Procès de Mazan : pendant les vacances à l’île de Ré ou à la Saint-Valentin, les viols de Gisèle Pelicot ne s’arrêtaient jamais

Procès de Mazan : pendant les vacances à l'île de Ré ou à la Saint-Valentin, les viols de Gisèle Pelicot ne s'arrêtaient jamais

Une banderole, face au palais de justice d’Avignon, ce 16 octobre 2024. MIDI LIBRE – François Barrère

De nouveaux accusés sont interrogés cette semaine par la cour criminelle du Vaucluse. La multitude des faits et la perversité de l'accusé principal, Dominique Pelicot, qui a fait violer son épouse droguée par des dizaines d'hommes pendant dix ans, continue à étourdir.

Sur la photo, ils sont joue contre joue, radieux, souriant, avec en arrière-plan, le grand ciel bleu de l’île de Ré. Mai 2019, Gisèle et Dominique Pelicot sont en vacances dans la résidence secondaire de leur fille, et sur la deuxième image projetée ce jour à la cour criminelle du Vaucluse, on voit aussi leur petit-fils, au premier plan.

"Je vous remercie pour cette photo, parce qu’a priori, je ne suis pas près de revoir mon petit-fils" s’étrangle en un sanglot Dominique Pelicot, accusé d’avoir violé et fait violer son épouse droguée et inconsciente par des dizaines d’hommes à leur domicile de Mazan, près de Carpentras.

La face A et la face B de l'accusé principal

"On voit ces images de moments heureux, et vous ne pouvez pas vous empêcher d’organiser ces viols ?" demande Me Babonneau, l’un des avocats de Gisèle.

"C’est la fameuse face B que j’ai rayée depuis" dit-il, en évoquant les deux facettes de sa personnalité.

"Que ressentez-vous en pensant à ce qui va arriver ?"

"Je ressens de la culpabilité, de la honte et du plaisir aussi. C’est ça qui est particulier. Tout est mélangé".

Des images attentatoires à la dignité humaine

Les images suivantes sont d’une tout autre nature. Des vidéos, tournées dans la chambre de cette maison de vacances. Très lumineuses, pour une fois. Mais toujours aussi "attentatoires à la dignité humaine", comme le rappelle en préalable le président Arata, et aussi pénibles à visionner. On y voit Dominique Pelicot abuser de son épouse assoupie, affublée de bas noirs, puis un autre homme, longuement, faire pareil. On voit bien que même inconsciente, Gisèle par instants rejette instinctivement le corps de ces hommes qui veulent s’emparer d’elle, et que cela ne les arrête pas.

"Pour moi, le sexe, c’est donner du plaisir, et de prendre du plaisir. Le sexe sans amour, c’est comme une fleur sans odeur" avance pourtant Mohamed R., 70 ans, qui comparaît détenu, ayant déjà été condamné pour le viol de l’une de ses six filles. "Du moment qu’il n’y avait pas de réaction de Madame, je n’avais plus qu’une envie, c’est de partir."

La vidéo la plus longue où on le voit avec Gisèle Pelicot dure quand même plus de 34 minutes. Le président : "Pourquoi êtes-vous resté ?"

"Un piège, un guet-apens"

L’accusé : "Parce qu’il avait une espèce d’emprise sur moi. Son scénario, c’est un piège, une fois qu’on est dedans, ça y est ! C’est un guet-apens qui a fonctionné avec une multitude de gens qui sont passés par là, et qui se sont fait avoir. Il est passé maître dans l’art de la manipulation."

Mohamed R. nie toutefois les pénétrations, alors que sa gestuelle sur les vidéos ne laisse guère de doute, et que Dominique Pelicot le confirme. Me Zavarro, avocate de Pélicot, interroge Mohamed R.

"Pourquoi devrait-on vous croire vous, plus que lui ?" L’accusé : "C’est un spécimen rarissime de la perversité sexuelle ! Il maîtrise la mise en scène sexuelle, il a plein d’affaires sur le dos, moi, j’en ai pas autant."

Poursuivi pour cinquante crimes

"La raison de croire mon client est qu’il est poursuivi pour un crime, alors que Pelicot l’est pour cinquante !" tonne Me Marmillot, son avocat.

La cour passe au cas suivant. Dominique D. 45 ans, ancien militaire, est allé à six reprises à Mazan, entre 2015 et 2020. La première fois, pour une drôle de fête. "C’était sur coco, une annonce pour un homme qui cherchait un homme à offrir à sa femme pour la Saint-Valentin. Ensuite, il m’a dit, il y aura eu de l’alcool et des tranquillisants. J’ai dit : très bien."

Je m’abonne pour lire la suite

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

(function(d,s){d.getElementById("licnt2061").src= "https://counter.yadro.ru/hit?t44.6;r"+escape(d.referrer)+ ((typeof(s)=="undefined")?"":";s"+s.width+"*"+s.height+"*"+ (s.colorDepth?s.colorDepth:s.pixelDepth))+";u"+escape(d.URL)+ ";h"+escape(d.title.substring(0,150))+";"+Math.random()}) (document,screen)