Villa Bastide, l’Engarran, maison Lazzari… comment télé et cinéma logent leurs héros “dans des lieux qui leur ressemblent” en Occitanie

Villa Bastide, l’Engarran, maison Lazzari… comment télé et cinéma logent leurs héros "dans des lieux qui leur ressemblent" en Occitanie

Le château de l’Engarran est, dans “Monte Cristo”, la demeure de famille de Morcerf, qui trahit Edmond Dantès. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

Des agences spécialisées proposent un catalogue d’offres variées, et des repéreurs traquent le bien qui colle aux personnages. L’un d’eux, Yannick Soscia, également régisseur d'"Un si grand soleil", explique.

"Château datant de l’an 1000, remanié en 1460, reconstruit en partie en 1960, à 30 minutes de Rodez". Superficie, environnement, photos, la forteresse de Muret le Château se dévoile pièce par pièce, sur un des sites les plus sérieux de location de lieux de décors de film, ou de publicité : l’Agence 20 000 lieux annonce "plus de 3 000 références".

On y trouve même le stade Vélodrome à Marseille ! Et ici, une maison à Saint-Pargoire, un bar-restaurant de Collioure, un domaine à Conques-sur-Orbiel, une maison d’architecte à Calstelnau-le-Lez… résidences de fictions, films, téléfilms, séries dans une Occitanie qui cumule plus de 3000 jours de tournage par an, des quotidiennes comme "Demain nous appartient", "Un si grand soleil", "Ici tout commence"… à la superproduction le "Comte de Monte Cristo", blockbuster de l’été tourné notamment au château de l’Engarran à Lavérune, au château d’Aubiry dans les Pyrénées-Orientales, à l’église Notre Dame de l’Assomption de Villeneuvette.

Trouver la maison ou l’appartement qui colle à un personnage de fiction, la question est loin d’être anodine. Dans "Un si grand soleil", la "Villa Bastide", est aussi célèbre que la famille éponyme qui l’habite. Dans la "vraie vie", la demeure contemporaine est la propriété d’un couple d’architectes, Nathalie et Richard Teissier, à Castelnau-le-Lez.

"Chercher au plus près de ce que je veux raconter"

Sur la chaîne concurrente TF1, DNA, "Demain nous appartient", loge aussi ses héros dans des "vraies" maisons et appartements : la “coloc” de Victoire et Georges est dans le Quartier haut de Sète, la “Maison Lazzari” s’installe dans le Domaine Saint-Hilaire de Montagnac, et les Delcourt vivent au bord de l’étang de Thau, dans la zone des Eaux blanches, à Sète encore.

"Je préfère partir d’un terrain inconnu plutôt que passer par une agence, qui vous emmène là où elle le veut. C’est bien pour un shooting photo, une publicité, mais on ne cherche pas toujours la maison moderne toute blanche meublée en Roche-Bobois, ni la maison de rêve des hauts de fontanelles, à Saint-Clément-de-Rivière. On est souvent sur un décor basique", indique Yannick Soscia, régisseur et "repéreur" pour "Un si grand soleil", fort de trente ans d'expérience.

Villa Bastide, l’Engarran, maison Lazzari… comment télé et cinéma logent leurs héros "dans des lieux qui leur ressemblent" en Occitanie

Yannick Soscia, régisseur et repéreur pour “Un si grand soleil” : “Je fais du porte à porte”. DR

La production d'"Un si grand soleil" l’a recruté il y a cinq ans. Il "n’était pas d’ici", et ce n'est pas un handicap : "Dans ce métier, il faut rester curieux", explique le repéreur, qui s’attache à "fixer les personnages dans des lieux qui leur ressemblent et qui correspondent à toutes les classes sociales", "sans trop toucher aux décors, parce que ce qui nous plaît, c’est une patine". De là à dire que les héros de fiction ressemblent aux héros du quotidien…

"Un jour, quelqu’un sonne à ma porte…"

Pour "chercher au plus près" de ce qu’il "veut raconter", Yannick Soscia fait "quasiment du porte à porte" et est "constamment en quête". La pratique est courante. "Un jour, quelqu’un sonne à ma porte, la personne me dit qu’elle cherche un lieu de tournage, et que ma maison peut correspondre", se souvient G., à Assas (Hérault).

