Trans-Mission, une association qui veut accompagner les personnes transgenres et briser la solitude, à Béziers

Trans-Mission, une association qui veut accompagner les personnes transgenres et briser la solitude, à Béziers

Delphine Martin veut briser la solitude des personnes en plein questionnement de genre. Diane Petitmangin – Midi Libre

Elle assure des permanences à la MVA Daniel-Cordier et veut briser les tabous qui entourent la transidentité.

Une impensable solitude. "J’ai eu l’idée de créer cette association il y a deux ans car, au début, je me suis sentie vraiment très seule. Bien sûr, on peut rencontrer des personnes qui sont dans la même transidentité sur les réseaux sociaux mais ça ne remplace pas le contact réel".

Delphine Martin est née dans un corps d’homme mais n’a jamais été en phase avec cette enveloppe corporelle qui ne lui correspondait pas. "Pour moi, c’est une évidence depuis que je suis toute petite. À mon époque, on n’en parlait pas. J’ai commencé par me travestir jusqu’au moment où je me suis réellement assumée et où j’ai fait mon coming out".

Un espace d’aide et de soutien

À 38 ans, elle décide de sauter le pas et entame une démarche de transition. Un long parcours de quatre ans… À ses côtés, Aurélien Roques a connu les mêmes affres. "Depuis tout petit, je savais qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas mais c’est en grandissant et en rencontrant ma compagne que j’ai pu mettre des mots sur mon mal-être".

Le but de Trans-Mission est d’offrir un espace d’aide et de soutien, sans jugement, aux personnes qui sont en plein questionnement ou veulent changer de genre. "Le but est de se réunir et se sentir un peu moins seul, dans un premier temps. Mais aussi de soutenir et d’apporter nos expériences aux personnes qui débutent leur parcours".

Nombreuses embûches

Un soutien qui se matérialise aussi bien sur le plan émotionnel, que médical ou administratif, dans la vie de tous les jours. Sans oublier l’après, lorsqu’il s’agit de se réinsérer dans la vie professionnelle. Car les embûches sont nombreuses, ne serait-ce que lorsqu’il s’agit de changer son nom à l’état civil.

"Aujourd’hui, on parle de transgenre et de transidentité parce qu’il ne s’agit pas d’une "simple" opération de changement de sexe mais de tout un processus qui englobe un changement au niveau administratif et/ou juridique".

Faire face au milieu professionnel

Le parcours du combattant se poursuit également souvent dans le monde du travail. Delphine Martin a ainsi perdu son emploi (avant d’en retrouver un autre). "En gros, mon patron m’a dit : "J’ai acheté un canapé bleu. Aujourd’hui, je me retrouve avec un canapé vert, je ne vais pas refaire toute la déco…" C’était violent mais je me suis dit qu’il valait mieux partir".

Une écoute et un suivi sur mesure

L’association Trans-Mission a bénéficié d’un bel accueil à Béziers. "J’ai voulu rencontrer le maire, Robert Ménard, pour lui expliquer notre démarche, raconte Delphine Martin et il m’a posé beaucoup de questions. Il a même voulu rencontrer le psychiatre qui nous suit à l’hôpital de Béziers, tout en nous assurant de son aide et je l’en remercie".

Trans-Mission tient, depuis le 16 mars, des permanences tous les samedis, de 14 h à 17 h et sur rendez-vous, à la Maison de la vie associative Daniel-Cordier (2 rue Jeanne-Jugan). Delphine accompagne les femmes trans (hommes qui veulent devenir femmes), Aurélien les hommes trans et Nathalie, une maman qui suit son fils (fille qui veut devenir garçon), est la référente parents.

Ils sont là pour répondre aux questions ou aux angoisses, aiguiller vers des professionnels du monde médical (psy, chirurgiens), démêler les démarches juridiques, etc.

Contact : Delphine, 06 78 73 65 59 ; Aurélien, 06 32 32 97 64 ; trans.mission.beziers@gmail.com.

En ce dimanche 31 mars, Journée internationale de la visibilité transgenre, "on aimerait ne pas être considéré comme des bêtes de foire. Le fait de changer de genre ne fait pas de nous des êtres de moindre qualité. Ce n’est pas un handicap. Au contraire, on a traversé tellement d’épreuves, à la fois physiques et psychologiques…"

Être en accord avec soi-même, ne plus vivre caché pour mieux renaître et vivre enfin pleinement. Tel est le message de Trans-Mission.

Savoir prendre son temps

Dans un rapport remis le 19 mars, des sénateurs Les Républicains aimeraient interdire l’administration de bloqueurs de puberté aux mineurs à qui l’on diagnostique une "dysphorie de genre", un terme médical qui désigne la souffrance entre le genre ressenti et celui assigné à la naissance. En France, depuis 2010, elle n’est plus classée comme "trouble de la personnalité", donc comme trouble psychique.

Ces sénateurs LR, qui aimeraient déposer une proposition de loi, déplorent l’absence d’études scientifiques sur les effets secondaires ou la réversibilité générés par ces médicaments et voudraient interdire, avant 18 ans, la prescription et l’administration d’hormones croisées ou la chirurgie de réassignation sexuelle.

"On n’est pas médecins, donc c’est difficile de se prononcer, estiment Delphine Martin et Aurélien Roques, et de donner un avis sur les bloqueurs d’hormones. À chacun son opinion. Aujourd’hui, une opération n’est pas possible avant 18 ans, sauf accord parental. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut écouter ces jeunes et les accompagner".

"Après, poursuit Delphine, quand on rentre dans le parcours de transition, il ne faut pas être pressé. Il faut prendre le temps de faire les choses bien. C’est un marathon, pas un sprint…"

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