Sur une route du Gard, Grégory, 30 ans, avait succombé face à un chauffard : l’automobiliste condamné à 10 années d’emprisonnement
|Maîtres Nougier et Deveze-Fabre représentaient les proches de Grégory durant le procès. C.S. – Midi Libre
Dans cette affaire, le mis en cause avait fait fi des avertissements judiciaires, accumulé les fautes et négligences. Sa peine de prison a été assortie d'une période de sûreté des deux-tiers durant son procès qui s'est tenu ce mardi 13 février 2024 à Nîmes, devant le tribunal correctionnel.
Lorsqu'est survenu cet accident dramatique, le premier accident mortel sur les routes du Gard en 2023, Grégory 30 ans, venait tout juste de récupérer son épouse à la gare.
Professeur d'histoire-géographie au collège de Vergèze, cet homme décrit par tous comme extraordinaire y compris par ses élèves a vu ce soir du 3 janvier 2023 à Milhaud, à 21 heures, son histoire s'arrêter net sur cette maudite nationale 113 particulièrement mortifère.
Un peu plutôt dans la soirée au café d'Aubord, à 5 km à peine, Joao, un artisan maçon enchaîne les wiskies avec un couple d'amis avant de s'installer ivre mort au volant d'une Mercedes, pour aller acheter des cigarettes selon plusieurs témoignages.
Sur sa route, celui qui conduit malgré l'annulation judiciaire de son permis, ici avec 1,02g d'alcool par litre de sang, croise alors deux automobilistes dont les témoignages accableront cet homme. Vitesse excessive, violation des règles de priorité… Joao est par deux fois à deux doigts de provoquer un accident, jusqu’à celui qui fut alors inévitable.
À 21h05, les gendarmes de la brigade de Bernis sont appelés à intervenir à Milhaud, suite à un choc frontal entre deux véhicules. Sur une portion particulièrement accidentogène de la RN 113, Grégory au volant de sa petite citadine, est rapidement déclaré décédé, à 21h35, malgré un long massage cardiaque.
À ses côtés, son épouse est dans un état terrible, tandis que dans la grosse cylindrée qui circulait manifestement à contresens, Joao souffre, lui, notamment d'un hématome sous-dural.
Selon les premiers éléments, cet automobiliste aurait violé la ligne continue, avant de percuter de plein fouet le jeune couple. Et d'ôter la vie à Grégory qui laissera alors derrière lui une famille inconsolable.
8 ans requis, 10 prononcés
Durant son procès qui s'est tenu mardi 13 février 2024 au tribunal correctionnel de Nîmes, Joao, 39 ans et père de 3 enfants, devait répondre d'" homicide et blessures involontaires par conducteur" avec deux circonstances aggravantes.
Interrogé par le président, ce mis en cause peu disert dont le casier comporte par moins de 12 mentions, dont trois pour conduite sans permis, indique d'emblée à la barre "ne pas avoir volé la voiture"…
"Vous n'êtes pas là pour vol Monsieur, mais pour avoir ôté la vie à un homme !", recadre aussitôt le président.
Parti trop tôt, Grégory laisse derrière lui une famille inconsolable D.R. – D.R.
Agacé par les antécédents du mis en cause et par son attitude, le magistrat tente de comprendre qu'est-ce qui a bien pu pousser, ce soir-là, celui qui à a barre invoque alors des trous de mémoire, à prendre le volant.
"Il n'y a pas de défiance envers le tribunal. Mon client a fait 15 jours de coma, c'est très sincèrement qu'il ne se rappelle plus du déroulé précis des événements", pointe son avocat.
Après l'hommage vibrant de sa sœur, Grégory est évoqué par les avocats de son épouse, de sa fratrie et de ses parents. Dévastés.
Dans ses réquisitions, le procureur Bertand demande alors 8 ans au moins d'emprisonnement contre le chauffard. Pour marquer la réprobation sociale de son comportement d'abord, et garantir surtout, qu'il ne provoquera plus la mort à cause de son comportement déviant.
En début de soirée, sous les yeux de sa compagne, Joao a été condamné au-delà des réquisitions à 10 années de prison, assorties d'une peine de sûreté des deux-tiers. La peine maximale encourue en vertu du code pénal dans ce type de dossier.
Une peine qu'il a alors immédiatement commencé à exécuter, après avoir été conduit à la maison d'arrêt de Nîmes aussitôt son procès terminé.
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