Toute l’histoire de l’Amadeus, morutier de 114 ans ancré à Sète, racontée dans un livre
|Jean-Christophe Causse raconte la vie de son navire dans un livre. Midi Libre – PH.M. et S.C.
Désormais amarré à Sète, l'Amadeus, l'un des derniers morutiers, a connu mille vies qui sont racontées dans un livre.
Il a 114 ans. Est l'un des plus vieux bateaux de Sète. Et hors Escale à Sète, c'est le plus grand vieux gréement installé en ville. Un statut, et une longue carrière qui méritait assurément un livre. L'ouvrage Amadeus, le livre de bord, écrit par Jean-Christophe Causse, son propriétaire depuis 35 ans, rend donc hommage à l'un des derniers morutiers français.
Une dame a vu sa mise à l'eau
Le journaliste y retrace toute sa vie. De sa mise à l'eau, le 17 juillet 1910, sous le nom d'Agatha pour aller traquer la morue, jusqu'à sa période actuelle. Grâce à plusieurs concours de circonstances et des hasards, il a pu rencontrer, depuis qu'il a acheté ce voilier, des témoins ou des membres de la famille d'anciens propriétaires. Comme, un beau jour, à Port Camargue – là où le deux-mâts était un temps amarré – où une vieille dame s'est présentée devant la coupée pour raconter qu'elle avait assisté à la mise à l'eau de l'Agatha en Hollande. Précieux témoignage.
Arrivée à Sète pour l'émission Thalassa
"J'ai les 114 ans de la vie du bateau, ce qui est rarissime", raconte Jean-Christophe Causse, propriétaire de l'Amadeus depuis 1989. Il l'avait acheté à une association de musiciens, qui avaient de fait rebaptisé le morutier. Dans ce livre, le capitaine raconte son aventure personnelle avec le bateau. Son arrivée à Sète en 2005. "C'était pour faire le décor dans le cadre d'une émission de Thalassa", dit-il. "À l'issue j'avais invité Jean-Marie Avallone à venir boire un cocktail à bord pour le remercier d'avoir enlevé ses bateaux pour que je m'installe", se souvient le journaliste. "Arrivé à bord, il m'a dit que son père avait été formé sur un morutier comme celui-là. Et Raphaël Scannapieco, avec qui il était venu, m'a alors dit, "un bateau comme celui-là, il doit rester à Sète" et il m'a alors donné sa place le long du quai de la République".
Un pôle vieux gréements à Cayenne
Un amarrage à quelques encablures du bassin de Cayenne où à la fin des années 1990, Jean-Christophe Causse avait même proposé à la mairie d'organiser un projet qu'il avait calibré pour Port Camargue avant de jeter l'éponge : "J'avais appelé cela, quai Largo. Un lieu autour de l'accueil des grands voiliers et des bateaux traditionnels avec création d'un village de la mer et d'un pôle de construction d'un navire historique, la nef de Saint-Louis", dit-il "sans revendiquer quoi que ce soit". Le changement de majorité mettra un terme à cette idée.
Projet abandonné avec l'Hermione
Dans ce livre de bord, il y a cette année 2014 qui restera comme une grande blessure pour Jean-Christophe Causse et l'Amadeus. Le voilier devait devenir le navire officiel chargé d'accompagner l'Hermione pour sa tournée américaine. Tout était prêt, "le bateau avait été refait à neuf, du fond de la coque au sommet des mâts", se souvient le capitaine. Mais au dernier moment, il a été contraint d'annuler. Le bateau risquait, en effet, d'être saisi par les autorités américaines car non configuré pour les personnes handicapées susceptibles de le visiter aux USA.
Porte-étendard d'un certain patrimoine
Le morutier à la coque bleu se consacre désormais aux soirées privées sur l'étang de Thau. Il dispose d'un amarrage idéal, au coin du quai du Pavois d'or, comme une sorte de porte-étendard de la culture morutière de Sète.
Amadeus, le livre de bord, de Jean-Christophe Causse, éditions la Grande revue, 23 €. Disponible dans les librairies de Sète. Je m’abonne pour lire la suite