“Un choc d’autorité est nécessaire” : à Lunel, un syndicat Alliance Police Nationale “en mode combat”
|David Leyraud et Fabien Vanhemelryck (au centre), offensifs.
La zone sud du premier syndicat de police tenait son congrès annuel ce jeudi à Lunel. L’occasion, pour le nouveau secrétaire David Leyraud d’appeler à un quadruple réarmement. Détails.
Au pied de la tribune, un policier écoute les discours, le pied engoncé dans une attelle. Il fait partie de l’équipage qui, samedi en gare de Montpellier, a repris l’un des dix étrangers en situation irrégulière qui s’était évadé la veille du centre de rétention administrative de Sète. "Je me suis blessé en courant derrière lui. Ma collègue, elle, a été frappée en pleine face. Nos missions deviennent de plus en plus dangereuses. Les délinquants, les trafiquants sont de plus en plus violents", soupire-t-il.
Au micro, Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, déroule le même constat. Présent ce jeudi 16 mai à Lunel au congrès de la Zone Sud (Occitanie, Paca, Corse, soit 21 départements) pour saluer l’élection de l’Audois David Leyraud au poste de secrétaire zonal, il a ouvert la journée par une minute de silence en hommage aux agents pénitentiaires tués dans l’Eure mardi, ainsi qu’aux deux gendarmes morts en Nouvelle-Calédonie. "Ce contexte de tension est souvent revenu dans nos échanges. Certains élus ne cessent de parler de violences policières à des fins électorales, mais ce ne sont pas les forces de l’ordre qui créent les conditions de violence", commente David Leyraud.
Matériel, effectifs…
Pour autant, les responsables du premier syndicat de police se refusent à toute fatalité. Au contraire. "C’est en congrès offensif, en mode combat, que nous avons tenus aujourd’hui", assure le nouveau secrétaire zonal sud, plus déterminé dans ce contexte à défendre ses collègues. Il réclame "un choc d’autorité, un quadruple réarmement moral, juridique, matériel et d’effectifs", égrène-t-il.
Il n’est pas difficile pour David Leyraud d’argumenter. "Il manque actuellement dix agents au centre de rétention administrative de Sète, quinze dans ceux de Nîmes et Toulouse ; cela explique aussi les nombreuses tentatives d’évasion. Au commissariat de Castres, le sous-effectif est chronique et place les collègues en grande difficulté. À Marseille, c’est un vrai problème d’attractivité, malgré de nombreuses ouvertures de poste. À Nîmes, pour l’instant, cela tient, mais les trafics se mexicanisent (avec de plus en plus de règlements de compte sanglants, NDLR) et nécessite plus de moyens".
"Ce sont les policiers qui tiennent la République"
Les revendications ne sont pas que matérielles. Les policiers évoquent aussi des opérations qui les détournent de leurs missions premières. "On doit souvent réaliser des convois d’étrangers en situation irrégulière vers le tribunal ou la préfecture très chronophages quand l’utilisation de la visio-présentation permettrait de gagner en temps et en sécurité. Les directives européennes contre l’immigration clandestine rendent aussi le contrôle des frontières avec l’Espagne et l’Italie toujours plus complexes pour nos agents", illustre David Leyraud, entre autres exemples, appelant le législateur à se pencher sur ses questions.
Surtout, il appelle à l’État à aller au-delà des mots dans sa politique de choc d’autorité. "Les opérations Place nette, ça nettoie certes un endroit pour quelque temps, mais ça n’arrête pas les trafics de drogue. C’est juste bon à l’approche des JO". Des Jeux, d’ailleurs, qui vont fortement mobiliser les forces de l’ordre… partout. "30 % des effectifs, à Paris, seront des renforts du sud. Mais les délinquants, ici, ne vont pas tous assister à la finale du 110 mètres haies. On va donc devoir tous travailler cet été. La République tiendra mais ce sont les policiers qui tiendront la République", conclut David Leyraud, appelant en échange à être entendu. Une Alliance en mode combat.
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