays de l’Union européenne. L’étude porte sur des sources parfois très éloignées de sites industriels.

Que dit-elle ? "Les concentrations de TFA trouvées dans les échantillons d’eau étaient en moyenne de 1 180 nanogrammes par litre. C’est 70 fois plus élevé que la concentration moyenne de tous les autres Pfas examinés combinés".

"Dans 23 des 29 échantillons d’eau", soit 79 % des échantillons, "les concentrations de TFA dépassaient la valeur limite proposée pour le Pfas total dans la directive européenne sur l’eau potable".

En France, les eaux de la Seine ne sont pas loin du record : 2900 nanogrammes par litre, "la deuxième concentration la plus élevée".

L’ARS Occitanie identifie 3 sites sur 326 au-dessus des seuils de Pfas : pour Générations futures, "cette étude est scandaleuse"

Le 24 mai dernier, l’ARS Occitanie a communiqué sur la recherche de Pfas (uniquement les Pfas listés par la directive européenne, pas de TFA), une "campagne" qui s’appuie sur 326 prélèvements effectués dans 13 départements de la région. trois d’entre eux "dépassent la norme qualité", soit 100 nanogrammes par litre, et "feront l’objet d’un suivi détaillé".

Sept sites "avec des niveaux de concentration entre 50 et 100 nanogrammes" sont aussi "surveillés", notamment Villeneuve-lès-Maguelone dans l’Hérault (95 nanogrammes) ou encore Rodilhan dans le Gard (73 nanogrammes).

Polluants éternels : les alertes se multiplient en Europe, l’ARS rassure en Occitanie, Générations futures s'insurge

L’enquête régionale prend les devants d’une campagne exploratoire de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) qui doit démarrer au deuxième semestre 2024, précise l’ARS. Elle n’est pas anodine : en octobre dernier, le directeur de l’ARS créait la polémique après la diffusion d’un mail interne qui faisait état de ses inquiétudes sur la présence de polluants éternels dans l’eau de la région. En février dernier, c’est cette fois Générations futures qui révélait une pollution inquiétante aux polluants éternels autour du site industriel chimique de Solvay, à Salindres, dans le Gard.

Le site de, qualifiée de "cas particulier" par l’ARS, qui a "analysé 45 points" dans le cadre de sa campagne, présente des eaux "conformes aux normes". Au grand étonnement de Générations futures, par la voix de son porte-parole François Veillerette, et surtout de Pauline Cervan, toxicologue et chargée de mission à l’association : "Cette campagne est scandaleuse. C’est totalement hypocrite. En excluant le TFA de l’analyse, l’ARS ment par omission sur la qualité des eaux".

Comment les sénateurs vont s’emparer de la question des polluants éternels cette semaine

Adoptée à l’Assemblée nationale le 4 avril dernier, la proposition de loi visant à protéger la population des "polluants éternels", arrive au Sénat le 30 mai prochain, dans ce contexte.

Les députés ont voté un texte qui interdit les Pfas dans les cosmétiques, les farts de ski et les produits textiles, mais pas les ustensiles de cuisine. Au nom des 3000 emplois des usines SEB de poêles Tefal en Haute-Savoie et en Saöne et Loire.

Le maire de Lunel-Vieil : “consterné mais pas surpris”

Un captage au Nord de Toulouse, un forage dans le Grand Narbonne et le captage Les Horts à Lunel-Vieil (Hérault) dépassent la norme qualité de 100 nanogrammes de Pfas par litre fixée par l’ARS en Occitanie.

"Je suis consterné mais pas étonné. Ce qui est nouveau, c’est que l’on cherche et quand on cherche on trouve", réagit Fabrice Fenoy, le maire de Lunel-Vieil. Qui rassure sa population : "l’ARS dit que l’on peut consommer cette eau et les solutions alternatives, comme l‘eau minérale, avec les récents scandales, n’est pas plus attrayante ! Après, on ne sait pas si c’est un phénomène récent où s’il faut aller chercher l‘origine de la contamination il y a plusieurs décennies."

L’élu compte sur l‘enquête environnementale en cours pour "comprendre". Une des hypothèses serait la dégradation de la qualité cours d’eau le Dardaillon où des prélèvements vont être réalisés.

Mais il n’exclut rien. "Il y a plusieurs sources de contamination possible", rappelle le maire qui lance des analyses pour s’assurer qu’il n’y a pas de lien avec l’incinérateur de Lunel-Vieil, où encore le feu d’un hangar (les produits d’extinction des pompiers ont des Pfas), un ancien site d’engrais ou une origine loin de sa commune.

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