“Toi, Arabe, voler trottinette à moi” : un éboueur se fait rouer de coups par un ancien légionnaire, en pleine collecte à Castries

Le ripeur s’est fait frapper parce qu’il a eu le malheur de déplacer une trottinette qui obstruait le passage. Midi Libre – Photo d'illustration

L’agression a eu lieu ce lundi 10 juin aux alentours de 9 h 30. La victime s’en sort avec une fracture de l’annulaire. Entre autres…

Quarante-cinq jours d’arrêt de travail ! C’est ce que le chirurgien qui l’a opéré de la main droite vient d’annoncer à un éboueur de chez Urbaser environnement, roué de coups par un trottinettiste alors qu’il était en pleine collecte d’ordures ménagères.

L’agression a eu lieu ce lundi 10 juin aux alentours de 9 h 30 sur la commune de Castries, au nord est de Montpellier. "J’ai arrêté mon camion devant un immeuble. Les deux ripeurs sont descendus. Le premier est entré dans le box où se situent les conteneurs tandis que le second s’est occupé de déplacer une trottinette qui était au sol et qui gênait le passage", rapporte Jérôme Belhaj, chauffeur au sein de cette entreprise spécialisée dans la collecte de déchets ménagers.

Et là, d’un coup, il m’a mis une grosse pêche sur l’œil droit

C’est à ce moment-là qu’un individu est sorti de nulle part et s’en est pris, verbalement d’abord, puis physiquement au ripeur qui avait eu le "malheur" de toucher sa trottinette électrique, avec sa chaîne et son casque. "Il est arrivé en furie en me disant : "Toi, Arabe, voler trottinette à moi", avec un fort accent des pays de l’Est. Il m’a dit ça plusieurs fois, tout en se rapprochant de moi."

"Pour ma part, je lui ai juste répondu que j’avais déplacé sa trottinette parce qu’elle me gênait et obstruait le passage des conteneurs poubelle. D’ailleurs, si je l’ai déplacée d’un mètre, entre nous, c’est le bout du monde. Et là, d’un coup, il m’a mis une grosse pêche sur l’œil droit…"

J’ai senti un craquement au niveau de ma main et de mon doigt

Le trottinettiste, qui ne semblait pas être dans son état normal, lui a ensuite sauté dessus et l’a fait chuter au sol avant de lui porter de nombreux coups de poing sur la tête.

"C’est en tombant par terre que j’ai senti un craquement au niveau de ma main et de mon doigt. J’ai hurlé de douleur d’autant qu’il m’écrasait aussi les parties intimes. Il faut dire que je ne fais que 65 kg et lui plus de 100 kg. Heureusement, mes collègues sont intervenus et nous ont séparés", confie ce jeune quadragénaire encore sous le choc.

Un ancien légionnaire et un alcoolo notoire

On le serait à moins car, au final, il s’en sort avec des ecchymoses au visage, aux genoux et aux coudes. Un œil au beurre noir avec une vision floue de l’œil droit. Une pommette gonflée. Une arcade sourcilière ouverte. Et, surtout, une fracture de l’annulaire qui lui a valu la pose de trois broches.

"Quand les policiers municipaux sont arrivés, ils m’ont dit qu’ils connaissaient cet énergumène. Qu’il s’agissait d’un ancien légionnaire et un alcoolo notoire. Puis les pompiers sont arrivés. Ma main avait triplé de volume."

Déposé à Odysseum

"Ils m’ont pris dans leur ambulance mais m’ont finalement déposé à l’arrêt de tram "Place de France" à Odysseum en me disant que ce n’était pas une urgence vitale et qu’ils avaient d’autres interventions à gérer. Je n’en croyais pas mes yeux. Heureusement, un ami est venu me chercher et m’a conduit à la polyclinique Saint-Roch."

Depuis, il a déposé plainte à la gendarmerie de Saint-Jean-de-Védas et attend d’être reçu par le médecin légiste pour évaluation de son état de santé.

Enquête en cours

La procédure a été transmise à la brigade territoriale autonome de Castries qui est saisie de l’enquête et qui n’attend plus que l’incapacité totale de travail de la victime pour convoquer le mis en cause.

Une agression que "condamne fermement" Abdelkader Cherif, délégué syndical CGT chez Urbaser Environnement. Selon la victime, sa direction, qui lui a assuré de son total soutien, devrait également déposer plainte. Tout autant que la Métropole.

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