Des semaines plus tard, il accueillera un épisode de la série Tandem.

“J’ai loué ma maison pour la série Tandem 1000 euros par jour”

Combien ? Le sujet est tabou. "Entre 500 euros par jour et 1500 euros, mais tout se négocie en fonction du temps de tournage", lâche rapidement Yannick Soscia, qui s’interroge sur "les chiffres fous qui circulent, je ne sais pas d’où ils sortent, on en est loin".

G. vit dans une belle maison contemporaine sur un terrain arboré avec piscine, à Assas.

Il y a deux ans, une équipe de la série Tandem s’est installée chez lui, pour trois jours, négociés 1000 euros par jour, par contrat, et assurance en cas de dommages. Une soixantaine de personnes, techniciens, acteurs et figurants, investissent les lieux, la cantine est dressée sous une tente, dans le jardin. Le salon est la salle de maquillage. Seule, la chambre du propriétaire est privatisée.

Il en sort une petite minute filmée dans l’épisode final, et de très bons souvenirs pour G. : "J’ai sympathisé avec le régisseur, je portais les croissants aux maquilleuses, et Astrid Veillon a été charmante. C’est une expérience intéressante", se souvient l’Héraultais.

"Je me balade, je laisse un courrier dans la boîte aux lettres, avec la référence à France Télévision, il est rare que les gens ne rappellent pas", témoigne Yannick Soscia, qui reçoit aussi des propositions de ceux qui veulent voir leur bien au cinéma ou à la télé. Pour lui, l’Occitanie est un incroyable vivier, du "pavillonnaire au balnéaire, du Cévenol à l’urbain… Je travaille aussi pour le 13h15 de Laurent Delahousse, on a trouvé ici du Paris haussmannien et de l’Alger des années 60 pour le documentaire sur Jacques Vergès !"

Villa Bastide, l’Engarran, maison Lazzari… comment télé et cinéma logent leurs héros "dans des lieux qui leur ressemblent" en Occitanie

Sur le tournage de “Meurtres à Nîmes”, l’hiver dernier, dans les arènes. Midi Libre – Mikael Anisset

Villa Bastide, l’Engarran, maison Lazzari… comment télé et cinéma logent leurs héros "dans des lieux qui leur ressemblent" en Occitanie

Quai Herber, à Sète, le tournage d'”Un si grand soleil”. Midi Libre – VINCENT ANDORRA

Villa Bastide, l’Engarran, maison Lazzari… comment télé et cinéma logent leurs héros "dans des lieux qui leur ressemblent" en Occitanie

“Le comte de Monte Cristo”, tourné au château de l’Engarran, à Lavérune, vient de passer la barre des six millions d’entrées. Le château, une propriété viticole, est ouvert à la visite tout l’été. Midi Libre – JEAN-MICHEL MART

"Il faut un minimum de mètres carrés pour intégrer une équipe, et un minimum d’accessibilité. L’appartement au quatrième étage sans ascenseur, ça ne marche pas". "Le propriétaire trop maniaque" non plus. Si intérieurs et extérieurs seront remis en état d’origine, ils peuvent être bouleversés le temps d’un film. Jamais autant qu’on ne l’imagine : "On évite de remeubler un lieu, l’idéal est de ne changer qu’un cadre photo. Mais si Luc Besson veut repeindre un mur en rose…"

Je m’abonne pour lire la suite

Add a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

(function(d,s){d.getElementById("licnt2061").src= "https://counter.yadro.ru/hit?t44.6;r"+escape(d.referrer)+ ((typeof(s)=="undefined")?"":";s"+s.width+"*"+s.height+"*"+ (s.colorDepth?s.colorDepth:s.pixelDepth))+";u"+escape(d.URL)+ ";h"+escape(d.title.substring(0,150))+";"+Math.random()}) (document,screen)